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Boulevard Voltaire
Guillaume Bernard réagit au discours d’Édouard Philippe exposant les conditions du déconfinement à partir du 11 mai : distribution de masques, écoles, réouverture de commerces et reprise de l’activité économique. N’ont pas été évoquées : les élections municipales…
Pendant une heure, Édouard Philippe a prononcé un discours devant 75 députés. Ce discours était très attendu puisqu’il devait acter le début du déconfinement à partir du 11 mai. On attendait un discours clair. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce discours a été assez flou.
Qu’avez-vous pensé de la prestation du locataire de Matignon ?
Dans un premier temps, il a cherché à ouvrir le parapluie. Il a collectivisé la responsabilité avec les parlementaires en leur disant qu’ils allaient se prononcer sur la question et en annonçant que toutes les mesures seraient prises avec les collectivités territoriales et avec les partenaires sociaux. Une certaine panique a été à l’origine des mesures qui ont été prises. Par conséquent, la crise qui s’annonce va être extrêmement dure. On peut tabler sur le fait que l’Exécutif dans sa globalité cherche à mettre tout le monde dans le même panier et à mouiller le maximum de personnes. L’étape d’après sera peut-être le gouvernement d’union nationale. On verra bien s’ils le font.
Il a en premier lieu essayé de dire qu’ils ne pouvaient pas faire autrement. Les scientifiques ayant eux-mêmes varié dans leurs positions, il a dit que cela expliquait la variation des mesures prises et les injonctions contradictoires.
Cela me paraît extrêmement scandaleux et je pèse mes mots. La gouvernance qui veut se justifier par la science, l’élimination du politique et des choix politiques, sous prétexte qu’une mesure s’impose de manière rationnelle aboutit à de l’à peu près et à vouloir mettre tout le monde dans le même panier.
Dans ce flou, on a pu néanmoins trouver quelques débuts d’explication ou d’annonce. Édouard Philippe nous assure qu’il y aura assez de masques pour tout le monde. Néanmoins, il incite les Français à fabriquer des masques en tissus. On ne sait toujours pas où est passé le stock stratégique…
Depuis le début, nous sommes dans les injonctions contradictoires et dans des informations doctement données, mais totalement imprécises. Nous n’avons aucune possibilité de vérifier ou de comprendre la létalité réelle de ce virus, puisqu’on ne sait évidemment pas combien de personnes ont été infectées sur le territoire national. Le fait de parler de manière ferme ne veut pas dire que les mesures prises sont claires.
Il y a une certaine logique à affirmer la progressivité du déconfinement et la différence de traitement entre les territoires, mais cela me paraît parfaitement impraticable. Comment voulez-vous que les Français s’y retrouvent s’ils ont choisi une école privée sous ou hors contrat pour leurs enfants qui se situe dans le département limitrophe ou pour un artisan qui a un chantier à plus de 100 km de chez lui ?
En apparence tout paraît logique, mais en réalité c’est de l’à peu près permanent.
On ne sait toujours pas si le premier tour des élections municipales compte ou s’il faudra le recommencer. Le Premier ministre s’est montré muet à ce sujet, alors qu’il a parlé du sport professionnel. On sait notamment que la ligue 1 et la ligue 2 vont s’arrêter et que les résultats à ce jour compteront comme résultats définitifs.
Les intérêts financiers du sport professionnel sont sans doute plus importants pour le Premier ministre que la vie démocratique. Vous connaissez ma position. Je pense que ces élections municipales vont vraisemblablement devoir être entièrement réorganisées, peut-être même le premier tour. Il est peu vraisemblable que le second tour sera organisé fin juin, comme cela avait été annoncé au départ.
Dans les mesures égrainées par le Premier ministre, on voit toute la hiérarchie faite dans l’idéologie de l’actuel régime. Il nous dit que les parcs et les jardins sont absolument nécessaires pour l’équilibre des personnes. En revanche, la pratique de la religion n’est pas importante. Les messes sont toujours prohibées jusqu’au 2 juin. D’autres choses sont complètement incohérentes. On nous dit qu’il va y avoir 15 élèves par classe. En revanche, 10 personnes maximum seront autorisées dans des rassemblements, y compris dans des lieux privés. Que cela veut-il dire si on considère les chapelles privées ? On va faire des contrôles à l’entrée et à la sortie des chapelles privées pour empêcher que des messes ne soient dites ou vérifier qu’il y a moins de 10 personnes, alors qu’il y aura 15 élèves dans les classes…
Sincèrement, j’avoue qu’au début j’étais très circonspect de la léthargie de l’Exécutif, mais là les mesures prises, drastiques et liberticides, me paraissent le résultat d’une impression et une incurie de l’État providence qui sont extrêmement dommageables à l’ensemble du bien commun. Le bien commun n’est pas uniquement l’intérêt général ou l’intérêt des parties, mais la combinaison des deux. Dans le bien commun, il y a le bien commun temporel, les activités économiques et sociales, mais aussi le bien commun spirituel. Cela est passé totalement inaperçu dans le discours du Premier ministre. Pour lui, la vie religieuse n’est dans le fond qu’un aspect tout à fait subalterne de la vie sociale.
On a l’impression que le véritable déconfinement n’interviendra que le 2 juin plutôt que le 11 mai.
Il a pris des précautions pour annoncer que, dans le fond, ce ne serait peut-être pas le 11 mai, pas partout et de manière progressive. On n’a absolument pas de date réelle de déconfinement pour l’ensemble du territoire. Il y a un certain nombre d’activités, notamment les activités culturelles, le Puy du Fou en particulier, qui se retrouvent en grande partie ruinée. Le Puy du Fou persistera, mais il est certain que toutes les activités culturelles pendant cet été seront ruinées par l’incurie de l’État.