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++ WEBTUBE : Paul Cliteur est un philosophe du droit néerlandais, auteur de nombreux ouvrages. Il a été le chef de file des élus du Forum voor Democratie au Sénat (Forum pour la Démocratie). Lionel Baland l’a rencontré et interrogé pour Breizh-info. La suite ci-dessous :
Breizh-info : Êtes-vous toujours membre du parti politique de Thierry Baudet ?
Paul Cliteur : Oui, je soutiens le Forum voor Democratie.
Breizh-info : La situation politique aux Pays-Bas est compliquée, alors que les élections législatives doivent avoir lieu le mercredi 22 novembre 2023. En effet, les résultats des sondages évoluent fortement au fil du temps. Pieter Omtzigt et son parti, le Nieuw Sociaal Contract (Nouveau contrat social), ont le vent en poupe. Auparavant, le parti des agriculteurs BoerBurgerBeweging (Mouvement citoyen agricole – BBB) a été en première position, … Comment expliquez-vous que le système politique soit devenu instable et que les électeurs changent si souvent et si vite d’avis ?
Paul Cliteur : Fondamentalement, je n’en sais rien. Il s’agit d’un grand mystère. En fait, le système est stable, mais les électeurs ne savent pas ce qu’ils veulent. En 2019, le Forum voor Democratie, sorti de rien, est devenu le premier parti des Pays-Bas lors du scrutin provincial. En 2023, le parti des agriculteurs a gagné ces élections. Maintenant, Pieter Omtzigt voit sa formation politique être donnée première dans les intentions de vote pour les législatives. Les électeurs semblent être à la dérive et ne pas avoir d’ancrage. Nous verrons ce que les résultats du scrutin nous indiqueront. Mais ce qui m’inquiète est que la formation d’un gouvernement sera difficile, aussi pour des partis qualifiés de « centre droit » ou de « droite ». Le PVV de Geert Wilders glisse vers le centre et le seul parti d’opposition présenté comme étant « de droite » est le Forum voor Democratie. Les sondages nous donnent 5 sièges de députés sur 150, mais nous espérons en obtenir plus.
Breizh-info : Comment expliquez-vous que la Chambre des députés compte quatre partis patriotiques : PVV, Forum voor Democratie, JA21, BVNL.
Paul Cliteur : Des figures charismatiques apparaissent au fil du temps : Thierry Baudet du Forum voor Democratie, puis Caroline van der Plas du parti des agriculteurs BBB, puis Pieter Omtzigt et son Nieuw Sociaal Contract. Les gens investissent énormément de confiance en ces personnes spécifiques et ces partis deviennent grands. Ensuite, les individus élus, les cadres et les dirigeants de ces formations politiques se disputent.
Les démocrates-chrétiens du CDA se sont évaporés. Nous avons désormais trois partis de ce type : les anciens démocrates-chrétiens du CDA, les nouveaux démocrates-chrétiens du BBB des agriculteurs et la nouvelle marque NSC de Pieter Omtzigt. De plus, nous voyons que les sociaux-démocrates du PvdA et les écologistes de GroenLinks se sont coalisés. La situation est très confuse. Mais, le débat politique et culturel porte maintenant sur l’idéologie du genre, le multiculturalisme et l’immigration. Mon parti, le Forum voor Democratie, prend des positions fermes à ce propos. Par exemple, pas d’opérations corporelles de changement de sexe sur des mineurs jusqu’à l’âge de 18 ans et pas d’immigration. Les Pays-Bas sont un petit pays surpeuplé et nous ne pouvons pas nous permettre de recevoir encore des immigrés. Les choses doivent changer en ce domaine. Cela constitue notre position.
Breizh-info : Comment l’immigration peut-elle être stoppée ? En Italie, le gouvernement essaye mais n’y arrive pas.
Paul Cliteur : Nous devons rétablir les frontières. En Europe, nous avons des confins ouverts. Si des immigrants d’Afrique de l’Ouest rejoignent en barque les îles Canaries, ils sont à l’intérieur de l’Union européenne et peuvent se rendre à Barcelone, puis partout en Europe. Nous sommes tous dépendants du fait que l’Union européenne doit décourager l’immigration illégale. Mais cette institution ne le réalise pas ou ne le désire pas. Ce n’est pas clair. Mais, au sein du Forum voor Democratie, nous pensons que l’État-nation doit jouer un rôle dans ce domaine et a une responsabilité dans le respect des frontières. Prévenir les attaques terroristes était aussi possible en contrôlant ces dernières.
