. Henri Guaino (A la septième fois, les murailles tombèrent) : « La haine de soi débouche toujours sur la haine de l’autre »

Articles     : Nov. 2023Oct. 2023Sept 2023Aout 2023 – Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews

++ WEBTUBE : Henri Guaino fut l’un des artisans, en 1992, de la campagne du « non » au traité de Maastricht aux côtés de Charles Pasqua et de Philippe Séguin, et l’inspirateur de la campagne de Jacques Chirac sur la fracture sociale en 1995. Il a été commissaire général au Plan, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l’Élysée et député.Il vient de rédiger un livre intitulé A la septième fois, les murailles tombèrent. Paru aux éditions du Rocher, et présenté ainsi (voir article ci-dessous)

L’article :

Henri Guaino fut l’un des artisans, en 1992, de la campagne du « non » au traité de Maastricht aux côtés de Charles Pasqua et de Philippe Séguin, et l’inspirateur de la campagne de Jacques Chirac sur la fracture sociale en 1995. Il a été commissaire général au Plan, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l’Élysée et député.

Il vient de rédiger un livre intitulé A la septième fois, les murailles tombèrent. Paru aux éditions du Rocher, et présenté ainsi :

« Nous pensons et agissons collectivement comme si notre société était invulnérable. Au cours des dernières décennies, nous avons affronté bien des crises et nous nous sommes fait peur si souvent‚ sans que cela ait eu l’air d’avoir des conséquences durables et profondes. Alors nous avons fini par nous convaincre que les effondrements, qui ont plongé dans le malheur les générations d’avant, ne pouvaient plus nous arriver ; que nos démocraties étaient si parfaites, notre science tellement avancée, que la machinerie si complexe, si sophistiquée, si bien agencée, de nos sociétés modernes bureaucratisées, judiciarisées, numérisées, dotées de tant de garde-fous, ne pouvait plus se dérégler et sombrer dans le chaos où se sont perdues avant nous tant de grandes civilisations jusqu’au XXe siècle. Nous restons persuadés que nous sommes tellement évolués, éduqués, civilisés que nous avons édifié en nous-mêmes des digues si solides‚ que l’éternelle sauvagerie résidant en l’homme ne viendra plus jamais nous entraîner sur des pentes fatales. Alors‚ nous avons baissé la garde devant les menaces, qui‚ depuis toujours‚ pèsent sur l’humanité et viennent de notre nature même‚ et de nos instincts qui ne changent pas. L’humanité, celle des autres et la nôtre, ne commence pas par nous. »

Les fondations des murailles institutionnelles, culturelles, morales, juridiques, que nos sociétés ont élevées‚ ne sont-elles pas aussi fragiles que celles des murailles de Jéricho ? Et ne nous comportons-nous pas comme ses habitants et leur roi qui, à l’abri derrière leurs murs d’apparence inébranlables, riaient des trompettes de Josué ? Six jours de suite, elles sonnèrent sans ébranler les murailles. Le septième jour, les murailles tombèrent. Et si nous étions déjà au soir du sixième jour ?

Nous avons interrogé Henri Guaino, pour évoquer son ouvrage, lui qui a été impliqué au premier plan dans la vie politique et qui témoigne ici de la déliquescence totale, et peut être fatale, de notre société.

Breizh-info.com : Tout d’abord, que devenez-vous ?

Henri Guaino : Je fais un grand effort sur moi-même pour ne pas dire « à quoi bon » devant les désordres du monde et la violence qui monte de partout après tant d’efforts faits en vain pour éveiller les consciences.

Breizh-info.com : Dans quelle mesure votre expérience en tant que conseiller de Nicolas Sarkozy a-t-elle influencé les idées ou les récits présentés dans ce livre ?

