Bernard Carayon, sur les aménagements pour le ramadan dans le Tarn : « Cette autorisation préfectorale est une soumission de l’État à une pratique religieuse »

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À l’occasion du ramadan, les forces de l’ordre ont reçu pour consigne de la préfecture du Tarn de ne « pas verbaliser les personnes qui circuleront jusqu’à 22 heures pour pratiquer l’aumône islamique et à partir de 5 heures, pour la prière du matin ». Un deux poids deux mesures face au couvre-feu qui suscite la colère de nombreux élus. La préfète , depuis, revu ses consignes.

Réaction du maire de Lavaur, Bernard Carayon, qui a dénoncé cette affaire.

Dans le Tarn, la préfecture a donné des consignes de non-verbalisation des musulmans qui pratiqueraient l’aumône jusqu’à 22 heures durant le ramadan. Vous avez soulevé ce problème…

J’ai découvert cette autorisation très étonnante dans le Journal d’ici, un hebdomadaire tarnais. J’ai appelé son rédacteur en chef qui m’a confirmé avoir eu cette information de la part des policiers et des gendarmes. Il s’est ensuite fait confirmer cette information par un proche collaborateur de la préfète. Sur les réseaux sociaux, j’ai marqué mon entière désapprobation. Cela pose plusieurs problèmes. D’abord, une discrimination au profit d’une religion. Ensuite, cela pose un problème technique et humain pour la vérification des musulmans, comment les identifier ? Cela s’appelle de la vérification au faciès.

Toute personne surprise dehors entre 19 heures et 22 heures, on peut dire qu’elle fait le ramadan…

Des amis m’ont téléphoné ce matin pour me dire : chouette, je me convertis chaque jour entre 19 heures et 22 heures ! Il y a un troisième problème : la soumission de l’État à une pratique religieuse. Maurice Couve de Murville aurait dit : « Ce n’est pas convenable ! »

Cette décision relève-t-elle de la seule préfète du Tarn ou bien est-ce une décision gouvernementale ? Je crois savoir que c’est une directive nationale, mais je n’en ai pas la confirmation. Depuis, la préfète a fait volte-face. Elle dit que les forces de l’ordre ont mal compris ou n’ont pas compris ses consignes de tolérance sur le couvre-feu. Cela signifie que les forces de l’ordre auraient interprété de manière stupide les consignes. Malheureusement, je crois que les forces de l’ordre avaient très bien compris. Beaucoup ont été choqués sur le principe et sur la forme.

Que signifie ce deux poids deux mesures de l’État vis-à-vis de la religion musulmane ?

C’est de la soumission. Je n’ai pas le souvenir qu’à Pâques, le ministère de l’Intérieur ait fait des aménagements favorables pour les célébrations des chrétiens, liées à l’identité de la France depuis 1.500 ans. De manière parallèle, les catholiques et les juifs bénéficieraient-ils, dans les pays musulmans comme l’Algérie, d’un traitement de discrimination positive ? Que l’État, en France, se comporte de cette manière, c’est désespérant ! Pour se garder du désespoir, il faut construire les conditions du changement.

Bernard Carayon, Boulevard Voltaire

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