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Interview-vérité de Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères
Après quatre mois de déluge médiatique antirusse, aussi soûlant que mensonger, il est temps d’écouter une autre version occultée par les médias, celle de Moscou. Si le ridicule tuait, ce serait une hécatombe parmi nos généraux de plateaux TV, tant leur discours a été grotesque depuis le 24 février, se résumant à deux postulats incontournables : Poutine est l’unique agresseur et l’Ukraine va gagner la guerre. Comment ont-ils pu étaler publiquement de telles niaiseries ?
Dans une longue interview de 90 minutes, c’est donc la belle Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, qui répond aux questions du journaliste indépendant Guy Mettan.
Je vous invite à lire dans son intégralité le lien ci-dessous, qui explique les causes réelles de cette guerre, provoquée par l’insatiable volonté de domination de Washington.
En voici l’essentiel. Je vous livre pour information les deux titres de cette interview :
« Nous voulons une Ukraine neutre, non alignée et non nucléaire » ( version française )
« En Ukraine, nous combattons contre l’hégémonie néo-coloniale occidentale » ( version anglaise )
Ces deux titres réunis résument en quelques mots les buts de cette guerre
Pourriez-vous résumer et expliquer à nouveau les causes principales des opérations militaires actuelles en Ukraine ?
MZ : En février 2014, un coup d’État anticonstitutionnel directement soutenu par l’Occident a propulsé au pouvoir des nationalistes violents, qui ont entamé une politique dirigée contre leur propre peuple et visant une ukrainisation coercitive et la destruction de tout ce qui est russe. Kiev a cessé de payer les pensions et les prestations sociales dans le Donbass. Pendant toutes ces années, les habitants des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk ont été soumis à des tirs d’artillerie et de mortier par les forces armées ukrainiennes et les unités nationalistes. Des milliers d’innocents, dont des enfants, ont été tués et des dizaines de milliers blessés, comme l’ont confirmé les rapports officiels de l’OSCE et des Nations Unies. Washington et ses alliés ont préparé l’Ukraine en vue de représailles dans le Donbass à partir de 2014. Selon des responsables du Pentagone, les États-Unis ont fourni à l’Ukraine 2,7 milliards de dollars d’aide militaire entre 2014 et 2022, au mépris des accords de Minsk. Le renforcement militaire de l’OTAN près de nos frontières en mer Noire n’a fait qu’aggraver la situation. Les aspirations de Kiev à obtenir des armes nucléaires, que Zelensky a publiquement exprimées en février de cette année, ont également posé un grave risque pour la sécurité internationale. Il s’agissait donc de protéger, à leur demande, les républiques séparatistes du Donbass. ce qui est conforme à l’article 51 de la Charte des Nations Unies.
Nos principaux buts et objectifs sont la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine, la protection des civils du Donbass contre le génocide et l’élimination des menaces contre la Russie depuis le territoire ukrainien en raison de son exploitation par les pays de l’OTAN.
Quels sont les principaux objectifs que la Russie essaie actuellement d’atteindre en Ukraine ? J’ai retenu trois objectifs principaux : « la dénazification, la démilitarisation et la neutralisation ». Qu’entendez-vous exactement par ces mots ?
MZ : Ce que nous voulons, c’est restaurer le statut de l’Ukraine en tant qu’État neutre, non aligné et non nucléaire, c’est-à-dire le retour du pays aux origines de son statut d’État, tel qu’énoncé dans sa déclaration de 1990 sur la souveraineté de l’État.
Concernant la dénazification, je voudrais vous rappeler que les atrocités commises depuis 2014 par les combattants ultra-nationalistes, qui ont tué des milliers de civils, ont été présentées comme une lutte pour la liberté. Les unités nazies – le Secteur Droit, C14, Trizub, Azov, Donbass, Aidar, etc. – ont opéré ouvertement dans le pays. Pendant huit ans, elles ont pillé, violé et tué. Ces débordements nazis devaient être stoppés.
La démilitarisation de l’Ukraine est en cours. Le territoire ukrainien cessera d’être un terrain d’entraînement militaire de l’OTAN pour la dissuasion et la confrontation avec la Russie.