Henri Guaino : C’est tout ce que j’ai pu observer et même vivre, qui n’a pas commencé en 2007, à l’intérieur du pouvoir et en dehors, dans la politique, dans l’Etat et dans ce que l’on appelle « la société civile », qui a nourri ce livre qui est un diagnostic sur ce que nous n’aurions pas dû faire, que nous ne devrions plus faire et que nous continuons à faire. Je dis « nous » parce que, comme toujours, le malaise dans la civilisation procède d’une responsabilité collective, celle des responsables politiques et celle due à l’indifférence des citoyens, à notre penchant humain, trop humain, à ne pas vouloir voir ce qui nous dérange, à occulter les signes avant-coureurs des catastrophes que bien souvent nous déclenchons nous-mêmes. « De loin, le Mont Blanc, nous le voyons, à son pied, nous ne le voyons pas », dit Michelet à propos de la Révolution que plus personne ne voyait venir. Penchant aggravé par cette idée ou plutôt cette croyance de plus en plus répandue, selon laquelle la nature humaine aurait changé, au point que nous serions tellement meilleurs, tellement plus intelligents que ceux qui nous ont précédés que nous ne pourrions plus commettre les mêmes fautes, les mêmes crimes et que, par conséquent, nous n’aurions plus aucune leçon à tirer du passé.

Breizh-info.com : A la septième fois, les murailles tombèrent. Pouvez vous revenir sur l’origine de votre titre ?

Henri Guaino : C’est le titre du poème que Victor Hugo consacre dans Les Châtiments à l’épisode biblique des trompettes de Jericho. Six jours durant le Roi et la population de Jericho se moquent de Josué et de ses trompettes dont ils ne peuvent pas imaginer un seul instant qu’elles puissent abattre leurs solides murailles. Le sixième jour, le Roi rit encore sur sa tour de granit. Le septième les murailles tombèrent. C’est une allégorie de ce qui nous arrive: les murailles de notre civilisation, de notre culture, de notre science, de nos institutions, de notre intelligence sont si solides qu’elles nous mettent à l’abris des malheurs du passé; tellement solides que nous ne les avons cessé de les entretenir, que tous les coups portés contre elles nous paraissaient incapables de les ébranler. « Cela ne peut plus nous arriver !» c’était devenu, c’est encore, la devise de ces dernières décennies où tout a fini par basculer. Et le Roi rit encore sur sa tour de granit. Jusqu‘à quand?

Breizh-info.com : Vous avez évoqué dans le passé que « Petit à petit, notre État s’effondre ». N’assiste-t-on pas ces dernières années à une accélération presque sidérante de l’Histoire, mais aussi de l’effondrement d’une Civilisation ?

Henri Guaino : L’effondrement de nos sociétés occidentales, de leurs formes de civilité, de la démocratie, nous en prenons le chemin avec l’irrésistible remontée de la violence qui n’en est qu’à ses débuts si nous n’arrivons pas à inverser le cours des choses. Les sociétés trop divisées finissent toujours par tenter de restaurer leur unité par la violence. J’emprunte cette phrase à René Girard. Notre civilisation s’effondrera-t-elle? Peut être, au moins temporairement. Disparaîtra-t-elle? Ce n’est pas l’issue la plus probable. Comme le dit Braudel, les civilisations sont les personnages de l’histoire qui ont la plus grande longévité. On en efface rarement l’empreinte profonde. Ne vivons-nous pas le brutal retour du refoulé de tant de grandes et vieilles civilisations que l’on croyait disparues parce que notre modernité ne s’intéressait plus à ce qui dans l’homme ne se voit pas mais joue pourtant, plus ou moins consciemment, un grand rôle dans ses comportements. Je crois que le grand problème qui est devant nous n’est pas tant le risque de la mort de notre civilisation qui en a vu d’autres, comme disait De Gaulle en parlant de la France, mais le prix de violence, de douleurs, de chaos qu’il faudra peut-être payer pour qu’elle survive. Après tout, elle a bien résisté au nazisme et au stalinisme, mais à quel prix?

Breizh-info.com : La guerre fait son retour fracassant, y compris en Europe. Pourtant, les dirigeants occidentaux semblent parfois sortis d’un épisode des Bisounours. Comment expliquez-vous une telle médiocrité du monde politique actuelle, et surtout, une telle absence de vision à long terme, absence que n’ont pas , pour ne citer qu’eux, les Chinois ou les Indiens ?

