. Comment maquiller le naufrage abyssal de l’Ukraine en semi-défaite

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Articles     : Nov. 2023Oct. 2023Sept 2023Aout 2023 – Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews

++ WEBTUBE : Le texte de Foreign Affairs qui va suivre, c’est la parfaite illustration de l’arrogance de l’Occident, incapable d’accepter la défaite de l’Ukraine et donc celle de l’Otan.Les moins obtus ayant enfin compris que cette guerre est ingagnable pour Kiev, tout le problème des Occidentaux va être de maquiller ce nouveau désastre otanien, bien pire que celui subi en Afghanistan, en semi-défaite qui n’a rien de définitif, en match nul donc. Les faucons de Washington osent tout. Le texte que nous retransmet Bruno Bertez dans le lien ci-dessous est un monument d’hypocrisie, un chapelet d’âneries tellement grotesque qu’on comprend pourquoi l’Amérique a perdu toutes ses guerres.

L’article complet :

Le texte de Foreign Affairs qui va suivre, c’est la parfaite illustration de l’arrogance de l’Occident, incapable d’accepter la défaite de l’Ukraine et donc celle de l’Otan.

Les moins obtus ayant enfin compris que cette guerre est ingagnable pour Kiev, tout le problème des Occidentaux va être de maquiller ce nouveau désastre otanien, bien pire que celui subi en Afghanistan, en semi-défaite qui n’a rien de définitif, en match nul donc. Les faucons de Washington osent tout.

Le texte que nous retransmet Bruno Bertez dans le lien ci-dessous est un monument d’hypocrisie, un chapelet d’âneries tellement grotesque qu’on comprend pourquoi l’Amérique a perdu toutes ses guerres.

On ne le dira jamais assez mais c’est l’Armée Rouge qui a détruit 80 % de l’armée allemande et a gagné la Seconde Guerre mondiale. Ce sont 3,2 millions de soldats allemands qui sont tombés en Russie. Sans le sacrifice titanesque du peuple russe, aucun soldat Allié n’aurait pu débarquer en Normandie.

Ensuite, les Américains ont bien gagné la guerre du Pacifique, mais en rasant deux villes japonaises, vitrifiant hommes, femmes, enfants, bébés et vieillards sans aucun état d’âme. Sans l’arme atomique, une invasion du Japon aurait été autrement plus coûteuse en vies humaines pour les États-Unis. Cette “victoire” est donc un crime contre l’humanité inégalé.

Ailleurs, Corée, Vietnam, Irak, Afghanistan, ce ne sont que débâcles et débandades. En Corée, le feu couve toujours après 70 ans de tensions permanentes.

Voici le texte qui refuse de reconnaître la débâcle occidentale, avec commentaires en rouge.

Redéfinir le succès en Ukraine

par Richard Haass et Charles Kupchan

Le titre à lui seul montre combien la cuisante défaite de l’Otan est dure à avaler

La contre-offensive de l’Ukraine semble être au point mort, au moment même où le temps pluvieux et froid met fin à la deuxième saison de combats dans les efforts de Kiev pour inverser l’agression russe. L’agresseur, c’est Kiev, qui persécute le peuple russe du Donbass depuis 2014, en refusant d’appliquer les accords de Minsk. Moscou n’est intervenue qu’à l’appel au secours des autorités du Donbass.

Dans le même temps, la volonté politique de continuer à fournir un soutien militaire et économique à l’Ukraine a commencé à s’éroder aux États-Unis comme en Europe.

Ces circonstances nécessitent une réévaluation globale de la stratégie actuelle que poursuivent l’Ukraine et ses partenaires.

Une telle réévaluation révèle une vérité inconfortable : à savoir que l’Ukraine et l’Occident sont sur une trajectoire non durable, caractérisée par une inadéquation flagrante entre les fins et les moyens disponibles. En clair, les stocks d’armements de l’Otan sont à sec.

Les objectifs de guerre de Kiev – l’expulsion des forces russes du territoire ukrainien et la restauration complète de son intégrité territoriale, y compris la Crimée – restent juridiquement et politiquement inattaquables. Mais stratégiquement, ils sont hors de portée, certainement dans un avenir proche et probablement au-delà. Il fallait être bien naïf pour croire que l’Ukraine pourrait récupérer la Crimée. L’ours russe est invincible. C’était écrit depuis le 24 février 2022. Mais l’arrogance de Washington rend les Américains aveugles et idiots.

