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Un maghrébin magique qui n’était pas vraiment magique ?
Imaginez la surprise.
Il se dépeint prodige des mathématiques, spécialiste en neurosciences biologie, géopolitique, informatique, philosophie, développement personnel et, plus récemment, en photographie, pour laquelle il propose des « masterclasses » à 60 euros. Mais Idriss Aberkane se présente en priorité comme « l’Hyperdoctor » qui a obtenu « trois doctorats » à 29 ans et qui signe « Ph. D, Ph. D & Ph. D ». Un argument massue qu’il brandit au nez de ses critiques. En réalité, son premier doctorat en diplomatie et « noopolitique » [NDLR : un terme qu’il a inventé] a été délivré par le Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris en 2013, dont les diplômes ne sont pas reconnus par l’Etat français. Sa thèse en littérature comparée, réalisée à l’université de Strasbourg en 2014 est valide. Mais celle en science de gestion et épistémologie appliquée, obtenue à l’université Paris-Saclay et préparée à l’Ecole polytechnique, ne tient plus qu’à un fil.
Cette dernière a été obtenue en 2016. Dès sa validation, Idriss Aberkane a demandé qu’un embargo de cinq ans soit appliqué afin de protéger « des lignes de codes » présentes dans le document. En 2021, la thèse est enfin consultable. Des curieux la lisent et découvrent les fameuses lignes dans le chapitre XIII, long de 47 pages. Surprise, pas de secret industriel, mais un copier-coller quasi intégral de la documentation d’un logiciel diffusée gratuitement sur Internet en 2015, comme L’Express l’a révélé en 2022. Alertées, l’université Paris-Saclay et l’Ecole polytechnique chargent le comité d’éthique de Polytechnique de mener l’enquête. Après plus de deux ans de délibérations, ponctuées de dizaines d’e-mails insultants et d’innombrables menaces de procès, Benoît Deveaud, à l’époque directeur de la recherche et président du comité d’éthique de Polytechnique, récemment parti à la retraite, accepte de dévoiler le résultat des investigations. Idriss Aberkane, lui, a toujours nié toute forme de plagiat et accuse M. Deveaud de mensonges. Entretien.
Certaines personnes nient rarement avoir commis des fautes même quand celles-ci sont avérées !
L’Express : Quel est le verdict de l’enquête pour soupçons de plagiat de la thèse d’Idriss Aberkane ?
Benoît Deveaud : Nous avons rendu notre verdict, à l’unanimité, le 2 septembre 2022. Nous avons d’abord constaté l’évidence, à savoir qu’Idriss Aberkane a plagié la quasi-totalité des 47 pages du chapitre XIII de sa thèse. Nous avons également pris acte du fait qu’Idriss Aberkane n’avait pas eu la moindre intention de discuter avec nous ni de reconnaître ses torts. Nous avons donc décidé, à l’unanimité, de proposer l’annulation de sa thèse. Cette décision a été transmise à la fois à l’Ecole polytechnique et à l’université Paris-Saclay. A ce jour, l’application de la sanction est encore en suspens.
Avant de revenir sur ce dernier point, pouvez-vous nous expliquer le processus qui a mené à votre décision ?
Nous sommes contactés en mars 2021 par un lanceur d’alerte qui suspecte un plagiat dans le chapitre XIII. Je réunis immédiatement la commission d’éthique et nous épluchons la thèse. Nous constatons le plagiat, évident, mais nous nous posons des questions. Pierre-Jean Benghozi, docteur en sciences des organisations, que j’avais nommé à la commission d’éthique des années avant toute cette affaire et qui a été le directeur de la thèse d’Idriss Aberkane, ne comprend pas que cet ancien élève, avec qui il entretenait d’excellentes relations, ait pu se livrer à un plagiat aussi grossier, voire qu’il ait tenté de le couvrir grâce à un embargo. Le 20 juin 2021 à midi, j’envoie donc un premier e-mail autoritaire, mais cordial, à Idriss Aberkane. A ce moment, nous pensions possible qu’il reconnaisse ses erreurs et se confonde en excuses, comme tout étudiant de bonne foi l’aurait fait, et nous nous préparions à trouver une solution à l’amiable.
Le mot excuse n’existerait-il pas en arabe dialectal marocain ?
Retirer sa thèse n’était donc pas la première solution envisagée ?
