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Voyage au Kazakhstan et en Ouzbékistan, sur les terres foulées jadis par Alexandre le Grand, Gengis Khan ou Attila.
Alors que la France, fidèle à la pensée gaullienne, a longtemps été une puissance d’équilibre sans aucun ennemi, Macron a pulvérisé ce fragile équilibre et mis en danger notre sécurité énergétique et industrielle. Sans pétrole ni matières premières, la France se retrouve isolée comme jamais, chassée d’Afrique et coupée de la Russie, pays ami.
Notre alignement inconditionnel sur la politique américaine antirusse est un désastre absolu. Que nous ont donc fait nos amis Russes pour que la France leur déclare la guerre, souhaite la défaite militaire de Moscou et rêve de détruire l’économie russe ? Depuis la chute du Mur de Berlin et la fin de l’URSS, jamais les Russes n’ont manifesté la moindre animosité à notre égard. Bien au contraire.
En recevant Poutine à Versailles au printemps 2017, puis Trump au 14 juillet de la même année, chacun a cru que la France allait mener une grande diplomatie d’équilibre, comme le voulait le général de Gaulle. Mais l’espoir fut de courte durée. Car au moindre désaccord, Macron se fâche avec tout le monde.
Depuis quand la France se pose-t-elle en défenseur d’un pouvoir mafieux et corrompu ? A quel titre défend-elle le régime de Kiev mis en place par un coup d’État de la CIA en 2014 ? Au nom de la démocratie ?
Quant à vouloir jouer les gendarmes de l’Afrique, on voit où cela nous mène. Nous sommes chassés de partout.
La France a sans aucun doute la diplomatie la moins claire de son histoire. La politique du “en même temps”, synonyme d’immobilisme ou de contradiction permanente, a fini par rendre notre diplomatie illisible. On le voit chaque jour, comme récemment en Israël, où Macron a fait un “flop” retentissant avec sa coalition internationale anti-Hamas.
En vérité, Macron n’a aucune politique internationale cohérente. Soit il suit aveuglément les ordres de Washington en bon petit toutou otanien, soit il tente de faire des coups médiatiques pour peser sur l’échiquier mondial. Mais plus personne ne le comprend, comme on a pu le voir avec son ingérence dans les affaires du Liban ou son positionnement ambigu sur Taïwan, ou encore avec son double jeu à l’égard de Poutine.
Ce lundi, c’est donc cap sur le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, deux ex-républiques soviétiques.
«Notre tâche est de continuer à être présents dans cette région (en Asie centrale) que nous connaissons et où nous travaillons depuis longtemps avec l’Union européenne et nos partenaires américains», a déclaré l’Élysée.
https://reseauinternational.net/la-france-sengage-dans-la-lutte-pour-linfluence-en-asie-centrale/
Au menu : économie, énergie et souveraineté. Rien à redire à ce voyage, si ce n’est que ces pays gardent d’excellentes relations avec Moscou, contrairement à Macron qui n’a rien trouvé de mieux que de se mettre à dos le pays le plus puissant d’Europe, qui possède la première armée du monde, est devenu la 5e puissance économique en PIB/PPA et détient 20% des richesses minières de la planète. La Russie n’a ni dettes, ou si peu, ni chômage. Mais par son double jeu dans le conflit ukrainien, Macron nous a fâchés avec nos amis russes. Poutine ne lui parle plus.
Mais Macron est un impulsif et un leader immature, voulant sans cesse briller alors qu’il fait preuve d’un amateurisme sidérant. Au Kazakhstan, c’est tout le contraire du louvoiement permanent. “Notre politique reste multi-vectorielle. Nous parlons aux Russes, aux Occidentaux, aux Chinois, comme à tous les autres. En politique intérieure comme étrangère, nous suivons les principes de “paix intérieure-paix autour” et “d’unité dans la diversité”. La sagesse même.
En Asie centrale, pas question d’irriter Moscou, même si on ne partage pas forcément la politique du Kremlin.
Macron est accompagné de plusieurs grands patrons de l’industrie et de l’énergie. Divers secteurs économiques seront abordés, transports, énergie, agro-alimentaire, communications, mais c’est l’énergie qui devrait être la priorité du voyage. EDF, Total, Orano sont présents. Diversifier nos approvisionnements en uranium, après le fiasco nigérien, devient urgent.
“Pour la France, c’est également la priorité numéro un. Macron doit négocier une augmentation des approvisionnements en uranium en provenance d’Asie centrale. Plus de 80% de la production d’électricité du pays provient de centrales nucléaires. La France a besoin de ces approvisionnements pour alimenter les réacteurs nucléaires d’Électricité de France (EDF). Après avoir perdu les marchés au Niger et dans d’autres pays africains, les volumes de matières premières peuvent être compensés par une augmentation des approvisionnements en provenance du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan. En retour, la France propose une aide à la construction de centrales nucléaires dans ces républiques et des technologies pour le traitement de l’uranium.”
Compte tenu de l’isolement de la France de plus en plus flagrant, il est bon d’accentuer nos liens avec l’Asie centrale. Mais si ce voyage est aussi l’occasion de contrer l’influence russe dans cette région très convoitée, notamment par les Turcs et les Chinois, c’est une erreur.
La vraie diplomatie, ce n’est pas monter les pays les uns contre les autres, comme le font si bien les États-Unis avec le succès que l’on connaît. La vraie diplomatie, c’est celle du général de Gaulle, suffisamment équilibrée en respectant tous les peuples. Alors que tout l’Occident considérait l’URSS comme le mal absolu, le Général, qui aimait les Russes, fut le seul à comprendre que le régime soviétique finirait par tomber et qu’on pourrait alors bâtir une vaste Europe de l’Atlantique à l’Oural.
Les Américains en ont décidé autrement et les veaux européens n’ont pas eu le courage de défendre leurs propres intérêts. L’Europe de 2023 n’est qu’une annexe des États-Unis, sans armée propre, sans économie libre, sans diplomatie autonome. Plus rien ne se décide sans l’aval de Washington, à commencer par le choix des dirigeants de Bruxelles.
La guerre en Ukraine n’a fait que nous asservir un peu plus à Washington, alors qu’il fallait dire non à cette folie. Face à une Russie invincible, comme disait de Gaulle, comment a-t-on pu s’embarquer dans cette aventure suicidaire ?
Chaque jour qui passe, la France décroche un peu plus dans tous les domaines, alors que la Russie, leader du Sud global avec la Chine, ne cesse de se renforcer en forgeant le monde multipolaire de demain. L’Occident entame son crépuscule et c’est irréversible.
En 1991, il fallait arrimer la Russie à l’Europe et larguer l’Otan. Mais il nous manquait un de Gaulle pour en décider ainsi.
Jacques Guillemain, Riposte Laïque