Le moment est venu pour Washington de diriger les efforts visant à forger une nouvelle politique qui fixe des objectifs réalisables et aligne les moyens et les fins.

Les États-Unis devraient entamer des consultations avec l’Ukraine et ses partenaires européens sur une stratégie centrée sur la volonté de l’Ukraine de négocier un cessez-le-feu avec la Russie et de faire passer simultanément son accent militaire de l’offensive à la défense. De toutes façons, les négociations se feront aux conditions du Tsar et certainement pas selon la volonté du vaincu.

Kiev ne renoncerait pas à restaurer l’intégrité territoriale ni à tenir la Russie économiquement et juridiquement responsable de son agression, mais elle reconnaîtrait que ses priorités à court terme doivent passer de la tentative de libérer davantage de territoire à la défense et à la réparation de plus de 80% du territoire du pays qui est toujours sous son contrôle. Il n’y aura aucune restitution de territoire. L’Ukraine sera dépecée à l’Est par les Russes, à l’Ouest par les Polonais, les Roumains et les Hongrois. La seule inconnue à ce jour est de savoir si Poutine veut avaler un territoire de Kharkov à la Transnistrie pour assurer la sécurité en mer Noire.

La Russie pourrait bien rejeter l’offre de cessez-le-feu de l’Ukraine. Mais même si le Kremlin se montre intransigeant, le passage de l’Ukraine de l’offensive à la défense limiterait la perte continue de ses soldats, lui permettrait de consacrer davantage de ressources à la défense et à la reconstruction à long terme et de renforcer le soutien occidental en démontrant que Kiev dispose d’une stratégie viable visant des objectifs réalisables. Alors que les pertes sont huit fois supérieures côté ukrainien que côté russe, ce ne sont pas les débris de l’armée ukrainienne qui renverseront la situation, quelle que soit la stratégie.

À plus long terme, ce pivot stratégique montrerait clairement à la Russie qu’elle ne peut pas simplement espérer survivre à l’Ukraine et à la volonté de l’Occident de la soutenir. Cette prise de conscience pourrait éventuellement convaincre Moscou de passer du champ de bataille à la table des négociations – une décision qui serait à l’avantage ultime de l’Ukraine, puisque la diplomatie offre la voie la plus réaliste pour mettre fin non seulement à la guerre mais aussi, à long terme, à l’occupation russe de l’Ukraine. On croit rêver. Ce n’est pas la Russie qui montre des signes d’essoufflement mais l’Otan. La Russie a encaissé les 12 trains de sanctions sans broncher et son industrie de l’armement tourne à plein, produisant davantage que la coalition de 50 nations qui soutient l’Ukraine. Enfin, croire que Moscou va lâcher la “Petite Russie” relève de la naïveté la plus grossière.

La situation actuelle sur le champ de bataille donne une image du verre à moitié plein et du verre à moitié vide. ???? Il me semble que c’est bien Poutine qui occupe 20 % du territoire ukrainien et non l’inverse !

D’un côté, l’Ukraine a fait preuve d’une détermination et d’une habileté stupéfiantes, non seulement niant la tentative de la Russie de la soumettre, mais reprenant également une partie considérable du territoire saisi par la Russie l’année dernière. Rappelons que le repli tactique de Moscou depuis Kiev vers le Donbass était la sagesse même, dès lors que Poutine a compris que l’Otan entrait dans la danse et refusait que Kiev capitule. L’armée ukrainienne n’a repris que des territoires abandonnés sciemment par Moscou. Assez de fanfaronnades.

De l’autre côté du tableau se trouvent les énormes coûts humains et économiques de la guerre et le fait que la Russie a réussi, du moins pour l’instant, à recourir à la force pour s’emparer d’une partie importante du territoire ukrainien.

Malgré la contre-offensive tant annoncée de l’Ukraine, la Russie a en réalité gagné plus de territoire au cours de l’année 2023 que l’Ukraine. Dans l’ensemble, aucune des deux parties n’a réalisé de progrès significatifs. Les forces ukrainiennes et russes se sont battues jusqu’à l’impasse : une impasse s’est installée. Il n’y a pas d’impasse. Les Russes ont l’initiative sur les 1000 km de front et possèdent des réserves en hommes et matériels quasi illimitées. Côté ukrainien, c’est le néant.

Que faut-il donc faire ?

Une option pour l’Occident serait de faire davantage de même, en continuant à fournir une quantité énorme d’armes à l’Ukraine dans l’espoir que cela permettra à ses forces de vaincre celles de la Russie. Comme dit Poutine, “Ils peuvent toujours essayer”.

