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++ WEBTUBE : Sur Europe 1, ce lundi matin 13 novembre, Yaël Braun-Pivet était l’invitée de Sonia Mabrouk. Puisque la présidente de l’Assemblée était à l’initiative de la manifestation contre l’antisémitisme de la veille, Sonia Mabrouk lui pose naturellement la question : « Quel est le carburant principal de l’antisémitisme aujourd’hui ? » La réponse est stupéfiante : « Je ne sais pas. » À quoi sert de manifester contre un ennemi que l’on n’a pas identifié ? C’était donc une protestation dans le vide, contre une idée mauvaise, comme ces marches blanches cathartiques, une rose à la main, qui s’élèvent contre les meurtres des petits enfants dont on ne connaît pas l’assassin ? L’article ci-dessous.
Quel est le carburant principal de l’antisémitisme aujourd’hui ? « Je ne sais pas », répond @YaelBRAUNPIVET #LaGrandeITW #Europe1 pic.twitter.com/5RzROTchxa
— Europe 1 (@Europe1) November 13, 2023
Ce n’est pas rassurant…
Yaël Braun-Pivet ne sait pas quel est le carburant de l’antisémitisme en France, comme, en août dernier, le ministre des Transports Clément Beaune se déclarait ignorant, toujours au même micro et répondant à la même journaliste, quant à la question de savoir qui agresse sexuellement dans le métro et s’il faisait un lien entre ces agressions et l’immigration : « Je ne sais pas qui fait quoi. »
Disons-le : ce n’est pas rassurant, une telle équipe d’ignorants, parmi ceux qui nous gouvernent. S’ils ne savent pas, il faudrait peut-être se renseigner, se mettre au parfum ? Les médecins, les juristes, les enseignants, les journalistes… s’efforcent de rester à jour en permanence pour demeurer opérants dans leur spécialité. Mais au plus haut de l’État, on assume d’être des poètes procrastinateurs peu au fait de l’actualité ?
Élisabeth Borne, elle, croit savoir : elle poste, sur X, au sujet de la manifestation : « L’absence de La France insoumise parle d’elle-même. La présence du RN ne trompe personne. » L’interprétation qu’en fait Aymeric Caron n’est pas fausse : « Donc ainsi, en dénonçant la présence du FN-RN (sic), à la manifestation cet après-midi, Élisabeth Borne reconnaît ce que beaucoup de macronistes (dont elle même) remettent en cause depuis trop longtemps : LFI appartient évidemment à l’arc républicain et n’a absolument rien d’antisémite. Il était temps de revenir à la raison. »
En effet, en déplorant la présence du RN et en regrettant l’absence de LFI, le Premier ministre sous-entend que le parti de Jean-Luc Mélenchon, d’Ersilia Soudais, de Danièle Obono et de David Guiraud aurait toute sa place et aurait été accueilli à bras ouverts dans la manifestation, tandis que celui de Marine Le Pen, persona non grata, a été relégué au dernier rang.
Donc ainsi, en dénonçant la présence du FN-RN à la manifestation de cet après-midi tout en déplorant l’absence de la FI, Elisabeth Borne reconnaît ce que beaucoup de macronistes (dont elle-même) remettent en cause depuis trop longtemps : la FI appartient évidemment à l’arc… https://t.co/HV609UhEiZ
— Aymeric Caron (@CaronAymericoff) November 12, 2023
À ce sujet — Qui agresse sexuellement dans les transports ? Clément Beaune « ne sait pas »
Aucun mea culpa
À la vérité, ce sont le RN et Reconquête qui auraient pu tordre le nez et refuser de défiler en compagnie des partis de gouvernement qui ont tous leur part de responsabilité. Eux n’ont jamais été aux affaires et ont toujours tiré la sonnette d’alarme : l’immigration massive en provenance de pays cultivant ouvertement un antisémitisme d’atmosphère ne pouvait avoir que des conséquences délétères. En rang d’oignons derrière la banderole, on croyait voir la SEITA défilant contre le cancer du poumon. Ou bien une sorte de procession pénitentielle, la silice et les pieds nus en moins. Sauf qu’aucun d’entre eux n’a fait son mea culpa.
Dans le cortège, les autres manifestants étaient, eux, éminemment respectables et respectueux : pas une dégradation ni une seule vitrine brisée, pas un écart, physique ni même verbal, et même des applaudissements pour les forces de l’ordre : « Tout le monde adore les policiers », scandaient certains d’entre eux.
Il y a des manifestations civilisées et des manifestations décivilisées. Celle-ci faisait partie de la première catégorie. Une France bien élevée. D’ailleurs, les commerçants sur le trajet n’avaient pas pris la peine de baisser le rideau. C’est un signe. Il y a une sociologie des manifestants : pour celle-ci, les médias s’accordent à décrire un public plutôt âgé, et point du tout issu de la diversité. Faut-il s’en inquiéter pour la suite ? Ne demandez pas à Yaël Braun Pivet, elle ne sait (sans doute) pas. Elle ne veut retenir que le nombre important de manifestants – il y avait, de fait, 105.000 manifestants à Paris et 180.000 au total pour toute la France.
Elle sait cependant – du moins l’espère-t-on – que ce même lundi 13 novembre est le jour anniversaire de l’attentat du Bataclan, qui a fait au total, en prenant les fusillades concomitantes dans Paris, 130 morts. Les Français dans la rue, ce dimanche, sont venus manifester contre l’antisémitisme mais aussi pour leur propre survie, qu’ils soient juifs ou non. Rappelons que la première victime française du terrorisme islamiste, après le 7 octobre, est un professeur de lettres catholique, qui a été enterré à la cathédrale d’Arras. Dominique Bernard : son nom est à lui seul un morceau de l’Histoire de l’Église. Ces Français méritent des gouvernants qui savent. Et qui font.
Gabrielle Cluzel, Bouleavrd Voltaire