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Un article récent du Daily Mail repris par Valeurs actuelles fait état d’une querelle idéologique qui ébranle le petit monde du véganisme : la Vegan Society britannique est secouée par des démissions en masse de plusieurs de ses administrateurs qui accusent l’antique organisation de pratiquer… l’appropriation culturelle et le racisme institutionnel. Le tofu, le blé chinois, le houmous, mets abondamment utilisés dans la cuisine végane, auraient été volés à la cuisine de l’Asie et du Moyen-Orient. Le concept d’appropriation culturelle – dont personne, soit dit en passant, ne voit la contradiction avec le projet politique de métissage et de multiculturalisme -, fort en vogue chez les militants antiracistes les plus radicaux, interdit que des « Blancs » (entendez les dominants) osent s’emparer des traditions culinaires orientales ou africaines au prétexte que ce serait une forme détournée de néo-colonialisme. Un péché mortel, moral et social.
Certes, il est difficile de suivre les méandres tortueux de cerveaux ramollis par des années d’épidémie gauchiste.
Essayons d’y voir un peu clair.
La Vegan Society a été fondée dans les années quarante par Donald Watson : inventeur du terme « végan », il expose la finalité du mouvement en 1944 dans The Vegan News : « Notre civilisation actuelle est construite sur l’exploitation des animaux, tout comme les civilisations passées ont été construites sur l’exploitation des esclaves, et nous croyons que le destin spirituel de l’homme est tel qu’avec le temps, il verra avec horreur l’idée que les hommes se sont nourris autrefois des produits du corps des animaux. Même si les preuves scientifiques peuvent manquer, nous soupçonnons astucieusement que le grand obstacle au développement moral de l’homme peut être qu’il est un parasite des formes inférieures de la vie animale. »
80 ans plus tard, Eshe Kiama Zuri, activiste de 25 ans, démissionne avec fracas du conseil d’administration de l’antique Vegan Society : « La Vegan Society n’est pas un endroit sûr pour les jeunes, pour les Noirs, pour les personnes queer ou pour toute autre personne marginalisée. »
D’un projet à l’autre, il n’y a pas, on le voit, de différence essentielle : l’un est la suite logique de l’autre, projet politique fondé sur le rejet de tout ce qui ressort de l’ordre naturel des choses. On ne parle pas ici, évidemment, de l’esclavage mais du rapport de l’homme à l’animal considéré comme tel. Or, comme l’écrit fort justement Mathieu Bock-Côté, dans le FigaroVox, « il y a dans le véganisme un rapport abstrait à l’animal, qui le coupe de son inscription dans l’histoire humaine et qui l’arrache à la longue histoire de la civilisation. C’est au nom de cette dernière qu’il faut s’opposer à lui et du rapport fécond qu’ont noué les hommes avec les animaux, infiniment plus riche que celui proposé par ceux qui instrumentalisent la cause animale pour maudire l’humanité. »
Maudire l’humanité : le trait commun de l’antiracisme dans ce qu’il a de plus radical et de plus absurde, de plus incohérent, car il n’est qu’une forme de racisme inversé, et le monde du véganisme, dernière lubie d’une gauche bobo, celle des centres-villes et des rabat-joie.
Naufrage des idéologies folles : l’antiracisme comme le véganisme, l’antispécisme ou le « wokisme » signent le naufrage de la gauche. Comme l’explique Pascal Bruckner dans le FigaroVox : « Plutôt que de défendre les classes populaires et les conquêtes sociales, elle préfère brandir le thème de la race comme bouée de secours, mais cette bouée va surtout la couler. En reprenant une rhétorique délétère, cette gauche-là dresse le décor de son propre suicide. »
Marie d’Armagnac, Boulevard Voltaire