Henri Guaino : Ce n’est pas la première fois dans l’histoire. Il est vain de chercher une théorie pour expliquer pourquoi il y a des moments de ce genre. Mais le constat est exact: dans tout l’occident on peine aujourd’hui à distinguer quelques figures à la hauteur des circonstances. Une chose est sûre, aujourd’hui comme hier, les peuples ont les responsables politiques et les politiques qu’ils méritent, soit parce qu’ils les ont voulus, soit parce qu’ils ont laissé faire, soit parce qu’ils se sont désintéressés de la chose publique, jusqu’au jour où ils finissent par constater que s’ils ne s’intéressent pas à la politique, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, la politique, de toutes les façons finit par s’intéresser à eux et dans ce cas souvent pour le pire. Et là encore nous risquons de payer cher cette idée que la guerre ne pouvait plus nous arriver. Comme d’ailleurs les catastrophes financières, les pandémies, les guerres civiles, les guerres de religion… Il faut bien voir qu’à la fin de la guerre froide presque toutes les élites occidentales politiques, intellectuelles, économiques se sont ralliées à l’idéologie de la fin de l’histoire. Ce qui voulait dire que le tragique n’avait plus sa place dans la pensée occidentale. Elle a été remplacée par une sorte de manichéisme moral qui ramenait tout à l’affrontement du bien et du mal et à la bonne conscience du camp du bien et du cercle de la raison. Et comme tout le monde est convaincu que son camp est le camp du bien il n’y a plus de dilemme tragique, plus de cas de conscience. Mais quand il n’y a plus que des bonnes consciences qui s’affrontent, il n’y a plus de politique et plus de pensée. Et cette négation du tragique vire non à la paix dans la soi-disant fin de l’histoire mais à la guerre de tous contre tous, dans le monde et dans la société.

Nous payons le prix de la superficialité intellectuelle et morale de la politique, en même temps que de l’éclipse des grands caractères qui n’ont pas leur place dans la fin de l’histoire qui débouche fatalement sur la dépolitisation de la société et de l’économie et qui confie les destinées des peuples à la main invisible des marchés, à l’Etat de droit, aux juridictions et aux autorités indépendantes. C’est ce qui c’est passé. On n’a pas fini d’en payer les conséquences.

Breizh-info.com : Endossez vous une part de responsabilité dans l’effondrement que vous décrivez, vous et votre famille politique ? La diabolisation de ceux qui énonçaient pourtant des vérités et des prédictions aujourd’hui confirmées, comme Jean-Marie Le Pen, et l’aveuglement par obsession antiraciste notamment, n’ont-t-ils pas fait perdre un temps fou ?

Henri Guaino : Je prends ma part de responsabilité parce que ma conviction est que la responsabilité est collective. Durant les quarante ans où je n’ai cessé, au dedans et en dehors du pouvoir de plaider la même chose je n’ai pas su trouver les voies et les moyens de convaincre assez de gens pour infléchir le cours de l’histoire. Mais personne n’y est parvenu. Il est vrai que la diabolisation en politique a été largement pratiquée et que beaucoup de débats ont été interdits. Ce n’était pas nouveau mais comme toujours c’était la meilleure façon de préparer le pire et peut être sommes-nous en train de l’entrevoir. S’agissant de l’anti racisme, ce n’est pas son obsession qui est en cause mais son dévoiement qui le banalise et qui finit par déboucher sur le racialisme. C’est une dérive qui s’accentue depuis les années 70 et qu’à cette époque, même Levi-Strauss qui en avait été la victime avait dénoncée. Pour aboutir aujourd’hui à la lettre que les autorités californiennes ont adressée aux enseignants des collèges et qui met des mots sur une idée qui devient très prégnante même de ce côté-ci de l ‘Atlantique: « si vous pensez que vous n’êtes pas raciste, c’est que vous êtes raciste. »

Breizh-info.com : Une civilisation menacée de l’extérieur (immigration, islamisme, concurrence économique puissante, vassalisation) peut-elle prétendre survivre et se développer, si elle se suicide également de l’intérieur (notamment du fait du wokisme et de tous les changements sociétaux qu’il induit) ?

Henri Guaino : C’est l’un des grands problèmes aujourd’hui de l’Occident en tant que civilisation qui entend donner des leçons au monde entier tout en se laissant aller à la haine de soi portée par une multitude de minorités agissantes qu’on laisse prospérer quand on ne les encourage pas. C’est l’une des entreprises de déconstructions des murailles qui sont censées endiguer la sauvagerie de l’Homme. Car la haine de soi débouche toujours sur la haine de l’autre.

