Quand Europol dit la vérité sur la menace terroriste… d’ultra-droite

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Articles  : Juil. 2022Juin. 2022 – Mai 2022Avr. 2022 –Facebook : https://www.facebook.com/ORTF-News-107572991571884

C’est à croire que Gérald Darmanin vit dans une réalité parallèle et que les ondes de la place Beauvau absorbent le tumulte de la vraie vie. Après avoir passé son temps à se « rendre sur place » et à « condamner fermement » les tentatives d’attentat ou les actes criminels, le ministre le plus puissant du gouvernement devrait peut-être apprendre à la fermer un tout petit peu. À preuve, ce rapport d’Europol, sorti le 14 juillet, un mois environ après le calamiteux épisode dit « des supporters anglais » : il rétablit la vérité sur l’ordre hiérarchique des menaces.

À la page 44 du rapport, le site Fdesouche a relevé les faits suivants : en 2021, aucune attaque terroriste d’ultra-droite n’a eu lieu parmi les 27 pays d’Europe. Deux tentatives ont été déjouées (une en Suède, une en Australie). 64 arrestations en lien avec le terrorisme d’extrême droite ont eu lieu. Aucune victime n’est à déplorer puisque ces attentats n’ont pas été commis. Pas de révélations sur le terrorisme d’ultra-gauche, dont les actions violentes (y compris le passage à tabac de militants patriotes) ne feront partie d’aucun cumul d’infractions. On est en famille.

Si l’on compare ces chiffres avec ceux du terrorisme, on est évidemment confronté à des statistiques qui n’ont pas grand-chose à voir. Si l’on ajoute le chiffre des « blessures à la gorge » infligées à des Français de souche par des immigrés, on est frappé par le chiffre phénoménal de ce que j’appelais, il n’y a pas longtemps, un génocide à bas bruit. L’ultra-droite est un tel danger qu’on est obligé de lui consacrer un reportage par trimestre sur le service public, sans quoi on l’oublie. L’islamisme, lui, n’a pas besoin de reportage : il suffit de prendre le bus pendant quelques minutes, en direction des faubourgs de n’importe quelle ville moyenne ou grande, et de descendre à la première mosquée. Deux poids deux mesures, encore.

Chose plus intéressante, le rapport insiste également sur la proportion de « loups solitaires », radicalisés en ligne et acquis à la cause accélérationniste. Cette idéologie, qui préconise de hâter le chaos pour précipiter la guerre puis la renaissance, n’a plus rien à voir avec les structures néo-nazies pyramidales et spectaculaires. Des hommes jeunes, déçus par une doxa ambiante assez méprisable, frustrés par une société de consommation hypercapitaliste, ont vu leur santé mentale dégradée par le confinement et la bêtise coercitive des mesures destinées à lutter contre le Covid. C’est le phénomène des « incels », des célibataires involontaires épuisés par la haine féministe, démultipliée par l’isolement covidiste, auxquels s’ajoute un autre phénomène, celui des outsiders revanchards, déjà décrits il y a bien longtemps par Fight Club, de Chuck Palahniuk (adaptation de David Fincher, avec Edward Norton et Brad Pitt).

La question qui se pose n’est donc plus du tout politique (l’ultra-droite est juste un épouvantail sémantique sans aucun contenu) mais sociologique. C’est aussi la question que pose le bouleversant Joker, avec Joaquin Phoenix : comment un homme psychologiquement fragile, asocial et sensible, qui voudrait donner du bonheur et de la gentillesse à la société, devient-il un monstre sans affect ? Porte-t-il cette froide violence en lui depuis le début ou l’a-t-il construite en tant que mécanisme de défense ? Ce que l’on appelle « terrorisme d’ultra-droite », n’est-ce pas simplement, à lire le rapport d’Europol, la bascule dans la folie de jeunes gens laissés sur le bord du chemin ? De même que les 18-30 ans, châtrés par le féminisme haineux, croient découvrir dans la « pilule rouge » de la misogynie la clé des rapports hommes-femmes ; de même que les petits Blancs, méprisés par les profs et frappés par les racailles, trouvent dans la radicalité et l’isolement une forme de révélation, n’y a-t-il pas dans ce prétendu « accélérationnisme d’ultra-droite » le simple signal du « décrochage » massif d’une population jeune, qui ne voit pas d’autre alternative que l’adhésion aux fariboles bien-pensantes ou le délire hargneux contre les anti-valeurs du monde moderne ?

Europol ne va pas jusque-là. La menace d’ultra-droite ne tue personne. C’est tout ce que l’on saura. Ce n’est déjà pas mal.

Arnaud Florac, Boulevard Voltaire

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