Fin mars dernier à Istanbul, des avancées significatives dans les négociations de paix ont été annoncées de part et d’autre. Mais ensuite les négociations se sont arrêtées. Pourquoi ? Quelles étaient les causes de cette interruption ?
MZ : Nous n’avons reçu aucune réponse à la série de propositions que nous avons faites le 15 avril. Les décideurs occidentaux ont manifestement interdit à Zelensky de poursuivre les négociations, ce qui les aurait empêchés de livrer des armes à l’Ukraine et de poursuivre une guerre par procuration avec la Russie « jusqu’au dernier Ukrainien ».
A quelles conditions la Russie pourrait-elle accepter de relancer les négociations avec la partie ukrainienne ? Ou quels pourraient être les critères d’un tel redémarrage ?
MZ : Nous avons répété à plusieurs reprises que nous n’avions pas rompu les pourparlers et que nous ne refusions pas de négocier avec Kiev. Nos priorités sont que l’Ukraine soit un État neutre, non aligné et non nucléaire, reconnaisse la réalité territoriale post-2014, y compris la souveraineté russe sur la Crimée et l’indépendance de la DNR et de la LNR, et s’engage à la démilitarisation, à la dénazification et à la non-discrimination de la population russophone, ainsi qu’au rétablissement du statut de la langue russe.
Quel pourrait être l’avenir d’une nouvelle Ukraine pacifique et comment l’obtenir ? Avec quelles garanties de sécurité pour les populations du Donbass comme pour les populations de l’ouest de l’Ukraine, ainsi que pour la Russie dans une perspective stratégique plus globale ?
MZ : La décision finale sur toutes les questions concernant l’avenir du pays et l’autodétermination de ses régions appartient uniquement aux peuples de l’Ukraine actuelle. Ils doivent avoir la possibilité de choisir librement le type d’avenir qu’ils souhaitent pour eux-mêmes et leurs enfants. Nous constatons qu’il y a beaucoup de gens dans les territoires abandonnés par les néo-nazis, par exemple dans les régions de Kherson, Zaporozhye et Kharkov, qui ne veulent pas que le régime de Kiev revienne.
Les réactions de l’Occident en termes de sanctions économiques contre la Russie, d’assistance militaire et économique à l’Ukraine, de livraison massive d’armes, ont été assez fortes, rapides et coordonnées. Était-ce une surprise pour vous ?
MZ : L’imposition de restrictions économiques unilatérales par certains pays contre d’autres États est une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies. Des pressions sans précédent sont exercées sur nos principales institutions financières, les secteurs de la technologie, du pétrole et du gaz, des mines, des transports et d’autres secteurs économiques. Les réserves d’or et de devises de la Russie à l’étranger ont été gelées, ce qui est une violation flagrante du droit international et une insulte au bon sens.
Mais l’Occident collectif a commis des erreurs de calcul majeures dans sa politique financière, économique, énergétique et alimentaire. Elles ont conduit à une croissance rapide des prix et à l’émergence d’une menace pour la sécurité alimentaire mondiale. Les sanctions antirusses ont jeté plus d’huile sur le feu et ont considérablement compliqué la logistique et les accords contractuels pour les produits agricoles et les engrais russes. La Russie est prête à coopérer avec ses partenaires en vue d’assurer un approvisionnement sûr en produits alimentaires et en engrais russes sur les marchés extérieurs.
L’Occident dirigé par les États-Unis poursuit depuis longtemps la politique d’endiguement de la Russie, et la pression n’a cessé de s’intensifier. La Russie s’y attendait et a mis en œuvre des programmes de substitution des importations et crée ses propres compétences pour renforcer sa souveraineté économique.
Ces réactions sont-elles vraiment efficaces ? Comment analysez-vous les réactions européennes ?
Les tentatives occidentales d’utiliser les sanctions pour influencer notre politique étrangère se sont avérées totalement futiles. Il semble que de plus en plus d’Occidentaux se rendent compte que ces sanctions produisent un résultat nul ou ont même un effet inverse.
En entraînant les Européens dans cette aventure antirusse, Washington semble les avoir poussés à supporter le poids des pertes de cette confrontation insensée avec nous. L’objectif est évident : affaiblir l’UE en tant que rival en la poussant dans l’affrontement destructeur avec la Russie, et en même temps renforcer sa propre présence militaire, financière et énergétique dans le Vieux Monde.
