Déconfinement : le gouvernement est-il en train de céder devant l’islam ?

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Boulevard Voltaire

Ce jeudi après-midi, en écoutant Christophe Castaner, ministre en charge des Cultes, lors de la présentation du plan de déconfinement, c’est la question qu’on peut se poser.

Explications. Lundi après-midi, Édouard Philippe, devant les sénateurs, déclare que « le gouvernement » était « prêt à étudier la possibilité que les offices religieux puissent reprendre à partir du 29 mai ». Une petite concession, alors qu’initialement, le rétablissement du culte public ne devait pas intervenir avant début juin, ce qui avait amené la Conférence des évêques à faire part de sa déception. Petite mais pas anodine que cette concession, si elle était accordée, car elle permettrait aux catholiques d’assister à la fête de la Pentecôte, tombant le dimanche 31 mai. Après l’interdiction de fêter publiquement les Rameaux, Pâques et l’Ascension, cela serait effectivement une grande consolation.

Et mercredi, voici que le nouveau recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, se fend d’un long communiqué d’une rare violence, dans lequel il menace carrément d’attaquer en justice le gouvernement si la reprise des cultes se faisait le 29 mai comme l’a évoqué le Premier ministre au Sénat. « Si nous tenons à exprimer aujourd’hui notre stupéfaction et notre déception, c’est en raison de revirements inexpliqués opérés par l’exécutif, qui annonce l’éventualité de célébration d’offices religieux au sein des lieux de culte avant la date prévue, soit dès le 29 mai, pour permettre l’organisation de cérémonies religieuses liées aux fêtes juives et chrétienne de la Pentecôte. » Ce qui est formellement faux, car le Premier ministre, au Sénat, est resté très général et s’est bien gardé d’évoquer tel ou tel culte : « Beaucoup de cultes ont fait des propositions, pour concilier déroulement de leurs réunions avec les exigences de distanciation physique », s’est-il contenté de déclarer.

Pourquoi cette attaque en règle de la Grande Mosquée ? Parce, dit le recteur, « la fête de l’aïd qui clôture le mois sacré du ramadan est aussi importante que la pentecôte juive ou chrétienne ». Et que la fin du ramadan tombe le 24 mai. Nous y voilà. « Par conséquent, si cette “dérogation” venait à être accordée aux autres communautés religieuses à compter du 29 mai 2020, ce qui de facto exclurait le culte musulman, la GMP demandera instamment aux pouvoirs publics de fixer le 24 mai comme date de célébration des cérémonies religieuses pour tous les lieux de culte sans exclusion. » Sinon ? « À défaut, la Grande Mosquée de Paris se verra malheureusement dans l’obligation d’user de tous les moyens légaux pour défendre les intérêts moraux des musulmans de France. »

Plusieurs remarques. D’abord, on notera qu’on est loin du ton généralement onctueux et pondéré des représentants de cultes. On est là, clairement, dans des propos qui visent à installer un rapport de force. Chacun en tirera les conclusions qu’il veut. Ensuite, on notera une certaine mauvaise foi, si l’on peut dire, dans la présentation des faits. En effet, la date d’autorisation de célébrer publiquement les cultes n’a pas été arrêtée par le gouvernement. Donc, envisager cette autorisation au 29 mai n’est en aucune manière une « dérogation », comme le prétend le recteur de la Grande Mosquée. Par ailleurs, cette « dérogation », qui n’en serait pas une, n’exclurait en aucune façon le culte musulman qui, lui aussi, bénéficierait de cette liberté de pratiquer son culte publiquement à partir de cette date.

Alors, qu’a dit Christophe Castaner à ce sujet lors de la conférence de presse gouvernementale, jeudi après-midi ?

« Concernant les cultes, nous sommes pleinement conscients des efforts consentis par les croyants. Nous avons reçu plusieurs propositions pour concilier pratique religieuse et distanciation physique. Comme je l’ai indiqué le 22 avril au pasteur Clavairoly, représentant de la Conférence des responsables de cultes en France, et comme annoncé par le Premier ministre au Sénat, nous allons travailler avec l’ensemble des responsables cultuels aux conditions d’une reprise des cérémonies religieuses d’ici la fin du mois. »

Toute la question, maintenant, est de savoir quand commence la fin du mois de mai ? Le 29 ou le 24 ?

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