Le problème est que l’armée ukrainienne ne montre aucun signe de capacité à percer les formidables défenses russes, quelles que soient la durée et l’intensité des combats. La défense a tendance à avoir l’avantage sur l’offensive, et les forces russes sont retranchées derrière des kilomètres de champs de mines, de tranchées, de pièges et de fortifications. Enfin une analyse lucide !

L’Occident peut envoyer davantage de chars, de missiles à longue portée et, à terme, d’avions de combat F-16. Mais il n’existe pas de solution miracle capable de renverser la tendance sur le champ de bataille. Vrai, les chars de l’Otan sont des cercueils roulants et les F-16 ne peuvent rivaliser avec les Sukhoï et les Mig russes de 5e génération.

Comme l’a récemment admis Valéri Zaloujny, le plus haut général ukrainien, «il n’y aura probablement pas de percée profonde et belle». Nous en sommes là sur le champ de bataille en Ukraine, et là où nous en sommes, cela ressemble au mieux à une impasse coûteuse.

Le temps ne jouera pas en faveur de l’Ukraine si une guerre de haute intensité se prolonge indéfiniment. L’économie russe et sa base industrielle de défense sont sur le pied de guerre. Moscou importe également des armes de Corée du Nord et d’Iran et a accès à des biens de consommation contenant des technologies qu’elle peut réutiliser à des fins militaires. Si la Russie devait renforcer sa présence militaire en Ukraine, elle disposerait d’un important réservoir de main-d’œuvre sur lequel s’appuyer. La Russie a également trouvé de nouveaux marchés pour son énergie, alors que les sanctions n’ont eu qu’un effet modeste sur l’économie russe. Poutine semble politiquement sûr et contrôle les leviers du pouvoir, depuis l’armée et les services de sécurité jusqu’aux médias et au discours public. Voilà qui est bien dit. Le problème est qu’il fallait y penser avant, sans envoyer des centaines de milliers d’Ukrainiens à l’abattoir. Car tout cela était écrit dès février 2022 : la Russie est invincible compte tenu de sa supériorité technologique écrasante.

La Russie a en fait gagné plus de territoire en 2023 que l’Ukraine. Oui

Pendant ce temps, en Ukraine, des soldats et des civils continuent de perdre la vie en grand nombre, l’armée brûle ses stocks d’armes et l’économie a diminué d’environ un tiers (même si elle commence à montrer des signes de croissance). L’Ukraine perd 20 000 soldats tués par mois. Nous en sommes sans doute au delà de 400 000 morts depuis le début de la guerre et plus de 100 000 tués dans la contre offensive depuis le 4 juin 2023.

Parmi les partisans occidentaux de l’Ukraine, la lassitude envers l’Ukraine commence à peser sur leur volonté de maintenir le flux de soutien à Kiev. Les États-Unis restent au cœur de la fourniture de l’aide occidentale à l’Ukraine, mais l’opposition à l’octroi d’une aide supplémentaire importante se fait croissante au sein du Parti républicain, déjouant jusqu’à présent les demandes de nouveaux financements de l’administration Biden. Compte tenu qu’une partie de l’aide enrichit Zelensky et ses oligarques et alimente leurs comptes off-shore, on comprend la lassitude des Occidentaux à alimenter un puits sans fond, et sans le moindre gain territorial. 400 000 morts et 200 milliards partis en fumée en pure perte.

Le principal candidat à l’investiture républicaine à la présidentielle, l’ancien président Donald Trump, a toujours pris le parti de la Russie et pris ses distances avec les partenaires des États-Unis, notamment l’Ukraine. Le fait que Trump devance Biden dans les sondages dans les États clés ne fait qu’ajouter à l’incertitude quant à la trajectoire de la politique américaine. Et l’hésitation du soutien américain à l’Ukraine va accroître l’hésitation en Europe, où un membre de l’UE, la Slovaquie, a déjà décidé de cesser de fournir une aide militaire à Kiev. Je ne sais pas ce que fera Trump s’il est élu, mais je sais qu’il préfère le business à la guerre.

L’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et le conflit qui a suivi à Gaza ont également attiré l’attention du monde entier, reléguant la guerre en Ukraine au second plan. Le problème n’est pas seulement que Washington est distrait ; l’armée américaine ne dispose que de ressources limitées et la base industrielle de défense américaine a une capacité de production bien trop limitée. Exact. Alors que l’industrie de l’armement russe dans l’Oural tourne à plein.