Breizh-info : Vous êtes contre l’Union européenne. Désirez-vous que les Pays-Bas quittent celle-ci.
Paul Cliteur : Si les choses ne changent pas, cela pourra être une option. Nous sommes modelés par l’Union européenne depuis longtemps. Celle-ci doit accorder plus de souveraineté aux États-nations et nous voyons qu’elle ne le fait pas. D’autres institutions, comme le Conseil de l’Europe, sont très bien et sont basées sur des coopérations intergouvernementales. L’Union européenne est avide de pouvoir et vole la souveraineté des États-nations et cela doit, à un moment donné, être arrêté. Nous sommes aussi critiques envers les valeurs et les normes que l’Union européenne tente d’exporter, comme le multiculturalisme qui est un instrument pour tenter de miner l’idée [française] de République, de souveraineté nationale et de Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Ce qu’ils appellent « l’Europe » doit être stoppé car cela va dans la mauvaise direction.
Breizh-info : Pensez-vous que, si les Pays-Bas disposent d’un droit de veto, ils peuvent appartenir à des institutions internationales ?
Paul Cliteur : Oui, bien sûr. Vous devez coopérer avec les autres au sein d’organisations européennes et internationales, mais vous devez aussi maintenir votre souveraineté et votre identité nationale – vos normes et valeurs. Les Pays-Bas ont été plus loin que d’autres pays, comme l’Allemagne, en matière d’abandon de leur souveraineté. Les décisions de l’Union européenne influent très fortement sur la manière dont nous, la société néerlandaise, pouvons organiser notre manière de vivre. Les membres néerlandais du Parlement ne sont plus assis dans le cockpit. Ils n’ont plus rien à dire. En un sens, l’élection des parlementaires néerlandais est une honte car ils n’ont pas de pouvoir. Vous voyez dans la presse des photos du dirigeant du Forum économique mondial Klaus Schwab parlant avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte. Ce dernier déclare au Parlement s’être rendu à Davos, y avoir assisté à telle ou telle conférence et que nous allons faire ceci et cela. Les parlementaires néerlandais laissent cette situation advenir. En conséquence, l’État de droit et la démocratie sont minés. Le Forum économique mondial n’est même pas une institution européenne, mais a débuté en tant que groupe privé de discussion. Il dispose maintenant de beaucoup de pouvoir.
Breizh-info : Vous avez été, autrefois, membre du Parti pour les animaux (Partij voor de Dieren).
Paul Cliteur : Oui, mais il y a longtemps. J’étais impressionné par le travail de Peter Singer qui est un activiste australien pour les droits des animaux. Je me suis dit que nous ne traitons pas ces êtres vivants de la manière dont nous devons le faire. J’ai de la sympathie pour les droits des animaux, mais je ne suis pas en faveur de ce qu’est ce Parti pour les animaux qui siège au Parlement néerlandais et qui est devenu d’extrême-gauche. J’ai fait défection. Je pense que les questions traitées actuellement par le Forum voor Democratie sont plus importantes que le droit des animaux. Le plus crucial à mes yeux en ce moment est de maintenir la souveraineté nationale. Je crois au règne des États-nations. Ils sont, à peu près, 200 dans le monde et je pense que ceux-ci doivent rester intacts. Nous n’avons pas de meilleure solution que l’État-nation. Tous les genres d’organisations internationales qui détruisent ces États-nations, qui les minent, qui leur volent leur souveraineté, qui les infectent avec des fausses conceptions d’identité politique, de multiculturalisme, d’idéologie woke, … ne sont pas très bon. Nous devons combattre ces idées.
Breizh-info : Comment expliquez-vous que plusieurs politiciens néerlandais de haut rang quittent leur activité.
Paul Cliteur : Des rumeurs prétendent qu’ils n’ont plus confiance en ce qui adviendra. D’autres affirment qu’ils craignent que des actions soient entreprises contre eux pour toutes les fautes et les erreurs qu’ils ont commises. Je ne sais pas, mais de nouveaux politiciens débutent leur carrière. Le Premier ministre libéral de droite Mark Rutte et le vice-Premier ministre libéral de gauche Madame Sigrid Kaag partent, mais ils retrouveront sans problème une fonction au niveau européen ou international.
Propos recueillis par Lionel Baland
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