Les universités ne sont pas des organes de punition des doctorants. S’il avait fait amende honorable, s’il s’était excusé et avait accepté de modifier sa thèse, d’inscrire un erratum mentionnant le plagiat et de placer le chapitre XIII en annexe, la commission se serait sans doute montrée clémente. Nous sommes plus un organe de médiation que de sanction.
Pourtant, cela n’a pas été le cas. Pourquoi ?
Idriss Aberkane a répondu moins de deux heures après notre premier e-mail. A ma grande surprise, il a fait preuve d’une incroyable agressivité. Il a brandi des documents administratifs et affirmé que je n’étais pas compétent pour mener les investigations, oubliant que j’étais le directeur de la recherche de Polytechnique et qu’à ce titre j’étais parfaitement légitime à poser des questions d’éthique à n’importe quel chercheur des laboratoires de l’école. Il estimait encore que nos questions étaient des « élucubrations approximatives », le tout en mettant son avocat en copie et en nous menaçant de poursuites judiciaires et en concluant : « Messieurs, vous avez un devoir en retard à me rendre. »
Face à cette réponse inacceptable, Pierre-Jean Benghozi tombe de haut. Deux évidences s’imposent alors. La première est de réunir une commission chargée de prononcer une sanction. La deuxième est de se préparer aux menaces de procès et de s’assurer que le dossier est inattaquable. L’Ecole polytechnique et l’université Paris-Saclay s’accordent pour que nous prenions l’affaire en charge. Nous nous réunissons pour remettre les textes en forme – à cette époque, les juristes de Polytechnique sont surchargés par des affaires autrement importantes, et c’est seulement un an plus tard que des textes ficelés et signés par la direction de Polytechnique sont produits.
La commission se réunit donc le 2 septembre 2022 de manière officielle et incontestable. M. Benghozi, qui est une personne profondément honnête, annonce qu’il se retire des délibérations, afin d’éviter tout conflit d’intérêts. Le reste des membres se penchent sur la thèse et constatent le plagiat intégral du chapitre XIII, mais aussi qu’il y a très peu de copier-coller dans les autres parties de la thèse. Raison pour laquelle nous serions parvenus sans la moindre difficulté à une solution à l’amiable si nous avions pu calmement entrer en discussion avec lui.
Mais, entre juin 2021 et septembre 2022, j’ai échangé une trentaine d’e-mails avec Idriss Aberkane. Ses réponses ont été systématiquement agressives et insultantes à mon encontre et envers le président de l’Ecole polytechnique, qu’il a menacé de traîner en justice. Mais, surtout, il n’a jamais répondu sur le fond de l’affaire, c’est-à-dire le plagiat. J’ai présenté ces échanges à la commission d’enquête. Nous avons unanimement décidé d’écarter l’accord à l’amiable et de proposer l’annulation de sa thèse et de son doctorat.
Idriss Aberkane s’est donc tiré une balle dans le pied en refusant de s’expliquer et de répondre aux questions qui lui étaient posées ?
Tous les échanges étaient compliqués. Il a, par exemple, utilisé son ancienne adresse e-mail de l’Ecole polytechnique pour une publication dans laquelle il prétend avoir résolu la conjecture de Syracuse, un problème mathématique sur lequel les plus grands cerveaux de la planète butent [NDLR : ces travaux ne démontrent pas qu’il l’a résolue]. Je l’avais contacté afin de lui rappeler qu’il n’avait pas le droit d’utiliser une adresse d’une institution dont il n’était plus membre depuis des années, sans compter que les chercheurs voulant le contacter ne seraient pas en mesure de le faire (ce qui montre l’importance qu’il accorde au fait qu’on puisse débattre avec lui). Sa réponse par e-mail indiquait : « Votre intérêt pour cette ligne de mon article ne saurait m’étonner. Il s’agit bien de la seule ligne de cette publication que vous soyez en mesure de comprendre. »
Le plagiat a donc été officiellement constaté et la décision de lui retirer sa thèse a été prise. Pourquoi la sanction n’a-t-elle pas été appliquée ?
