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Les médias sont en émoi : une enseignante a été agressée, vendredi, en pleine classe, dans un lycée de Combs-la-Ville, en région parisienne. Violemment projetée au sol par un élève qui voulait sortir de la salle – ces gens-là pensent qu’on va et vient à son gré… il faut dire que le chérubin est majeur. La scène, qui s’est déroulée sous les rires, a été filmée et balancée sur les réseaux sociaux. Le temps d’un week-end, elle a déjà récolté plus de deux millions de vues.
Une agression en cours ou dans l’enceinte d’un établissement scolaire, encore une… on ne les compte plus, d’ailleurs : elles sont quotidiennes. C’est, chaque jour, la litanie des menaces de mort, par les élèves ou leurs parents. Les pages des faits divers en sont pleines. Ce qui retient l’attention, cette fois, c’est la vidéo devenue virale et ce qu’elle révèle. Mais qui peut encore en être surpris ? Qui, à moins, bien sûr, de vivre avec des œillères, peut s’étonner de cela ? Personne.
Notre ministre délégué à la Citoyenneté, Mme Marlène Schiappa, s’est saisi de l’affaire. Invitée, lundi, de France Info, elle a joué du menton : « J’ai fait contacter l’intégralité des plates-formes et des réseaux sociaux avec lesquels nous travaillons pour leur demander de faire retirer la vidéo ». Et alors ? Et alors, rien du tout. La vidéo tourne toujours. Du moins à l’heure où nous écrivons ces lignes.
La presse du jour s’en fait l’écho, avec les précautions d’usage. Certes, tout le monde reprend plus ou moins la dépêche de l’AFP, mais bien que l’auteur de cette agression soit passé à l’acte en gueulant « Wallah, écarte-toi de ma rue. Eh, le Coran, poussez-vous Madame ! », on écrit partout « la professeure ne se démonte pas et tente de calmer le fuyard » : « Ne me touchez pas Y. »
Pourquoi Y. et pas Yassine, puisqu’on sait qu’il s’appelle Yassine ? Est-ce pour que la belle âme, celle qui redoute plus que tout l’islamophobie, pense qu’il s’appelle Yvan ou Yannick ?
Trois lycéens ont été placés en garde à vue, l’agresseur et les deux qui ont complaisamment filmé la scène avant de la mettre en ligne. Des plaintes ont été déposées à leur encontre par l’enseignante agressée et le directeur de l’établissement. Le recteur de l’académie de Créteil, Daniel Auverlot, s’est fendu d’un communiqué pour condamner avec « fermeté » cet « acte isolé » (sic). Et de conclure par cet autre coup de menton : « Aucune menace ou agression, physique ou verbale [à l’encontre des enseignants], ne peut être tolérée. »
Pour rassurer les populations, on apprend que « l’élève fait l’objet d’une mesure d’interdiction d’accès à l’établissement à titre conservatoire et s’expose à de lourdes sanctions disciplinaires. Un conseil de discipline va être convoqué. » Ouhhhh, il doit trembler.
Des menaces et des agressions, physiques ou verbales, sont tolérées par l’Éducation nationale. Il n’y a guère que les menaces de mort pour retenir aujourd’hui l’attention. Les égorgeurs de Samuel Paty ont fait des émules et l’idée de commémorer sa mort et lui rendre hommage sème la panique dans les rangs enseignants. Dans un retournement cher à notre époque, on craint « la provocation ».
Valérie Pécresse et Xavier Bertrand ont fait part de leur indignation, assurant que s’ils étaient élus à la tête de l’État, ils s’emploieraient à mettre un terme à cette chienlit. « Inacceptable ! Je mettrai fin à cette inversion choquante des valeurs. Je rétablirai le respect du professeur ! », a dit la première ; « Comme les forces de l’ordre et les maires, je veux protéger les enseignants en refaisant de l’école un sanctuaire », a assuré le second. Dommage qu’ils n’aient pas, l’un comme l’autre, profité du temps où ils étaient aux affaires pour éviter que cela se produise !
Marie Delarue, Boulevard Voltaire