Boulevard Voltaire
Je lance ici un appel à la FFRP, la Fédération française de randonnée pédestre : combien y a-t-il de septuagénaires encartés chez vous ?
Si j’en juge par le club auquel j’appartiens moi-même, ils sont très nombreux. Je n’évoque même pas les sexagénaires qui, j’en suis sûre, forment le gros des troupes. Je connais même quelques nonagénaires qui arpentent la montagne sans sourciller, font de la marche sportive, nagent en mer toute l’année et ne rechignent pas à chausser leurs skis de fond.
Ces gens-là sont en bien meilleure santé que tous ces adolescents en surpoids vautrés à l’entrée des lycées et collèges, les yeux rivés sur leur smartphone ; des gamins qui, à 15 ans, souffrent pour certains de pathologies de grands vieillards pour s’être, toute leur enfance, empiffrés de chips et de Nutella™. En bien meilleure santé, aussi, que ces trentenaires atteints du coronavirus par excès de Corona™, sportifs de canapé qui passent le dimanche en survêt’, rivés à leur télé.
Qu’importent ces considérations, le Président l’a dit lundi dernier : « Nous demanderons aux personnes les plus vulnérables, aux personnes âgées, en situation de handicap sévère, aux personnes atteintes de maladies chroniques, de rester confinées même après le 11 mai, tout au moins dans un premier temps. »
Avant qu’Emmanuel Macron ne s’exprime devant les Français aux abois, on avançait l’âge canonique de 65 ans. Son épouse Brigitte a fêté ses 67 ans, ce lundi 13 avril. Joli cadeau d’anniversaire ! Elle a dû râler, maman… On a donc laissé entendre que la barre serait à 70. Question : à 70 ans, Mme Macron sera-t-elle devenue, d’un coup, une vieillarde cacochyme ? Assurément non.
La première à s’élever ouvertement contre cette mesure qu’elle qualifie d’injuste et de « complètement arbitraire » est Marie de Hennezel. La psychologue et psychothérapeute, connue pour son engagement dans l’accompagnement des malades en fin de vie (dont Mitterrand), a violemment réagi sur Twitter : « J’ai plus de 70 ans, je n’ai aucune comorbidité, ne suis ni obèse, ni diabétique, en pleine forme, et comme beaucoup de seniors de mon âge, qui prennent soin d’eux et de leur santé, je ne supporterai pas que la barre des âges vulnérables soit fixée à 70 ans et un confinement imposé », écrit-elle. Et de développer son point de vue sur LCI : « Il y a, à 70 ans, des tas de seniors actifs. Certains travaillent et sont en pleine forme […] on ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac et mettre une barrière d’âge. »
Le généticien Axel Kahn lui emboîte le pas et s’insurge lui aussi : « Garder les seniors confinés jusqu’à l’automne, jusqu’à la fin de l’année, par mesure administrative ? Et alors aussi les personnes obèses ? Grosses ? Jusqu’à quel excès de poids ? » Et comment s’y prendre, surtout : une balance à chaque carrefour, un flic derrière chaque porte ? C’est absurde et surtout, rappelle Axel Kahn au Parisien, c’est « anticonstitutionnel » ! On peut, certes, donner des conseils aux gens, les inciter à la prudence, mais « on ne limite pas certaines libertés par mesure administrative en raison de la fragilité ! »
Hélas, on touche là en plein au paradoxe de nos sociétés qui réclament toujours plus de protection de l’État, quitte à rogner au nom du « toujours mieux » sur les libertés fondamentales. C’est aussi le résultat de cette psychose mortifère entretenue à longueur de temps par les médias et qui fait que beaucoup, aujourd’hui, après s’être plaints du confinement, sont morts de trouille à l’idée d’en sortir… quand ils ne dénoncent pas, en plus, leurs voisins s’ils font un pas de travers !