Breizh-info.com : En 2018, vous aviez mentionné une « réminiscence des années 1930 » en politique. Pensez-vous que cette perspective est toujours d’actualité aujourd’hui ?

Henri Guaino : Oui, de plus en plus, même si les dangers n’ont pas les mêmes visages et les mêmes noms. Nous ne sommes pas à l’abri du déchainement de souffrances, de barbarie et de violence qu’a connues l’Europe au débouché de la crise de civilisation des années trente.

Breizh-info.com : Pour rester dans les années 30  et pour paraphraser Lénine, « Que faire ?» alors, pour ne pas disparaitre dans la barbarie et la dissolution civilisationnelle ?

Henri Guaino : D’abord prendre conscience du risque, reconnaître que si nous sommes capables du meilleur, notre nature nous rend aussi capable du pire, retrouver les sens du tragique de l’histoire et de la condition humaine et en tirer les conséquences en redonnant à la politique les moyens d’être l’expression de la volonté humaine dans l’histoire.

Comme toujours, tout commence par la réforme intellectuelle et morale. Les imbéciles diront que ce ne sont que des mots creux. Mais les imbéciles sont souvent les artisans des grandes catastrophes.

Propos recueillis par YV

Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée.

Quand Josué rêveur, la tête aux cieux dressée,
Suivi des siens, marchait, et, prophète irrité,
Sonnait de la trompette autour de la cité,
Au premier tour qu’il fit, le roi se mit à rire ;
Au second tour, riant toujours, il lui fit dire :
« Crois-tu donc renverser ma ville avec du vent ? »
A la troisième fois l’arche allait en avant,
Puis les trompettes, puis toute l’armée en marche,
Et les petits enfants venaient cracher sur l’arche,
Et, soufflant dans leur trompe, imitaient le clairon ;
Au quatrième tour, bravant les fils d’Aaron,
Entre les vieux créneaux tout brunis par la rouille,
Les femmes s’asseyaient en filant leur quenouille,
Et se moquaient, jetant des pierres aux hébreux ;
A la cinquième fois, sur ces murs ténébreux,
Aveugles et boiteux vinrent, et leurs huées
Raillaient le noir clairon sonnant sous les nuées
A la sixième fois, sur sa tour de granit
Si haute qu’au sommet l’aigle faisait son nid,
Si dure que l’éclair l’eût en vain foudroyée,
Le roi revint, riant à gorge déployée,
Et cria : « Ces hébreux sont bons musiciens ! »
Autour du roi joyeux riaient tous les anciens
Qui le soir sont assis au temple, et délibèrent.

A la septième fois, les murailles tombèrent.

19 mars 1853. Jersey.

Victor Hugo
Les Châtiments – Livre septiième

 Breizh-info.com

. Rencontre avec Alejandro Monteverde, réalisateur de « Sound of freedom »

Articles     : Nov. 2023Oct. 2023Sept 2023Aout 2023 – Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews

++ WERBTUBE : Sound of Freedom, malgré une véritable cabale contre lui (venant manifestement de journalistes qui n’ont pas vu le film) a désormais rapporté plus au box-office national américain que les suites à gros budget des franchises Indiana Jones et Mission : Impossible. Selon Deadline, le film a rapporté 174 millions de dollars aux États-Unis depuis sa sortie le 4 juillet. C’est plus que les 172,9 millions de dollars d’Indiana Jones et le cadran du destin (sorti le 30 juin) et que Mission : Impossible – Dead Reckoning Part One de 160,8 millions de dollars (sorti le 12 juillet). À titre de comparaison, Variety a indiqué que le budget de Sound of Freedom était d’environ 14,5 millions de dollars, alors que Dead Reckoning et Dial of Destiny ont coûté près de 300 millions de dollars chacun, avant une estimation de 100 millions de dollars pour le marketing.Reste à voir maintenant quels seront les scores en France, lors de sa sortie.

