. Allez voir le film “Bernadette” !

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Ce n’est pas si souvent que les personnages politiques de notre pays prêtent à sourire. Alors, quand on peut voir un film qui souligne malicieusement leurs travers et nous faire rire quelques bonnes fois, il ne faut pas s’en priver !

Bernadette est un film de Léa Domenach, avec d’excellents acteurs et une mise en scène bien réussie. Le choix des acteurs n’a pas dû être facile, mais ils se sont sans doute bien marrés à tourner ce film. Bernadette Chodron de Courcel, épouse Chirac, est jouée par Catherine Deneuve. Pas ressemblantes et d’âges différents, Bernadette Chirac ayant eu entre 62 et 74 ans pendant la présidence de son mari, et l’actrice ayant davantage aujourd’hui, cette caractéristique est effacée par son talent de comédienne. Jacques Chirac est joué par Michel Vuillermoz, que les spécialistes ont remarquablement grimé afin qu’il ressemble au vrai, lui ajoutant probablement du nez et du menton, donnant à sa magistrale interprétation une allure confondante, dans tous les sens du terme.

On reconnaît facilement, avant même que leur nom soit prononcé : Dominique de Villepin avec sa tignasse et ses costumes trois pièces déjà surannés, et ses gaffes dont la mémorable dissolution de l’Assemblée nationale – Nicolas Sarkozy dont l’interprète imite si bien sa façon de parler en phrase courtes et un peu ridicules tout en agitant la tête – Xavier Bertrand dont on se demande si ce n’est pas lui jouant son propre rôle… On note une sosie particulière de Hillary Clinton et la désopilante caricature de Karl Lagerfeld avec ses cheveux gris en queue de cheval, ses verres fumés hors circonstance, sa façon de parler en agitant un éventail. Sans doute l’un des meilleurs éclats de rire du film, avec les réparties de Bernadette Chirac et les gesticulations de son mari.

Les cadres de tournage sont fort bien choisis, en extérieur et en intérieur, les vêtements d’époque – pas si lointaine – à peine sortis de la naphtaline, et on si on est amateur de belles voitures, on se régale à retrouver quelques rares pièces de collection.

Le film devait initialement se nommer La Tortue, l’un des surnoms d’une délicatesse remarquable que donnait Chirac à son épouse lorsqu’elle contrariait, par sa lenteur supposée, son rythme de politicien macho. Ce nom resta l’indicatif de travail durant le tournage et fut remplacé tardivement par Bernadette, bien meilleur choix à mon avis. Celle-ci ne manqua pas de rendre à son époux volage, crédule et inconstant les nombreuses avanies qu’il lui fit subir, notamment lorsqu’il fut devenu président. Indélicatesse fort bien rendue dans une scène du film où on le cherche partout alors que Lady Di vient d’être hospitalisée là où elle va mourir. Pendant ce temps, Chirac est dans un hôtel particulier de Palerme et c’est finalement une voix féminine qui répond à l’interphone. Les nombreux participants s’affairant à autant de téléphones présents dans la pièce entendent sans oser trop regarder madame Chirac. Celle-ci abrège la situation au juste moment, sans s’attarder sur ce qu’elle en pense. Elle ne se présenta jamais en victime et défendit son mari autant qu’elle le put, allant même jusqu’à se réconcilier avec le déloyal nain de jardin. Une droiture de comportement dont devraient s’inspirer tous ceux qui se plaignent de leur sort en le laissant prendre en charge par les autres. Des qualités et des efforts non négligeables offerts avec constance à un individu peu fréquentable malgré ses allures officielles. Rendons-lui cependant cette vérité qu’il fut le dernier président à en avoir l’allure, avant que ne lui succèdent les « petits malfaiteurs » comme l’écrit Jean-Marie Le Pen dans ses mémoires, des hommes sans classe ni distinction. Sachant faire le beau en public, Chirac n’en était pas moins détestable en cercle restreint dès qu’il se trouvait contrarié.

Toutes les scènes du film ne sont pas véridiques, le spectateur en est averti dès le début. Mais vraies ou imaginaires, les séquences produisent quelques bons rires tout en amenant réflexion, et forment un ensemble cohérent où l’on ne s’ennuie jamais. Les vrais personnages encore vivants caricaturés ou révélés tels qu’ils sont dans le film en sont-ils satisfaits ? Non sans doute, pour notre plus grand plaisir !

Daniel Pollett, Riposte Laïque

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