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Il est souvent prétendu que la musique adoucit les mœurs. En fait, pas toujours et tout dépend aussi de la musique ; le rap, par exemple. La preuve par un rappeur, justement : Koba LaD, Marcel Junior Loutarila à l’état civil – c’est tout de suite moins funky –, qui n’en finit plus de défrayer la chronique des faits divers, lesquels surviennent même en été, ce qui aurait tendance à étayer la thèse du réchauffement climatique.
Déjà, en novembre 2020, il se fait remarquer en plein centre-ville de Marseille quand, au volant de sa Porsche, il emboutit un véhicule en stationnement, blessant ainsi sa conductrice avant de tout bonnement prendre la fuite, ce qui lui vaut trois mois de prison avec sursis. Marseille, toujours, mais le 8 janvier de cette année : Koba LaD se fait dépouiller par d’autres voyous près de la gare Saint-Charles. Tel que le veut désormais la coutume, la scène est filmée par ses agresseurs. Et tel que l’exige la même coutume, la riposte l’est aussi.
Les images sont insoutenables. Après s’être excusé, l’un des agresseurs de Koba est lynché par une dizaine d’amis cagoulés de l’agressé avant de se faire fracasser les doigts à coups de marteau. Le visage en sang, il demande encore pardon. Mais rien n’arrête la furie de ses tortionnaires, et encore moins la diffusion de ces vidéos sur les réseaux sociaux.
Très logiquement, la police locale est saisie par le parquet. Cité par Le Parisien, un policier marseillais affirme : « Dans ces sphères rap et réseaux sociaux, les enquêteurs avancent avec beaucoup de prudence avant de pouvoir dire quoi que ce soit, mais l’enquête est prise très au sérieux. » Quoique de manière tout aussi logique, les forces de l’ordre ne se mobilisent pas forcément avec l’énergie du désespoir pour séparer des racailles se massacrant les unes les autres. On peut les comprendre.
Au-delà de ces montées d’hyper-violence, une question se pose : le monde du rap et des cités, mis au pinacle par nombre de médias comme modèles d’effervescence culturelle, d’énergies créatrices, au contraire d’une France d’en bas tenue pour rance, moisie et repliée sur elle, correspond-t-il véritablement à ces désirs progressistes que certains prennent pour des réalités ? Il est permis d’en douter.
À ce titre, deux petites informations, jusque-là passées sous silence, ont de quoi laisser songeur.
La première : en février 2020, Koba LaD crée le buzz en partageant, sur Snapchat, un article relatant le meurtre de Giovanni Melton, assassiné par son père. Le titre ? « Ce père tue son propre fils de quatorze ans parce qu’il était gay. Il préfère un fils mort qu’un fils gay… » Commentaire de notre rappeur : « Bien joué ! » Pas très woke et inclusif, tout ça…
La seconde, cet article du site raprnb.com qui, commentant l’affaire, n’hésite pas à rendre son propre verdict : « Bien qu’il ne faille pas se faire justice soi-même, ces images particulièrement douloureuses serviront peut-être de leçon, et éviteront peut-être que ce genre de situations se reproduisent. Et comme certains internautes l’ont commenté : “la hagra, ça ne paie pas” !!! »
Comme quoi, dans le monde de la voyoucratie, les pudeurs humanistes ne sont pas véritablement de mise. La hagra en question, mot arabe signifiant « faire des misères ». Koba LaD en a été victime ? Il l’a rendu plus qu’au centuple. Telle est la loi de ce milieu, loin, très loin de son homologue journalistique à vocation bienveillante. Bienvenue dans le monde réel.
PS : quand Marcel Junior prend « Koba » comme pseudonyme, c’est en référence à Koba, l’un des singes du film La Planète des singes. Ça va être délicat pour lui de se plaindre du racisme ambiant dont lui et les siens seraient les perpétuelles victimes.
Nicolas Gauthier, Boulevard Voltaire
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