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Ce lundi matin, Anne Hidalgo – celle qui vient de « relancer » une campagne dont on n’avait pas remarqué qu’elle eût jamais décollé ! – était invitée de France Info. De retour de Lille où son amie Martine Aubry lui a apporté « un soutien fervent », comme dit La Voix du Nord, la candidate officielle du PS annonçait une mesure phare de son prochain quinquennat.
Il faut dire que le sondage réalisé par Odoxa pour L’Obs, début octobre, portant sur les intentions de vote des 18-34 ans au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 ne lui laisse guère espérer un score à deux chiffres. Dans l’enquête qui s’adressait à ceux déjà inscrits sur les listes électorales, la palme revenait à Emmanuel Macron (28 %), suivi de Marine Le Pen (23 %), Jean-Luc Mélenchon (13 %), Éric Zemmour (10 %), Yannick Jadot (8 %). Tous les autres, Xavier Bertrand compris, se partagent quelques points. Anne Hidalgo est, ainsi, donnée à 4 % d’intentions de vote, grenouillant dans les bas fonds des urnes de gauche avec les Montebourg, Poutou et autres Roussel, la gauche hors Mélenchon ne totalisant que 12 % !
On fera remarquer au passage que la fourchette « jeune » est, ici, plus que large que de coutume. Il semble, en effet, qu’à 34 ans, on est, en principe, déjà bien installé dans l’existence, mais passons… Quelle solution s’offre alors à la candidate socialiste ? Recruter ses troupes au collège. C’est pourquoi elle annonçait, ce lundi, sur France Info, sa volonté d’offrir le droit de vote pour toutes les élections à partir de 16 ans. Mieux : elle « pense qu’il faudrait aussi permettre aux jeunes d’être éligibles » à cet âge précoce. « Ce sont de grandes réformes dans lequel (sic) le Parlement doit être engagé », dit-elle.
L’idée n’est pas tout à fait nouvelle. Déjà, à l’occasion des élections européennes, en mai 2019, la maire de Paris voulait organiser le scrutin dans des lycées parisiens. « Une idée proposée par un collectif de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye », expliquait-elle alors. Se disant, dans le journal Le Monde, « favorable au vote dès 16 ans, le bon âge pour prendre de bonnes habitudes en matière de démocratie », elle proposait alors une expérimentation « dans les conditions du réel » afin que « les jeunes de 16 à 18 ans scolarisés dans les douze lycées municipaux votent dans leurs établissements un peu avant le 26 mai, avec des bulletins et dans des isoloirs comme dans tous les bureaux de vote ».
Seul hic : il fallait une réponse favorable du ministre de l’Éducation, laquelle réponse ne vint pas. Ou trop tard. Jean-Michel Blanquer invoqua la nécessité d’une expertise juridique. Faux, dit alors Patrick Bloche, l’adjoint à la Culture d’Anne Hidalgo, affirmant : « Cette non-réponse vise tout simplement à ce que le ministre ne soit pas amené à prendre position dans un sens ou dans un autre » sur l’abaissement de l’âge pour le droit de vote.
Offrir le droit de vote et, plus encore, l’éligibilité à 16 ans est une proposition hautement démagogique. On ne peut croire que le PS et Anne Hidalgo espèrent se sortir de l’ornière avec ça car, foi de sondeurs, « avec 4 % elle ne les séduit pas plus que leurs aînés ».
Mais il faut s’y préparer, à démagogue démagogue et demi… On n’a pas fini de voir fleurir des propositions pour hameçonner les jeunes, et des propositions assurément ciblées vers des votes communautaires. L’Algérie l’a bien compris, qui incite ses ressortissants sur notre sol à s’impliquer dans la vie politique française.
Marie Delarue, Boulevard Voltaire