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++ WEBTUBE : Alors qu’avec notre équipe de BV nous nous sommes rendus sur place, dans la cité Pablo-Picasso de Nanterre, pour réaliser un micro-trottoir au sujet de la remise en liberté du policier Florian M. (a priori impliqué dans la mort du jeune Nahel), notre reporter Jordan Florentin a été plusieurs fois empêché de filmer ou de poser ses questions. Plongée au cœur d’une cité gangrenée par le trafic de drogues et l’insécurité : l’exemple type d’un territoire perdu de la République. La vidéo ci-dessous :
Nanterre : les journalistes de BV ne se laisseront pas intimider
Le nom de la cité Pablo Picasso à Nanterre n’est pas si mal trouvé. Comme un peintre, cette cité brosse à elle seule un portrait de ce qu’est devenue une inquiétante partie de la France. Une face déstructurée et effrayante de notre pays, comme les tableaux de Picasso.
L’islamisme d’abord : c’est là, en 2021, qu’une procession du 8 décembre, entre l’église Saint-Joseph de Nanterre et la paroisse Sainte-Marie-Des-Fontenelles, sise dans ce quartier, a été agressée : « Kouffars », « Wallah sur le coran je vais t’égorger » (à l’adresse du prêtre), « Bande de p… », « vous n’êtes pas chez vous ». Un flambeau a même été arraché à l’un des fidèles et lancé vers la foule.
La drogue ensuite : les points de deal dans les halls d’immeuble sont monnaie courante. En décembre 2022, un homme de 25 ans a été tué par balle dans le cadre d’un règlement de compte. Parfois une intervention de police est relayée par les médias, sans que cela semble perturber le petit commerce, puisqu’en février 2023, ces trafiquants ont eu l’outrecuidance de s’afficher en arbitre des élégances, en baronne Staff du point de deal. Dans le hall de la tour numéro 11 de la cité Pablo Picasso, ils ont placardé un règlement de bonne conduite : « Chers voisins, chères voisines, nous ne sommes pas là pour perturber votre quotidien, uniquement pour travailler. « La direction » demandait aux locataires de « bien vouloir respecter les consignes et les employers (sic) ».
À ce sujet — Nanterre : Une procession en l’honneur de la Vierge prise pour cible par des islamistes
Les prétendues « violences policières » enfin : c’est dans la cité Pablo Picasso que résidait Nahel. Et le 29 juin, les émeutes étaient si violentes, que la BRI – celle qui est intervenue au Bataclan – a été positionnée dans la cité, avec un hélicoptère en appui.
On peut évoquer pour finir l’irénisme niais et idéologique qui a présidé à la construction de cette cité dans les années 70-80 : les tours « Nuages » et « Trèfles », que le néophyte moyen qui se risque aujourd’hui dans la Cité, trouve prodigieusement laides, étaient alors la fine pointe du modernisme architectural, une trésor de créativité qu’il était de bon ton de trouver magnifiques – une sorte de déclinaison à Nanterre de la Cité radieuse de Le Corbusier. La cité radieuse est devenue cité affreuse.
C’est tout cela qu’ont vu Jordan Florentin et son caméraman… et plus encore puisque des affiches en soutien à la Palestine, qu’ils ont filmées, montrent qu’un ultime ingrédient – peut-être le détonateur – est en train de s’agréger à un cocktail déjà explosif. Ce dimanche 19 novembre, la manifestation pour Nahel, à l’appel de sa mère, calquée sur le modèle Traoré, n’a rassemblé que quelques centaines de personnes. Mais la prochaine fois ?
Ceux qui côtoient Jordan Florentin, ou simplement, l’ont vu travailler, à l’instar des lecteurs de Boulevard Voltaire, connaissent sa bonhommie naturelle, sa gentille simplicité, sa façon incomparable de parler sur le même pied à un candidat à la présidentielle et à un migrant de Menton. Ce sont ces qualités qui font de lui un excellent journaliste. Mais cette fois, il s’est heurté à un mur d’insultes et de menaces. Une banlieue de ce type peut vite ressembler à une souricière, et nos deux journalistes ont eu légitimement peur. Ce n’est pas la première fois, du reste, que des journalistes s’y font attaquer : un reporter du Figaro et un photographe de Libération ont été physiquement agressés durant les émeutes du début de l’été. Nos deux journalistes ont osé faire leur métier et BV peut être fier d’eux.
Gabrielle Cluzel, Boulevard Voltaire