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Le 18 août, sous la plume de Katia Julienne et de Jérôme Salomon, la Direction générale de la Santé a fait parvenir à tous les médecins une note pour les informer de la mise à disposition du corps médical d’une bithérapie d’anticorps monoclonaux, le ronapreve, des laboratoires Roche, destinée aux adultes et enfants de plus de 12 ans non répondeurs à la vaccination et/ou appartenant à un des groupes pouvant développer des formes sévères de Covid, comme les receveurs de greffe ou les porteurs d’hémopathie lymphoïde, par exemple, afin de les protéger des formes sévères de Covid. Ces traitements peuvent entraîner des réactions de type allergique lors de leur administration en perfusion et doivent donc être administrés en milieu hospitalier.
Les anticorps monoclonaux sont des anticorps qui sont produits par des cellules en culture pour traiter des maladies spécifiques ; ce sont des protéines de défense que notre système immunitaire produit normalement lorsqu’il est exposé à des cellules étrangères, à des virus ou à des bactéries.
Ces anticorps de synthèse intéressent beaucoup les laboratoires pharmaceutiques (et pas uniquement le laboratoire Roche), qui y voient des possibilités de traitement pour le Covid. Le laboratoire AstraZeneca, pour sa part, utilise deux de ces anticorps dans un produit appelé AZD7442, qui n’avait pas montré d’efficacité probante à titre curatif sur des personnes récemment infectées par le virus lors d’un précédente étude, mais qui, d’après le laboratoire, présente des résultats encourageants en prophylaxie pour les personnes n’ayant pas été exposées au virus. Dans le dernier essai randomisé, en double aveugle, portant sur plus de 5.000 participants, dont 75 % présentant des comorbidités, ce produit aurait permis de réduire le risque de développer un Covid symptomatique dans 77 % des cas, par comparaison avec le placebo.
L’AZD7442 permettrait, d’après le laboratoire Astra, d’offrir une protection de 12 mois contre le Covid-19 après une seule administration. Ce traitement serait donc complémentaire du vaccin auquel il ne se substitue pas, mais il pourrait être une alternative pour les personnes chez qui le vaccin n’est pas indiqué ou chez qui il ne provoque pas de réaction immunitaire suffisante. Espérons que ces deux médicaments à base d’anticorps monoclonaux ne subiront pas le même sort que le remdesivir, médicament hors de prix que nous avons acheté en grande quantité, qui n’est plus utilisé en raison de ses effets secondaires graves et de sa faible activité thérapeutique.
Par ailleurs, les études se multiplient pour essayer de connaître les facteurs de gravité intervenant chez les patients qui développent une forme grave de Covid-19. Le journal Les Échos rapporte les conclusions tirées d’un article paru dans Science Immunology qui tendraient à prouver que les patients qui présentent des formes graves ont un déficit de production d’une protéine appartenant au groupe des interférons, qui intervient dans la lutte contre le coronavirus. Ce déficit serait lié à la production d’auto-anticorps qui empêchent ces interférons d’agir correctement dans la lutte contre le virus. La production de ces auto-anticorps, qui perturbent les processus de défense, est 10 à 15 fois plus importante chez les sujets âgés que chez les moins de 65 ans, sans que l’on sache pourquoi, mais cela pourrait expliquer que les personnes âgées sont plus à risque que les jeunes.
En attendant la généralisation de ces traitements ou d’autres à venir comme le « molnupiravir », qui peut s’administrer par voie orale mais qui ne semble pas dépourvu d’effets secondaires néfastes, le « XAV-19 », qui semble plus prometteur, ou le « tocilizumab », qui pourrait être intéressant dans les formes graves, nous devrons continuer à utiliser des traitements, certes moins spécifiques, mais qui, s’ils sont prescrits en tout début de maladie, permettent souvent d’éviter une aggravation parfois fatale.
Dr. Jacques Michel Lacroix, Boulevard Voltaire