Enquête d’un journal suisse : « Comment les sauveteurs de migrants collaborent avec les passeurs »

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Conversations enregistrées en secret, lecture de messages Whatsapp et de mails ainsi que des écoutes téléphoniques : Les enquêteurs italiens ont rassemblé des preuves selon lesquelles les organisations humanitaires collaboreraient avec les passeurs.

Depuis environ cinq ans, des allégations circulent selon lesquelles des bateaux de sauvetage d’organisations humanitaires collaborent avec les trafiquants d’êtres humains en Méditerranée. Le “SonntagsZeitung” s’est entretenu avec trois passeurs libyens. Ils confirment qu’il existe des contacts entre les trafiquants d’êtres humains et les bateaux de sauvetage. Ils veulent ainsi s’assurer que leurs “clients”, les migrants, arrivent réellement en Italie.

De grandes organisations non gouvernementales comme Médecins sans Frontières ou Save the Children démentent l’existence d’une telle coopération.

Les témoignages des passeurs étayent les reproches du parquet de Trapani, en Sicile, à l’encontre des organisations humanitaires. Ainsi, dans une douzaine de cas, les passeurs ont amené les migrants directement aux bateaux de sauvetage et sont ensuite repartis vers la Libye avec des bateaux vides.

Comme l’écrit le journaliste Kurt Pelda (57 ans), lauréat de plusieurs prix et journaliste au “SonntagsZeitung”, les ONG ont publié sur Internet des photos des opérations de sauvetage, notamment pour générer des dons. Certaines de ces photos les incriminent. Par exemple, lorsque l’on voit des passeurs qui amènent les migrants vers les bateaux de sauvetage.

L’équipage du bateau Vos Hestia de l’organisation britannique Save the Children (Sauvez les enfants) a filmé un tel sauvetage le 13 octobre 2017. Deux petites embarcations avec trois passeurs et 21 migrants à bord rencontrent les sauveteurs de Save the Children, à quelques kilomètres seulement au nord des côtes libyennes.

Tout cela est documenté par des images que le parquet de Trapani en Sicile a mises en lumière au cours d’une enquête complexe, répartie sur environ 650 pages de dossier.

Les Italiens ont également eu recours à des agents infiltrés. Grâce à des micros cachés, la police a enregistré d’innombrables conversations à bord des bateaux d’ONG, écouté des appels téléphoniques et lu des communications Whatsapp des sauveteurs.

Selon le “SonntagsZeitung”Save the Children protège les passeurs des poursuites judiciaires. Ainsi, les règles d’engagement écrites de l’organisation humanitaire, dont le “SonntagsZeitung” a eu connaissance, stipulent : “Save the Children ne répond pas à la demande de remise de matériel photo/média dans le but d’identifier les trafiquants d’êtres humains, etc.”.

Fin octobre 2017, la police italienne a perquisitionné le Vos Hestia et a confisqué de nombreux appareils électroniques. Peu après, Save the Children a annoncé la fin de ses opérations de sauvetage en Méditerranée. Selon les recherches, une situation similaire s’est produite lors des opérations de sauvetage de Médecins sans Frontières (MSF).

Il est également reproché aux organisations humanitaires de savoir que des passeurs se trouvent eux-mêmes parmi les migrants. A l’arrivée en Italie, les sauveteurs n’auraient cependant pas dit que de tels criminels se trouvaient à bord.

Blick.ch

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