L’article :

Une partie de l’équipe du film « Sound of freedom » était en France, cette semaine, alors que le film qui a cartonné aux Etats-Unis contre vents et marées était projeté en avant première dans plusieurs salles, avant sa sortie officielle en France le 15 novembre 2023. Nous en avons profité pour rencontrer et interviewer le réalisateur, Alejandro Monteverde.

Un réalisateur indépendant d’Hollywood, qui lui a tourné le dos comme ce fût le cas en son temps pour Mel Gibson, alors que le film traite pourtant d’un sujet qui devrait sensibiliser n’importe quel être humain sur cette planète : la traite d’enfants à travers le monde, à travers l’adaptation d’une histoire vraie, celle d’un ancien agent fédéral américain qui se lance dans une opération de sauvetage au péril de sa vie, pour libérer des centaines d’enfants prisonniers de trafiquants sexuels.

Sound of Freedom, malgré une véritable cabale contre lui (venant manifestement de journalistes qui n’ont pas vu le film) a désormais rapporté plus au box-office national américain que les suites à gros budget des franchises Indiana Jones et Mission : Impossible. Selon Deadline, le film a rapporté 174 millions de dollars aux États-Unis depuis sa sortie le 4 juillet. C’est plus que les 172,9 millions de dollars d’Indiana Jones et le cadran du destin (sorti le 30 juin) et que Mission : Impossible – Dead Reckoning Part One de 160,8 millions de dollars (sorti le 12 juillet). À titre de comparaison, Variety a indiqué que le budget de Sound of Freedom était d’environ 14,5 millions de dollars, alors que Dead Reckoning et Dial of Destiny ont coûté près de 300 millions de dollars chacun, avant une estimation de 100 millions de dollars pour le marketing.

Reste à voir maintenant quels seront les scores en France, lors de sa sortie.

En attendant, nous vous proposons un entretien exclusif avec Alejandro Monteverde à découvrir ci-dessous :

Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs, et nous parler des origines de « Sound of Freedom » . Pourquoi avez vous réalisé ce film ?

Alejandro Monteverde : Je suis scénariste et réalisateur de Sound of Freedom. Ce film était un appel pour moi. Dans ma carrière il y a deux types de films : ceux que je veux faire et ce que je suis appelé à faire. Je ne me suis pas réveillé un matin en me disant « tiens je vais faire un film sur la traite d’enfants, sur ces atrocités ». C’était un appel que j’ai ressenti au plus profond de mon coeur lorsque j’ai vu un reportage sur ce sujet en 2016.

J’ai tout de suite eu envie de faire un film.  J’ai écrit une fiction, pendant quelques mois. Puis dans le cadre de nos recherches, j’ai rencontré Tim Ballard, ancien agent fédéral américain qui travaillait sur la question de la pédocriminalité. Durant notre rencontre, je me suis rendu compte que l’histoire de sa vie était plus intéressante que ma fiction. Nous avons changé de cap, et tout repris de zéro pour la raconter.

Breizh-info.com : Comment avez-vous préparé la réalisation d’un film aussi chargé, dur émotionnellement de par sa thématique ?

Alejandro Monteverde : Le plus grand défi était de faire un film que les gens aient envie de voir. Un film divertissant malgré le côté très sombre. Un film qui propose une expérience visuelle que les gens pourraient digérer. Je me suis dit que si ce film était un peu réalisé comme un spectacle de Broadway, les gens se sentiraient en sécurité. Ils ne se diraient pas qu’ils risqueraient d’être traumatisés. Ce film est une sorte d’Odyssée dans les côtés les plus sombres de l’humanité, de la criminalité, mais je rappelle en permanence aux spectateurs qu’ils sont en train de voir un film, qu’ils sont en sécurité. Le film est un véhicule d’espoir dans cette odyssée à travers les ténèbres.

C’était l’objectif et ça m’a beaucoup aidé personnellement. Car quand on fait un film comme celui ci on se penche sur des choses très sombres et j’avais peut-être peur de tomber dans un abîme dont je ne pourrais pas ressortir. Au début j’étais déprimé en me penchant sur ce côté très sombre, c’était difficile. Mais j’ai vu aussi qu’il y avait beaucoup d’espoir, de bonté, de lumière, dans l’humanité.

