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Il y a d’abord le ressenti : des lieux touristiques déserts, dans plusieurs régions de France, une facilité à trouver une location au dernier moment, des terrasses de restaurants à moitié désertes. Une impression corroborée par quelques articles dans la presse régionale rendant compte du désarroi des professionnels, comme ce loueur de bateaux de plaisance à Agen pour qui, « en août, c’est du jamais-vu ». Visiblement, l’affluence ne serait pas au rendez-vous de cet été 2023, en France.
Et puis voilà que les premiers bilans chiffrés tombent, et ils ne sont objectivement pas bons pour juillet. Ouest-France le dit pour La Baule et parle même de « bilan inquiétant », mais aussi pour la région des Pays de la Loire où il est « frustrant ». Ailleurs, ce sont les mêmes expressions qui reviennent : « en demi-teinte », « mitigé ». En Occitanie, le comité régional du tourisme et des loisirs a publié une note de conjoncture sur la fréquentation touristique dans la région pour le mois de mois de juillet 2023 qui enregistre bien une baisse de 2 % des nuitées. Mais pour Brice Sannac, président de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière des Pyrénées-Orientales, « la baisse générale dans le département est de l’ordre de 10 à 30 % ». Même son de cloche dans les deux grandes régions touristiques voisines : selon Laurent Barthélémy, représentant de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie en Nouvelle-Aquitaine, interrogé par Le Monde, « dans les Landes et sur certaines parties de la Côte d’Azur, on enregistrait, début juillet, des baisses de l’ordre de 20 % à 25 % en moyenne de l’activité des établissements côtiers ». Hôtellerie, restaurations, loisirs : tous les secteurs semblent touchés. Et ce sont les régions du Sud, pour lesquelles le tourisme est vital, qui sont les plus durement touchées, comme le souligne 20 Minutes. Une seule région semble faire exception, la Bretagne, et pourtant, là encore, le comité régional du tourisme déplore « des annulations et des séjours écourtés, notamment dans les hôtels et les campings » et que « les réservations de dernière minute n’ont pas eu lieu ».
Le bilan du gouvernement, lui, comme toujours, est gonflé d’autosatisfaction. Publié dès le 28 juillet, il multipliait les éléments de langage pour masquer des chiffres de juillet que l’on sait mauvais, pariant sur août et septembre, avec la Coupe du monde de rugby comme locomotive. Loin de partager cet optimisme un brin volontariste, Laurent Barthélémy, cité par 20 Minutes, est plus réaliste : « Août est toujours très bon. Mais ce qui est perdu est perdu, ça ne peut pas se rattraper. »
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Quand il s’agit d’expliquer les raisons de cette désaffection, on retrouve le trio météo (canicule et refroidissement), inflation, changements d’habitude. Mais on cite très rarement, dans la presse, un quatrième motif qui a certainement éloigné les touristes : les émeutes. Comme si les touristes, étrangers et français, n’avaient pas assisté à ces journées de folie et reconsidéré leurs choix. RFI avait eu le courage, début juillet, de soulever le problème, en parlant de l’« image abîmée » de la France.
Loin de la communication idyllique du gouvernement, les professionnels de l’hôtellerie sont bien conscients de l’impact des émeutes. Pour Pascal Blaszczyk, vice-président régional de l’UMIH du Centre-Val de Loire, cité par France Bleu, « c’est la dégringolade avec la France mise sur les listes rouges par les tour-opérateurs avec les émeutes. Ils ont dissuadé les gens de venir en France. Et ça, ça nous a fait énormément de tort. »
La France émeutière d’Emmanuel Macron n’a pas été capable d’assurer la visite du roi d’Angleterre et a empêché le président de la République de se rendre en Allemagne. Elle inquiète aussi les touristes qui voient bien que la délinquance ne prend pas de vacances. À juste titre ou pas, cette inquiétude ? La question n’est pas là. C’est un nouveau signe de notre déclassement, même si le gouvernement, une fois de plus, regarde ailleurs.
Frédéric Sirgant, Boulevard Voltaire