Il faut rappeler qu’Idriss Aberkane soutient sa thèse le 3 février 2016, un mois seulement après la fusion entre l’école doctorale de l’Ecole polytechnique et celle de l’université Paris-Saclay. Il a donc préparé sa thèse à Polytechnique, mais l’a obtenue à Paris-Saclay. A Polytechnique, toute la direction – le président, la générale et le provost – était prête à appliquer la sanction. Mais, dans le cas d’un manquement à l’intégrité scientifique, une procédure doit être suivie et un organe précis doit appliquer la sanction. Or, quand Idriss Aberkane soutient sa thèse, l’Ecole polytechnique possède des textes pour prononcer des sanctions contre les employés, les professeurs, les élèves en master… mais pas ceux en doctorat. Cet organe a été, depuis, mis en place. Mais de telles décisions ne sont pas rétroactives. Polytechnique n’ayant pas la capacité de rendre le jugement, elle a renvoyé le dossier à l’université Paris-Saclay, qui possédait un tel organisme, en février 2016. Mais la direction de Paris-Saclay n’a pas encore statué.
Pour quelle raison ?
Les juristes de Paris-Saclay estiment que c’est à Polytechnique d’appliquer la sanction parce qu’Idriss Aberkane n’a rejoint l’université qu’un mois seulement avant sa soutenance. Or Polytechnique n’a pas les moyens juridiques d’appliquer la sanction. Depuis, chacun reste sur ses positions et rien ne se passe.
Ont-ils peur de perdre un éventuel procès ?
Ils semblent avoir cédé face à la stratégie d’intimidation de M. Aberkane, qui se montre insultant aussi bien dans ses e-mails que sur les réseaux sociaux, où il saute sur n’importe quel prétexte pour faire croire que la procédure n’est pas légitime. Les services juridiques redoutent probablement que tous les arguments possibles soient utilisés et publiés sur Internet, ce dont ils ont horreur. Ils craignent sûrement le procès et estiment qu’ils ont d’autres affaires plus graves à traiter. Il faut aussi souligner que les équipes juridiques des universités ont peu de moyens et ne sont pas forcément outillées pour de tels procès. Mais je pense que cette affaire est importante et mériterait d’être traitée.
En mai dernier, Idriss Aberkane affirmait que vous aviez été « discrètement dégagé de la direction de la recherche de Polytechnique ». Vous a-t-on renvoyé à cause de l’enquête menée à son encontre ?
Ce message m’a beaucoup fait rire. Encore plus quand une personne lui a répondu que j’avais 70 ans, et que c’était peut-être normal que je prenne ma retraite. [Rires.] Et, effectivement, j’ai pris ma retraite à la fin de mon mandat, prévu pour six ans.
Toujours au mois de mai, il affirmait avoir porté plainte pour « faux en écriture publique (un crime passible de la cour d’Assises) » et pour « escroquerie en bande organisée ». Il vous accusait d’avoir « menti brutalement en inventant une fausse histoire de plagiat », le tout en n’excluant « pas la possibilité » que vous soyez « essentiellement faible d’esprit ou manipulé ». Qu’en pensez-vous ?
Encore une fois, nous n’avons en aucun cas considéré Idriss Aberkane comme a priori coupable. Ce sont ses réponses qui nous ont montré très clairement qu’il y avait de sa part une volonté de tromper le lecteur, et c’est bien ce que la commission d’éthique a décidé de sanctionner. Pour ce qui est du reste, je ne pense pas que de tels propos méritent la moindre réponse.
A priori, la presse n’aime pas beaucoup Aberkane, mais il n’en demeure pas moins un escroc (…) pour autant.
Quant à ces doctorats, ils ne valent rien. Les universités françaises en distribuent à des quantités énormes dans le cadre de leur politique de discrimination antiblanche officieuse. Une fois ces diplômes au rabais distribués, l’État et ses pseudopodes disséminent ces diplômés partout, dans les entreprises comme dans les administrations. Une fois installés, ils mettent en place d’extensifs systèmes de clientèles ethniques hermétiquement racistes.
C’est ainsi qu’inexorablement la France devient un état dysfonctionnel du type “Etat africain” comme les autres.
Cette sanction n’aura d’ailleurs aucune utilité, Aberkane se dira victime d’une cabale et ça suffira.
J’avais récemment regardé Lugan lors de son interview avec le susnommé et c’était affreux. Ce faisan n’arrêtait pas de couper Lugan pour faire du “name dropping” niveau 1ère année d’histoire. J’étais très en colère contre Lugan qui écoutait complaisamment ce fat se donner en spectacle.
Lugan étant pro-Maroc et très anti-Algérie, il y a évidemment des petits arrangements puisque Aberkane est un marocain extrêmement anti-algérien.
Lugan doit arrêter d’être pro-Maroc. Qu’il soit au moins neutre.
Source inspiré de D.P.