Breizh-info.com : Qu’est ce qui vous a amené à choisir le célèbre acteur Jim Caviezel pour incarner le personnage principal de votre film ?

Alejandro Monteverde : Une partie importante du processus de réalisation est le casting. Très top, puisque c’était un biopic, je me suis dis que l’acteur devait ressembler à Tim Ballard, mais je voulais aussi qu’il ait cette profondeur suffisante pour exprimer toute la souffrance que ressent le personnage dans le film. J’ai proposé ce rôle à différentes personnes qui avaient un profil similaire physiquement. Mais en raison du sujet et du caractère indépendant du film j’ai essuyé beaucoup de refus. Je n’avais pas pensé au départ à Jim Caviezel. Il ne ressemble pas à Tim Ballard physiquement, il est grand, les cheveux noirs. Mais je suis un grand fan de son travail, notamment de celui qu’il a fait dans la Passion du Christ par exemple. Mais je ne peux pas m’accorder le crédit d’avoir choisi Jim Caviezel, c’est le film qui l’a choisi. La première fois que je l’ai rencontré, il avait les cheveux noirs, une grosse barbe, mais je me suis rendu compte que le sujet était très personnel pour lui.

Il a adopté trois enfants en Chine, il connaissait très bien le sujet, il avait des convictions profondes, ça valait tout l’or du monde pour un réalisateur. La première question que je lui ai posée est : « Est-ce que je peux te couper les cheveux et les teindre en blond ? ». Il m’a répondu oui, on l’a fait, le lendemain on l’a mis à côté de Tim Ballard. La ressemblance était frappante, même ses yeux bleus.

Breizh-info.com : Aux USA, notamment à Hollywood, mais aussi dans la presse mainstream, Sound of freedom a été vilipendé, critiqué, presque banni. C’est la même chose en France. Comment expliquez-vous cela ? Comment est-ce qu’on le vit en tant que réalisateur d’un film certes dramatique, certes traitant d’un sujet particulièrement sensible, mais qui n’a rien à voir avec beaucoup de choses qui ont été écrites sur lui ? 

Alejandro Monteverde : Je pense que le danger c’est l’opinion collective. Aujourd’hui les médias n’ont plus leur propre opinion. On peut coller une étiquette sur quelqu’un, c’est la pire chose que l’on puisse faire en tant qu’être humain à un film, d’autant plus lorsque ces étiquettes ne sont pas correctes ni justes.

Au début ça m’a brisé le coeur, j’ai pris mes distances, puis je me suis rendu compte que le public est venu à la défense de ce film. Les spectateurs ont défendu le film contre les attaques. Ils ont incité à aller le voir. Ils ont fait marcher le bouche à oreilles, et on arrive à plus de 30 millions de personnes qui l’ont vu. Plus les médias ont cherché à attaquer ce film, plus les gens ont voulu aider, agir, faire quelque chose.

Il y a eu beaucoup d’accusations, d’attaques injustes. Ce film n’appartient pas à un groupe politique plus qu’à un autre. La lutte contre la pédocriminalité, sujet du film, devrait nous réunir en tant que communauté internationale, en tant que genre humain. Ce n’est qu’un film, qu’une fiction sur la base d’une histoire vraie. J’avais une motivation très pure quand j’ai réalisé ce film, je voulais simplement créer ce dialogue qu’il est important d’avoir.

J’espère que ce qui s’est passé aux USA se passera en France, à savoir que les gens iront voir massivement le film. Libérés de tous préjugés. Et qu’on verra de plus en plus de gens aller le voir. On a commencé petit au Brésil, ça s’est développé. Puis aux USA, dans 1500 cinémas pour au final plus de 3000. Je pense que c’est ça qui est agréable. A l’avant-première à Paris, les réactions étaient extraordinaires.

Selon les sondages aux USA, ce film transcende les étiquettes politiques. Il y a des libéraux, des conservateurs, et beaucoup de migrants hispaniques qui ont vu le film. Je viens du Mexique, un pays sans beaucoup de ressources, ni de sécurité. On a pas de données sur la maltraitance des enfants aux USA contrairement aux USA où nous avons ces informations.

