Boulevard Voltaire
La dette française, qui est déjà à 100 % du PIB, risque de grimper à 116 % en 2024, si on en croit Le Figaro. Et que dire de l’Italie, où on envisage d’atteindre 180 % du PIB ? Les États qui en arriveront à de tels taux seront asphyxiés et auront du mal à emprunter sur les marchés. Les pays du sud de l’Union européenne proposent bien qu’elle emprunte à leur place, en fait que les États du nord payent à leur place, mais ces derniers, qui ont mieux géré leurs finances, refusent et refuseront catégoriquement cette solution.
Dans ce contexte, une vieille proposition du FMI, datant de 2013, a été évoquée à l’antenne de BFM TV par M. Emmanuel Lechypre : confisquer 10 % des économies de tous les particuliers. À se demander si le pouvoir ne lancerait pas des ballons d’essai.
En se limitant aux dépôts bancaires et aux assurances-vie, la mesure rapporterait 700 milliards, soit 30 % du PIB, ce qui rendrait la dette soutenable. Si, en outre, on taxe l’immobilier (prétendument pour des raisons d’équité), on frôlerait une collecte totale de 1.000 milliards.
Cette mesure a déjà été appliquée en Europe. En Italie, en 1992, le gouvernement confronté à une dette de 120 % du PIB avait appliqué une taxe de 0,6 % à tous les dépôts bancaires. Cette mesure très impopulaire avait rapporté 15 milliards. L’Espagne, en 2013, imposa une taxe de 0,2 % sur les dépôts bancaires, payée par les établissements. Cette mesure fut applaudie (enfin un gouvernement qui s’attaque aux banques !) mais, en réalité, cette dépense a été répercutée sur les Espagnols par l’intermédiaire des frais de tenue de comptes, qui ont explosé. Enfin, toujours en 2013, le gouvernement chypriote, confronté à la faillite de nombreuses banques et incapable de les renflouer du fait de l’hypertrophie du secteur bancaire, imposa un remède de cheval : saisie de 47,5 % des dépôts au-dessus de 100.000 euros. Une taxe complémentaire de 6,5 % pour la part entre 0 et 100.000 euros fut abandonnée devant les réactions des Chypriotes. Cette mesure ne suscita que peu d’oppositions, car la grande majorité des possesseurs des comptes qui furent spoliés étaient russes et flirtaient avec la mafia.
Une taxe de 10 à 20 %, si elle est appliquée, devra l’être dans le secret le plus absolu pour éviter les fuites de capitaux et, surtout, ne pourra être mise en œuvre qu’une seule fois. Dans le même temps, l’obligation de l’équilibre budgétaire devrait être inscrite dans la Constitution et… respectée !
Il existe une alternative, déjà appliquée dans le passé : l’hyperinflation. Notre pays avait, en 1944, une dette qui dépassait les 200 % du PIB. Une inflation de 170 %, entre janvier 1944 et décembre 1946, ramena, en 1950, la dette à 40 % du PIB, en dépit de la guerre d’Indochine. Je crains qu’il ne faille administrer à notre pays l’un ou l’autre de ces remèdes de cheval. Lequel préférez-vous ?