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Si « la France a bien pris soin de ses enfants », les mesures de soutien aux entreprises se sont arrêtées progressivement et il faut désormais rembourser ces dettes. Le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) craint que même les entreprises qui ont un modèle économique viable se retrouvent mises en difficulté par le remboursement des aides de l’État.
Cela va faire deux ans que la France connaît une épidémie de Covid 19. Cette épidémie a été désastreuse sur le plan sanitaire et économique. Des entreprises, des TPE et PME ont fermé. Tout cela est assez peu compréhensible par le grand public.
Concrètement, quel est l’état des TPE et PME aujourd’hui en France ?
Quand la pandémie a commencé, la première chose à laquelle nous avons pensé à la CPME c’était les trois choses à protéger : nos salariés, les entreprises (les personnes morales) et les entrepreneurs (les personnes physiques, les chefs d’entreprises). Un grand nombre de chefs d’entreprises de PME et de TPE sont ce qu’on appelle des travailleurs non-salariés. Ils n’ont pas de bulletins de salaire et si l’entreprise s’arrête, leurs vies aussi s’arrête et n’ont plus de rémunération.
Un chef d’entreprise surtout lorsqu’il n’a pas de salariés, engage tout dans son entreprise.
Un chef d’entreprise met toutes ses tripes dans son entreprise. Lorsque l’entreprise s’arrête, c’est le grand vide. S’il n’y a plus de recettes, la première victime sera le chef d’entreprise par son statut de non-salarié. Nous avons découvert qu’il y en avait un peu plus de trois millions en France. C’est compliqué de trouver un système pour les protéger. S’est donc mis en place, le fonds de solidarité sur lequel la CPME a été bien évidemment très proactive. Si on savait comment protéger les salariés à travers le dispositif du chômage de longue durée et si on savait comment protéger les entreprises (les personnes morales) à travers des décalages de charges sociales fiscales, de remboursement d’emprunt et le fameux prêt garanti par l’État, protéger les travailleurs non-salariés était beaucoup plus complexe.
Aujourd’hui, on peut dire que globalement la France a pris soin de ses enfants. Pendant cette période où l’économie s’est arrêtée, que l’on fût retraité, salarié du secteur marchand, fonctionnaire ou même demandeur d’emploi, les aides continuaient à tomber à la fin du mois.
Les mesures de soutien se sont arrêtées petit à petit, hormis pour quelques les secteurs encore fermés administrativement, par exemple les boîtes de nuit. Pour le reste, nous devons vivre et c’est normal, de nos clients et du chiffre d’affaires.
Le problème dans certains secteurs d’activités c’est lorsque la clientèle n’est pas au rendez-vous. Vous avez beaucoup de mal à équilibrer recette et dépense d’autant plus que pour tenir pendant cette pandémie, vous vous êtes fortement endettés. Près de 75 % des aides accordées aux entreprises sont pour les trois quarts d’entre elles, de la dette qu’il va falloir rembourser.
On rappelle que c’est l’État qui a imposé la fermeture de commerces momentanément. Pour compenser cela, l’État a prêté de l’argent. Aujourd’hui, ces crédits sont à rembourser. Faut-il s’attendre à une hécatombe ?
La sinistralité va augmenter : les dépôts de bilan vont augmenter. Lorsque globalement tout ne va pas trop mal, vous avez en France environ un peu plus de 50 000 entreprises défaillantes tous les ans. Dans une période où l’économie s’est arrêtée, nous sommes descendus en dessous de 30 000 dépôts de bilan annuel sur 2020 et 2021. Par conséquent, nous sommes dans une situation complètement paradoxale, où l’économie s’est arrêtée et où finalement la sinistralité a eu elle aussi un sérieux coup d’arrêt.
Pourquoi ? Parce que tout simplement, nous n’avons pas assigné les entreprises à ce qu’elles devaient.
L’URSSAF, par exemple, n’a pas réclamé son dû. D’autre part, des mesures d’étalement des dettes et des mesures de prêt ont été garanties par l’État pour faire face aux échanges que l’on devait payer. Aujourd’hui, nous allons nous retrouver dans le temps normal où il faut rembourser tout cela.
Ce qui est à craindre c’est que même une entreprise qui avait un modèle économique viable avant la pandémie se retrouve avec un tel niveau de dettes qu’elle risque d’avoir beaucoup de mal à rembourser, même avec une activité florissante. Ce que nous craignions à la CPME c’est que les entreprises zombies vont tomber parce qu’elles auraient dû tomber en temps normal. La sinistralité va donc augmenter, mais nous craignons que même des entreprises qui avaient un modèle économique viable risquent elles aussi de mettre un genou à terre, si on n’arrive pas à augmenter les mesures de soutien à savoir étaler le remboursement du prêt garanti par l’État, sur un délai au-delà de ce qui est prévu aujourd’hui c’est-à-dire quatre ans.
Marc Eynaud, Boulevard Voltaire
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