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La foule se presse à Lille pour la signature du livre de Zemmour. La séance de dédicaces se fait habituellement dans une librairie. Cette fois, c’est au Grand Palais. La salle est immense et bondée et, pour reprendre une publicité qui fut célèbre, on respire l’ambiance d’un meeting électoral, l’ardeur d’une campagne qui commence, mais ce n’est ni un meeting ni une campagne. C’est beaucoup mieux : la preuve du désir populaire que cette campagne ait lieu, la démonstration que le besoin existe avant même que son objet ne soit disponible. Pour l’instant, c’est un auteur et un livre. Et le titre de ce livre ressemble à un slogan : La France n’a pas dit son dernier mot. La démarche est à la fois hors normes et cependant ajustée au temps. Ce champion de l’écriture exprime depuis longtemps une pensée cohérente, nourrie par une culture solide et parsemée de provocations envers la fadeur du politiquement correct ou de la pensée unique, mais il le fait avec un talent, une hauteur intellectuelle et des connaissances qui libèrent ceux qui l’écoutent ou le lisent de la médiocrité politique habituelle, de la litanie des mots creux, liturgie des réunions convenues, léthargie d’une mise en scène usée jusqu’à la corde. Cet homme n’a jamais détenu de mandat, n’a pas de parti politique, ne se plie pas aux circonvolutions du parcours habituel aux politiciens professionnels, et c’est justement pour cela qu’on le croit le plus crédible pour casser un système que beaucoup de Français ne supportent plus, puisqu’il s’identifie à la chute continue de leur pays. Le pessimisme lucide du Suicide français laisse place très logiquement à l’idée que, cette fois, Grouchy peut arriver à temps, à la dernière minute, pour que la France puisse à nouveau être ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.
Depuis des décennies, les hommes politiques français n’ont qu’une obsession : conquérir le pouvoir et le garder. Le bien commun, l’intérêt national disparaissent derrière les manœuvres, les reniements, les alliances douteuses, les compromissions qui assureront le second mandat. Chirac avait été le dernier, comme Premier ministre, à privilégier au début le redressement du pays : la mort accidentelle d’un manifestant a tué chez lui tout courage. Désormais, il s’adapterait avec une telle aptitude au mensonge que cela en devenait comique. Dissolution de 1997 qui peut être tenue pour la décision la plus stupide de la Ve République, divine surprise d’un Le Pen au second tour, élection d’un Sarkozy élu à droite pour remplacer le « roi fainéant » et ouverture à gauche qui mérite la seconde place sur le podium des sottises politiciennes : le peuple de droite n’en peut plus de l’impuissance de ses chefs. Cette impuissance vient de leur faiblesse de caractère, car il n’est pas facile de lutter contre un État profond – haute administration, Justice, enseignement et surtout médias – qui penche à gauche. Alors, ils ont tous voulu finasser, louvoyer, dissimuler, en réduisant l’action politique à la tactique politicienne. Après la défaite de Sarkozy qui faisait ses campagnes à droite et gouvernait à gauche, ce fut vraiment la gauche et le désastre « Hollande ». Macron faisait partie des meubles et il a sauvé avec son élection une bonne partie des socialistes qui avaient participé comme lui à ce lamentable mandat de 2012 à 2017 pendant lequel on avait pris soin de miner le terrain pour les adversaires en créant, par exemple, le PNF (Parquet national financier) sur lequel Fillon a explosé et sur lequel on fait encore danser Sarkozy.
Tous les chiffres qui peuvent servir à évaluer notre pays sur le plan économique, sur celui de la sécurité ou de l’immigration sont au rouge. Une occasion, la dernière peut-être, d’échapper à cette descente aux enfers du déclin et de la décadence, se fait jour. Beaucoup de Français veulent la saisir.
Christian Vanneste, BoulevardVoltaire