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La conquête politique est semée d’embûches, l’ancienne journaliste Audrey Pulvar doit en prendre conscience plus que jamais, ces derniers temps. L’adjointe d’Anne Hidalgo, candidate à la présidence de la région Île-de-France sur la liste du Parti socialiste, accumule les déconvenues médiatiques.
D’abord, ses propos recueillis par Apolline de Malherbe, le 28 mars dernier, sur BFM TV, au sujet des réunions dites en « non-mixité », ont rencontré un écho auquel son auteur ne s’attendait pas. À propos de réunions qui réuniraient notamment des personnes métisses ou noires désireuses d’échanger autour de problématiques de discriminations qu’elles subissent, la présence de toute personne blanche demeure possible à condition que celle-ci, selon Audrey Pulvar, « se taise ou laisse parler les personnes les plus concernées ». Ses propos ont été rapidement et vivement contestés par les figures politiques opposantes au PS. Dans son camp, les soutiens ont été plus que timides. Comment aurait-il pu en être autrement à la suite d’un discours si clivant pour une candidate qui souhaite rassembler ses pairs ?
Ensuite, la défense de Pulvar n’a pas pleinement convaincu. Dans une tribune au Monde, la candidate socialiste a tenté une justification sémantique autour du verbe « se taire » : « J’ai utilisé le verbe “se taire”, parce que c’est généralement ce que l’on fait, quand on veut réellement écouter l’autre, avant ensuite de prendre la parole… […] D’aucuns y ont vu une forme de sommation au silence. À tort. » Peu convaincant, tout de même. Comment aurait-on pu l’interpréter autrement quand on sait qu’une des acceptions du verbe « se taire » est bien « s’abstenir d’exprimer une opinion » ou encore « garder le silence ».
Pour ceux qui y ont vu une injonction au silence, cela n’a rien de choquant, et ce, sans vouloir polémiquer. On touche le deuxième axe de la ligne de défense d’Audrey Pulvar qui se pose – implicitement – en victime, des « polémistes de réseaux ». Quelle posture bien ironique pour une ancienne chroniqueuse, de l’émission « On n’est pas couché », habituée aux controverses relayées par les réseaux sociaux.
Puis vient la question des revenus de l’ancienne journaliste. À présent femme politique, Audrey Pulvar a récemment publié sa déclaration d’intérêts à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Si ses revenus d’ancienne journaliste-présentatrice ou de consultante paraissent conséquents (à la hauteur, manifestement, de son aura médiatique), ses rétributions pour ses engagements associatifs peuvent interpeller : la création d’une école de commerce, dédiée à la transition écologique, dont Audrey Pulvar est la cofondatrice et également présidente du comité scientifique, lui a rapporté, l’année dernière, la somme de 42.000 euros. En 2019, la candidate socialiste lance une association en faveur du développement de l’écologie solidaire en Afrique ; en tant que directrice de la structure, elle récolte alors 4.000 euros par mois. L’engagement associatif est bien lucratif dans l’univers Pulvar. Une incohérence de plus dans les débuts de la femme politique.
Car il ne suffit pas de se réclamer comme « résolument de gauche, fièrement de gauche, exclusivement de gauche » pour être un digne représentant du peuple, il convient d’incarner cette fonction avec plus d’humilité et moins d’ego. Les récents sondages révèlent, d’ailleurs, que la liste d’Audrey Pulvar est bien loin d’être favorite. Preuve que les Franciliens ne sont pas tout à fait dupes.
Mickaël Kharti, Boulevard Voltaire