Les États-Unis sont à bout de forces car ils soutiennent deux partenaires engagés dans des guerres chaudes. Les analystes de la défense déclarent déjà que la stratégie de défense du pays est «insolvable», comme le dit une récente étude de RAND ; d’autres soutiennent que les États-Unis devraient consacrer leur attention et leurs ressources aux défis stratégiques dans l’Indo-Pacifique. Sous-estimer l’ours russe et surestimer l’Otan a été un très mauvais calcul.

Il ne sera pas politiquement facile, ni pour l’Ukraine ni pour l’Occident, de faire face à ces sombres réalités stratégiques. Mais il est de loin préférable que Kiev et ses partisans adoptent une nouvelle stratégie qui rééquilibre les fins et les moyens plutôt que de continuer à suivre une voie qui a conduit à une impasse – et qui pourrait, d’ici peu, entraîner un déclin brutal dans le soutien occidental à l’Ukraine. Autrement dit, on continue la guerre et l’escalade, à condition que Kiev adopte une stratégie défensive ? Voilà qui est totalement incohérent après le constat de la supériorité de la Russie qui vient d’être développé. Mais nier la défaite actuelle en faisant traîner le conflit ne changera rien à l’issue de la guerre. 400 000 tués n’est-ce pas suffisant ?

Renverser les rôles

Washington doit prendre l’initiative de lancer des consultations avec l’Ukraine et ses alliés occidentaux visant à persuader Kiev de proposer un cessez-le-feu tout en passant d’une stratégie offensive à une stratégie défensive. L’Occident ne devrait pas faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle renonce à restaurer ses frontières de 1991 ou à tenir la Russie pour responsable des morts et des destructions causées par son invasion. Elle doit néanmoins chercher à convaincre les Ukrainiens qu’ils doivent adopter une nouvelle stratégie pour poursuivre ces objectifs. ???? Que signifie ce charabia ? Poutine ne reculera jamais. L’Ukraine est exsangue, l’Otan se lasse, mais Kiev devrait donc conserver les mêmes objectifs tout en adoptant une stratégie défensive ? C’est grotesque. Si l’Ukraine ne peut plus se battre, faute de soutien, elle doit capituler.

Un cessez-le-feu sauverait des vies, permettrait à la reconstruction économique de démarrer et permettrait à l’Ukraine de consacrer les armes occidentales entrantes à investir dans sa sécurité à long terme plutôt que de dépenser rapidement ses armes sur un champ de bataille dans l’impasse. Les termes précis d’un cessez-le-feu – le moment, l’emplacement exact d’une ligne de contact, les procédures de retrait des armes et des forces, les dispositions relatives à l’observation et à l’application – devraient être élaborés sous une large supervision internationale, la plupart du temps probablement sous les auspices des Nations unies ou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Encore du charabia. Est-ce qu’on demande à Poutine de figer la ligne de front comme en Corée, tandis que Kiev conserverait ses objectifs de reconquête ? Ce que veut Poutine, ce sont des garanties de sécurité pour la Russie et les territoires conquis. Pas question d’Otan pour l’Ukraine et désarmement complet du pays. Quant aux territoires annexés, ils sont russes jusqu’à la fin des temps.

Un cessez-le-feu n’entrerait en vigueur que si l’Ukraine et la Russie en acceptaient les termes. L’obéissance de Moscou n’est pas exclue. Les forces russes ont subi de lourdes pertes sur le champ de bataille, et l’acte d’agression du Kremlin s’est clairement retourné contre lui, en renforçant l’OTAN, la cohésion transatlantique et la détermination de l’Ukraine à se libérer à jamais de la sphère d’influence russe. Poutine pourrait bien saisir l’occasion pour arrêter l’effusion de sang et tenter de sortir la Russie du froid. Là c’est le pompon ! Autrement dit, c’est Poutine qui serait aux abois et c’est l’Otan qui sort renforcée de la défaite ? Apparemment, les auteurs n’ont pas vu que le Sud global joue la carte russe et que les BRICS sont passés de 5 à 11 membres, avec une longue file d’attente d’autres pays demandeurs.

