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Où est passé le goût de l’effort ? s’interroge le magazine Le Point, estimant, non sans raison, qu’« il est temps de réhabiliter la pugnacité et la motivation ». Depuis que les hommes existent, du stoïcisme au christianisme, on a prôné le sens de l’effort, qui est le fondement de tout progrès, individuel et collectif. C’est particulièrement vrai dans le domaine éducatif, où cette exigence semble oubliée.
Le Point évoque la consternation de Sylvie Germain – l’auteur du roman Jours de colère, dont un extrait a été choisi pour le commentaire proposé au bac de français – devant l’avalanche de reproches et d’injures qu’elle a essuyés sur les réseaux sociaux de la part d’élèves qui ont trouvé le texte trop difficile. Qu’ils ne s’inquiètent pas outre mesure, ni leurs parents ! Les correcteurs ont dû recevoir des consignes d’indulgence et, si les notes sont trop basses, elles seront rehaussées autant qu’il faudra.
L’enseignement, qui devrait être le lieu de l’apprentissage de l’effort, a subi l’influence d’idéologies qui ont érigé le laxisme en système. Plus de compositions trimestrielles, jugées traumatisantes, plus de classements, considérés comme discriminants ! L’enseignement doit être « ludique ». Les professeurs trop exigeants sont rappelés à l’ordre par leurs chefs d’établissement, eux-mêmes contraints d’obéir à leur hiérarchie qui, pour se faire bien voir, a tendance à se faire le porte-parole zélé des conceptions ministérielles. Pour qui veut faire carrière dans l’Éducation nationale, au lieu de souligner objectivement ce qui marche et ce qui ne marche pas, mieux vaut aller dans le sens du vent.
Mais ce laxisme s’applique surtout aux enfants des autres. Les médias ont beaucoup commenté l’information selon laquelle le ministre Pap Ndiaye avait inscrit ses enfants dans la prestigieuse École alsacienne. Si les journalistes avaient poussé plus loin leurs investigations, ils auraient découvert que c’était une habitude familiale, tant il est vrai que, dans ces milieux qui se veulent à la pointe du progressisme, on sait choisir pour ses proches les meilleurs établissements. Il serait intéressant de recenser les écoles où, ces cinquante dernières années, les enfants de ministres ont fait leurs études.
Le préjugé de l’égalitarisme a supplanté le savoir émancipateur. Non pas pour l’oligarchie au pouvoir, qui se protège et sait placer les siens dans les bonnes écoles, mais pour la masse des Français. Au lieu de dispenser à tous un enseignement exigeant, où, quel que soit leur milieu d’origine, les élèves, en se donnant de la peine, pourraient tendre vers l’excellence, on pratique de plus en plus un enseignement sans effort. La discrimination positive, qui est le contraire de l’égalité, tend à remplacer la sélection fondée sur le mérite. On supprime les épreuves de culture générale, jugées discriminantes, ou l’on réserve un quota de places aux concours à certaines catégories d’étudiants, sur des critères sociaux. C’est ainsi que nos dirigeants abusent l’opinion tout en se donnant bonne conscience.
Au lieu d’organiser un enseignement où tous les élèves qui en ont la volonté pourraient, en fonction de leurs talents et de leurs efforts, s’instruire et tendre vers l’excellence, on cède à la facilité et à la démagogie. On ferait bien de redonner aux écoliers les leçons de morale que nos anciens instituteurs inscrivaient sur le tableau, comme cette maxime, à la fois chrétienne et laïque, qui est la condition de toute réussite : « Aide-toi, le ciel t’aidera. »
Philippe Kerlouan, Boulevard Voltaire
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