Je pose la question suivante : pourquoi aimez-vous tant la politique américaine ? Moi ce qui m’intéresse pour vous c’est ce qui se passe en France. Combien d’enfants abusés, maltraités chaque année ? J’invite tout le monde à participer à ce dialogue. Les critiques essaient de complexifier ce film, mais comme vous l’avez dit, ce n’est qu’un film, sur un sujet important certes, mais ce n’est qu’un film.

Breizh-info.com : Que répondez-vous à ceux, notamment dans la presse, qui explique que votre film est conspirationniste ? Qu’il exagère, qu’il ne reflète pas la réalité du trafic d’enfants, que ça fait le jeu de Qanon, de l’extrême droite, que ça rend les gens paranos ? Alors même qu’en France aussi, chaque année, il y a des enfants violés, enlevés, maltraités… C’est une réalité. Sans doute beaucoup plus développée dans des pays bien plus pauvres non ?

Alejandro Monteverde : J’aimerais que tout cela ne soit qu’une théorie du complot, que ça n’existe pas. Mais je ne suis qu’un cinéaste, un artiste, je fais un film et je passe à autre chose. Je ne travaille pas pour une association de protection des enfants, peut être devrais-je les aider financièrement d’ailleurs. Quand les gens me disent que ça ne passe pas, que ça n’existe pas, j’aimerais pouvoir leur dire vous avez raison. Mais malheureusement on voit ce qu’il se passe. Dans l’actualité notamment. On retrouve des enfants enlevés aux quatre coins du monde. Il y a des atrocités. Notre film est un travail collectif, qui évoque une partie de ce qui se passe en se basant sur une histoire vraie. Lorsque notre film a atteint 100 millions de dollars au bout de quelques semaines, dans un journal mainstream, on voyait d’un côté une attaque qualifiant le film de complotiste. Et sur la même page, on parlait de l’actualité, et d’une grande affaire internationale, de pédophilie, affaire durant laquelle 100 pédophiles dont 70 américains avaient été arrêtés, et 12 enfants sauvés. Des centaines de vidéos de pédopornographie avaient été retrouvées.

D’un côté, on dit que c’est un complot, de l’autre on fait l’actu sur ce genre d’affaire qui existe. Je ne comprends pas pourquoi on met des étiquettes sur mon film. Ce n’est qu’un film. J’en ai fait d’autres après, j’en ai un qui sort le 8 mars prochain (Cabrini). Je travaille déjà sur le tournage d’autres films. Je suis un réalisateur. Martin Scorcese peut faire un film sur la mafia, puis un autre plus silencieux, puis sur d’autres thèmes.  Je ne suis pas un expert en pédocriminalité, mais j’ai été très surpris de voir les étiquettes dont on a affublé Sound of Freedom. Je suis reconnaissant au public et j’espère que la France donnera sa chance à ce film.

Breizh-info.com : Dernière question. Que diriez vous à des jeunes qui ont envie de se lancer dans le cinéma de manière indépendante ? Aux USA, Hollywood verrouille tout. En France, il est difficile de faire un film à gros budget sans le soutien des autorités du cinéma. Et vous, vous avez réussi, en tant que réalisateur indépendant, avec Sound of Freedom, à faire un film qui a cartonné au Box Office. Quels conseils alors ?

Alejandro Monteverde : Lorsque j’étais à l’école de cinéma, j’ai vu La liste de Schindler, qui m’a particulièrement touché. Je me suis dis que je voulais faire ce genre de films. Ce que je dis aux jeunes réalisateurs, c’est qu’il faut trouver des histoires qui comptent pour eux. Si vous trouvez ces histoires qui comptent pour vous,  vous trouverez des financements. Votre passion, votre enthousiasme, seront contagieux. Vous transmettrez tout cela à des investisseurs, nécessaires pour faire un film. Souvent j’interroge des jeunes cinéastes qui me disent vouloir faire un film. Je leur demande « Sur quoi ? ». Ils ne savent pas. C’est ça le problème. Il faut trouver quelque chose qui a de l’importance pour vous, et ensuite les gens vous aideront à faire ces films.

Breizh-info.com : Vous êtes venu en France promouvoir votre film. Allez-vous ailleurs ?