Il est cependant bien plus probable que Moscou rejette une proposition de cessez-le-feu. Poutine nourrit toujours de vastes objectifs de guerre en Ukraine et semble croire que la Russie a plus de pouvoir que l’Ukraine. Il suit sans aucun doute de près les sondages d’opinion aux États-Unis indiquant que le retour de Trump à la Maison-Blanche est une possibilité réaliste, une issue qui affaiblirait sûrement, voire mettrait fin, au soutien américain à l’Ukraine. Même si le Kremlin voulait éviter de rejeter catégoriquement une proposition de cessez-le-feu afin d’éviter les conséquences sur sa réputation, il pourrait riposter avec des conditions qui seraient certainement inacceptables pour l’Ukraine et l’Occident. Ce qui est inacceptable pour Poutine, c’est une Ukraine dans l’Otan avec des fusées aux frontières de la Russie. Trump ou pas, c’est Poutine qui fixera les conditions d’une paix durable.

L’Ukraine doit adopter une stratégie défensive.

Pourtant, en fin de compte, tenter de négocier un cessez-le-feu entre Kiev et Moscou vaut moins le coup pour ce qu’il permettrait d’accomplir que pour ce qu’il révélerait. Même si la Russie devait rejeter une proposition de cessez-le-feu, il serait toujours logique que Kiev en propose un. Cela permettrait à l’Ukraine de prendre l’initiative politique, rappelant aux opinions publiques occidentales et au-delà que cette guerre reste une guerre d’agression russe. Le rejet d’un cessez-le-feu par le Kremlin aiderait les gouvernements occidentaux à maintenir et à renforcer les sanctions contre la Russie et aiderait l’Ukraine à obtenir un soutien militaire et économique à long terme. Encore une fois, la Russie peut tenir des années et n’a engagé qu’une infime partie de son potentiel de combat, ce qui n’est pas le cas de l’Ukraine. Et on voit mal l’Otan, déjà à court de munitions, prolonger la guerre inutilement puisque la victoire de Kiev est impossible, sauf à engager une troisième guerre mondiale, ce que personne ne veut.

Qu’un cessez-le-feu s’installe ou non, l’Ukraine doit s’orienter vers une stratégie défensive, s’éloignant de sa stratégie offensive actuelle. L’approche actuelle de Kiev est caractérisée par des coûts élevés et de faibles perspectives, ce qui place les Ukrainiens dans la position délicate de demander une aide occidentale illimitée au nom d’un effort dont les chances de succès sont réduites. Il faut capituler, c’est la seule issue raisonnable.

L’Ukraine devrait plutôt se concentrer sur le maintien et la reconstruction du territoire qu’elle contrôle actuellement, en inversant l’équation offensive-défense et en plaçant la Russie dans la position de devoir supporter les coûts exorbitants liés à la conduite d’opérations offensives contre les forces ukrainiennes bien retranchées et contre les forces aériennes élargies. Une guerre de position sans fin ? Poutine ne se satisfera pas d’un statu quo alors qu’il est victorieux sur le terrain. Il voudra au minimum la Novorossia et des garanties de sécurité durables. L’Ukraine n’a ni artillerie, ni aviation suffisantes pour continuer la guerre, quelle que soit la stratégie.

Même si elle passait à une stratégie défensive le long des lignes de front, l’Ukraine pourrait continuer à utiliser des armes à longue portée, des moyens navals et des opérations secrètes pour frapper les positions russes dans les zones arrière et en Crimée, augmentant ainsi le coût de la poursuite de l’occupation. Et si des preuves claires apparaissaient démontrant que la capacité ou la volonté militaire de la Russie faiblissait, l’Ukraine conserverait la possibilité de revenir à une stratégie plus offensive. Comme si Poutine allait rester les bras croisés et prendre des coups sans les rendre.

Un changement de stratégie dans ce sens renverserait la situation en Russie, obligeant ses forces à accomplir quelque chose dont elles ont jusqu’à présent montré qu’elles étaient incapables de le faire : des opérations offensives interarmes efficaces. Dans le même temps, ce changement permettrait d’économiser des vies et de l’argent aux Ukrainiens et de réduire leurs besoins de défense vis-à-vis de l’Occident, ce qui pourrait s’avérer essentiel si le soutien américain diminuait et que l’Europe devait en supporter la charge. L’Ukraine serait bien avisée de consacrer les ressources qu’elle reçoit à sa sécurité et à sa prospérité à long terme au lieu de les dépenser sur le champ de bataille pour peu de gains. C’est vraiment prendre la meilleure armée du monde pour un ramassis de bons à rien. Mais qui occupe 20 % du territoire ennemi, les Russes ou les Ukrainiens ? Qui tient tête à une coalition de 50 nations, Poutine ou le Saint-Esprit ?

