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Depuis des décennies le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour le contrôle du Haut-Karabakh couve, avec des périodes de haute intensité meurtrières, comme en 1990 et 2020.
Sous l’ère soviétique, Azéris musulmans et Arméniens chrétiens entretenaient déjà des relations conflictuelles qui se sont transformées en hostilité affirmée avec l’indépendance des deux pays, consécutive à la désintégration de l’URSS en 1991. De rivalités ethniques, nous sommes passés à un conflit territorial entre États fraîchement indépendants.
L’enjeu : le Haut-Karabakh, province de l’Azerbaïdjan majoritairement peuplé d’Arméniens et qui a fait sécession, réclamant son autonomie avec l’appui du gouvernement arménien, tandis que les Azéris tentaient de réprimer le mouvement séparatiste. En clair, le Haut-Karabakh est une enclave chrétienne orthodoxe en pays musulman. Lors de chaque embrasement, les Russes ont toujours pu imposer un cessez-le-feu mais sans régler le conflit territorial de façon définitive.
https://www.bbc.com/afrique/monde-66866741
Le dernier accord de paix date de novembre 2020, après un conflit intense au cours duquel l’Azerbaïdjan a repris une partie des territoires séparatistes. Depuis trois ans, 2 à 3 000 soldats russes surveillent cette paix fragile. Mais il est évident que l’Arménie n’est plus la priorité de Moscou avec le conflit ukrainien.
La Turquie arme et soutient l’Azerbaïdjan, tandis que la Russie a toujours été proche du pouvoir arménien.
Mais ces bonnes relations entre Moscou et Erevan se sont détériorées depuis que Nikol Pashinyan, le Premier ministre arménien, a reconnu la souveraineté de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh. Il prétendait le contraire en 2019…
De plus, l’Arménie a annoncé qu’elle organisait des exercices conjoints avec les forces américaines, ce qui a été critiqué par Moscou comme des “mesures inamicales”. Il est évident que tout ce qui peut affaiblir Moscou dans sa sphère d’influence intéresse Washington.
Dans ces conditions, Poutine ne semble pas pressé de voler au secours du Haut-Karabakh comme en 2020.
Où en sommes-nous ?
Depuis décembre dernier, l’Azerbaïdjan a mis en place un blocus de la seule voie d’accès à l’enclave depuis l’Arménie, le “corridor de Lachin”. D’où les pénuries alimentaires et de médicaments que subissent les populations du Haut-Karabakh. Tous les convois humanitaires sont bloqués, au prétexte que les Arméniens utiliseraient le corridor pour faire passer des armes en contrebande. Ce que Erevan dément.
Et ce mardi, le son du canon a donc repris, avec une attaque que l’Azerbaïdjan a lancée contre les séparatistes de l’enclave. Une “opération antiterroriste” selon Bakou, qui attend la reddition totale du “régime illégal” en sécession.
Les Américains font tout pour désolidariser les Républiques du Caucase de Moscou. Mais l’Europe a besoin des ressources énergétiques de l’Azerbaïdjan et ne souhaite pas un nouveau conflit régional.
Espérons un rapide retour à la paix. Mais il faudrait savoir ce que veut Erevan, qui a toujours soutenu les 120 000 Arméniens du Haut-Karabakh et a toujours entretenu des liens solides avec Moscou, mais qui soudain semble se rapprocher de l’Occident et donne raison à Bakou dans ses revendications territoriales.
Je ne sais pas ce que va décider Poutine pour imposer un cessez-le-feu, mais si Pashinyan préfère jouer la carte américaine, il ne faudra pas s’étonner que le Tsar s’en lave les mains.
Jacques Guillemain, Riposte Laïque