Alejandro Monteverde : J’ai fait le Royaume-Uni. Je vais en Allemagne et en Chine ensuite. Je suis curieux de voir comment le film sera reçu là bas. Peut être en Italie aussi.

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. Dans vos commentaires, cette semaine : la peste soit des traditions !

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++WEBTUBE : Des blondinets en uniforme qui chantent la France traditionnelle dans le métro sèment la discorde sur les réseaux, nous raconte Marie-Camille Le Conte : « Douce France dans le métro parisien : la haine se déverse sur les réseaux ». Mais les lecteurs de BV ne se laissent pas impressionner, déclarant au contraire comme STEINER Yolande : « Le peuple français les remercie, ils mettent du baume au cœur. » Loin des phénomènes de buzz des réseaux sociaux, nos lecteurs ne sont pas dupes et Pinomajo recentre le débat : « Voila les véritables chances pour la France. Le déferlement de haine sur les réseaux sociaux doit nous glisser sur la peau, nous n’en avons cure. » Plus qu’un événement ponctuel, certains de nos lecteurs y ont même vu une véritable leçon de vie. Dominique, par exemple : « Cet épisode montre que nous avons à relever la tête et à affirmer ce que nous sommes. » Suite ci-dessous

L’article :

Malheureusement, ce n’est pas la seule critique de la semaine de ce qui fait les traditions de la France, ici sa tradition catholique. Gabrielle Cluzel, dans son article « Pour Peillon, la violence des “cathos exacerbés” est pire que l’islam radical », éveille l’indignation de nos internautes. Chantal Dromer, par exemple, n’en croit pas ses yeux : « Complètement hors du coup et quand je pense que cette personne a été à la tête de l’Éducation nationale […] Quel scandale ! » Bref mais intense, LE CORVEC résume en quelques mots bien ciblés : « un des nombreux récipiendaires du mur des c..s ». Avec un brin d’ironie et de sarcasme, Dbrun pose la question : « L’inculture de Peillon semble atteindre des sommets tels qu’on en a rarement vu, même sous Hollande. Ignore-t-il l’existence de Marie Curie ? »

À ce sujet — « Douce France » dans le métro parisien : la haine se déverse sur les réseaux

Jean-Marie Le Pen antisémite ? « Mais qu’est-ce qu’on en a à f… ? »

La gauche n’a pas fini de taper sur la droite, ou plutôt sur « l’extrême droite »… Cette semaine, la question existentielle qui brûlait les lèvres de la gauche était relayée par Arnaud Florac : « Jean-Marie Le Pen est il antisémite ? » Des lecteurs ne voient même plus l’intérêt de cette question, c’est le cas de Johnny Croipa : « Mais qu’est-ce qu’on en a à f..tre que JMLP, vieillard quasi centenaire, fût il y a un demi-siècle et plus, ou qu’il est encore peut-être aujourd’hui, ce dont je doute, antisémite ? » Rappelant les déviance politiques de la gauche, il conclut, presque désabusé : « Mais bon, le fumier qui fit le lit de la gauche depuis toujours est aujourd’hui pardonnable et contextualisable, puisque de gauche. Malhonnêteté intellectuelle, quand tu nous tiens. »

La gauche n’est pas la seule à bouder farouchement la droite. Cette semaine, le collectif Némésis s’est vu fermer son compte en banque au Crédit mutuel sans raison, peut-on lire dans l’article de Clémence de Longraye « Délit d’opinion ? Des comptes bancaires de militants de droite sont fermés ». Alain Poirier partage sa propre expérience. Lui aussi s’est fait censurer parce qu’il était de droite : « Il ne s’agit pas d’une exception “culturelle”. Candidat soutenu par le RN, aucune banque n’a accepté d’ouvrir un compte. Ancien avocat au barreau de l’Essonne, entre autres et en rupture de ban, je subis des discriminations qui feront, bientôt, l’objet d’une procédure, aussi BV peut publier sans risque ce commentaire. Publication prescrite à l’issue de cette procédure qui promet. Il faut se battre, chacun à son niveau. » Quant à Nicole Lereg elle déplore : « Nous sommes maintenant dans un pays qui se bouffe de l’intérieur en raison de la corruption, soit intellectuelle, soit politique de ceux que “nous” avons mis au pouvoir. »

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