Persuader le président ukrainien Volodymyr Zelensky et l’opinion publique ukrainienne de changer de cap ne serait pas une tâche facile, compte tenu de la justice de leur cause et de tout ce qui a déjà été sacrifié. Mais la réalité est que ce qui a commencé comme une guerre nécessaire pour l’Ukraine – un combat pour sa survie même – s’est transformé en une guerre de choix, un combat pour reconquérir la Crimée et une grande partie de la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Il fallait respecter les accords de Minsk au lieu de persécuter les populations russes du Donbass, il n’y aurait pas eu de guerre. Mais Biden voulait cette guerre.

Ce n’est pas seulement une guerre impossible à gagner ; c’est également un projet qui risque de perdre le soutien occidental au fil du temps. Il est bien plus logique pour l’Ukraine de veiller à ce que la majeure partie du pays sous le contrôle de Kiev devienne une démocratie prospère et sûre plutôt que de risquer l’avenir de la nation dans un effort militaire de longue haleine visant à récupérer un territoire encore sous contrôle russe. L’émergence de l’Ukraine en tant que démocratie prospère, résiliente et capable de se défendre constituerait une défaite retentissante pour l’ambition russe. J’ai du mal à suivre. Donc Kiev laisserait tomber la Crimée et le Donbass pour se consacrer à son développement, ce qui serait une cuisante défaite pour Moscou ? C’est bien ça ?

Un meilleur pari

Les amis occidentaux de l’Ukraine peuvent et doivent adoucir ce qui serait une pilule amère pour les Ukrainiens. Les États-Unis et certains membres de l’OTAN (une coalition d’amis volontaires de l’Ukraine) devraient s’engager non seulement à apporter une aide économique et militaire à long terme, mais également à garantir l’indépendance de l’Ukraine. Cet engagement serait calqué sur l’article 4 du Traité de l’OTAN, qui prévoit des consultations immédiates chaque fois que «l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité» d’un membre est menacée. L’Union européenne, qui a récemment annoncé son intention d’entamer des négociations d’adhésion avec Kiev, devrait accélérer le calendrier d’adhésion de l’Ukraine et lui proposer entre-temps un accord spécial «EU-lite». Les alliés occidentaux devraient également indiquer clairement que la plupart des sanctions contre la Russie resteraient en vigueur jusqu’à ce que les forces russes quittent l’Ukraine, et qu’elles aideraient l’Ukraine à restaurer son intégrité territoriale à la table des négociations. On verra ce qu’il restera de l’Ukraine après la guerre. Mais jamais Poutine n’acceptera que Kiev intègre l’Otan. Quant à l’UE, elle fait tout pour s’élargir à des pays misérables et corrompus qui vont la ruiner un peu plus, faisant d’elle le déversoir de toute la misère du monde.

Il est fort possible que les perspectives d’un cessez-le-feu mutuellement convenu et de négociations ultérieures sur le territoire s’améliorent sensiblement après l’élection présidentielle de 2024 aux États-Unis. Si le vainqueur s’engage à poursuivre la solidarité transatlantique et à poursuivre les efforts visant à garantir la sécurité et la souveraineté de l’Ukraine, Poutine n’aurait aucune raison de présumer que le temps joue en faveur de la Russie. Mais les élections américaines auront lieu dans un an et elles pourraient aboutir à un résultat qui laisserait l’Ukraine dans le pétrin. Ni Washington ni Kiev ne devraient courir ce risque. Les États-Unis doivent travailler dès maintenant avec l’Ukraine pour s’orienter vers une nouvelle stratégie qui reflète les réalités militaires et politiques. Agir autrement, c’est parier de manière imprudente sur l’avenir de l’Ukraine. Ce ne sont pas les vaincus qui dictent leurs conditions. Poutine voit très bien que l’Ukraine est anéantie et que l’Otan vacille. C’est lui qui décidera du moment et des conditions de paix.

source : Foreign Affairs via Bruno Bertez

La conclusion de tout cela est que l’Otan n’a toujours pas pris la mesure de la situation. Il serait temps de comprendre que Poutine ne renoncera jamais à sa légitime ambition de protéger la Russie d’une agression otanienne. Or, entre 1990 et 2023, l’Otan est passée de 16 à 32 membres, pour encercler l’ours russe.

Par conséquent, si des gens raisonnables arrivent au pouvoir à Washington, des garanties de sécurité seront établies pour l’Europe. Mais si les va-t-en-guerre restent au pouvoir, la Russie sera en mesure de mener cette opération spéciale pendant très longtemps. Dans tous les cas, Poutine ne restituera jamais les territoires conquis.

Jacques Guillemain, Rioste Laïque

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