De toute évidence, les événements en Ukraine posent un défi existentiel aux États-Unis eux-mêmes et à l’idéologie néolibérale mondiale.
De l’autre côté, de nombreux pays comme la Chine, l’Inde et d’autres, ont été réticents à prendre des sanctions contre la Russie. Pensez-vous que ce front est solide et conduira au monde multipolaire que vous prônez ?
MZ : Il est évident qu’un ordre mondial multipolaire démocratique est en train d’émerger. L’ensemble du système des relations internationales est en profonde transformation. Le monde unipolaire est devenu une chose du passé. Nous sommes majoritaires et l’Occident parle au nom d’une minorité.
Cette multipolarité défendue par la Russie va à l’encontre de la vision du monde américaine, qui est basée sur le concept d’hégémonie inconditionnelle des États-Unis. C’est donc une menace pour Washington.
A quelles conditions pensez-vous qu’il est possible de recréer des liens diplomatiques et des relations normales avec les pays “inamicaux”, comme la Suisse ?
MZ : Le statut de neutralité de la Confédération suisse, dont elle s’est longtemps flattée et dont elle est fière à juste titre, devient de plus en plus une fiction et une chose du passé. Malheureusement, les évaluations et les approches actuelles de Berne pour régler le conflit en Ukraine ne peuvent en aucun cas être qualifiées de neutres ou bien réfléchies. Espérons que la Suisse reviendra à ses fondements traditionnels d’une neutralité « permanente, armée et complète ». Cela aiderait la Confédération à reconstruire sa réputation « d’honnête courtier international » qui n’existe malheureusement plus.
Alors que la Finlande et la Suède veulent devenir membres de l’OTAN, comment y faire face ? Quelle pourrait être la nouvelle architecture d’un futur accord européen de sécurité incluant la Russie ?
MZ : Nous considérons que la décision de la Finlande et de la Suède d’adhérer à l’OTAN est une erreur, car il n’y a aucune menace pour leur sécurité. Le mythe de la menace militaire russe a été imposé à ces pays par l’Alliance de l’Atlantique Nord et certains de ses membres, en premier lieu les États-Unis et le Royaume-Uni, pour faire avancer davantage le bloc militaire jusqu’à la frontière de la Fédération de Russie.
Les contre-mesures de la Russie à la suite de l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN – y compris des mesures militaires et techniques – dépendront des conditions de leur adhésion à l’Alliance de l’Atlantique Nord, tels que le déploiement de bases militaires étrangères et de systèmes d’armes offensifs sur leur territoire.
L’histoire montre que l’OTAN est une organisation agressive plutôt que défensive. Son expansion incessante a fondamentalement changé l’architecture de la sécurité européenne ; le bombardement de la Yougoslavie et l’opération honteuse en Libye ont plongé ces pays dans le chaos. L’Alliance a dévasté l’Afghanistan et déverse maintenant des armes en Ukraine.
Concrètement, cela comprendrait des garanties de non-expansion de l’OTAN, de non-déploiement de systèmes d’armes offensifs près de nos frontières et le retour de la configuration des forces de l’Alliance à l’état qui existait au moment de la signature du Pacte Russie-OTAN en 1997.
Fin de l’interview
On mesure, à la lecture de cet entretien, combien le narratif occidental est mensonger et combien est lourde la responsabilité des Occidentaux dans cette guerre contre la Russie, menée sournoisement par l’Otan en versant exclusivement le sang ukrainien.
Pour avoir ignoré les légitimes inquiétudes de Moscou, pour avoir refusé d’imposer à Kiev les accords de Minsk à l’égard des républiques du Donbass, pour avoir élargi l’Otan de 16 à 30 membres depuis 1990 et pour avoir armé l’Ukraine pour mieux anéantir le Donbass, tous les dirigeants occidentaux sont des criminels de guerre. L’histoire jugera.
Rappelons que ceux qui osent traiter Poutine de boucher et accusent les soldats russes de crimes de guerre, sont les mêmes qui ont rasé deux villes japonaises sous le feu nucléaire, qui ont déversé des milliers de tonnes de napalm et d’agent orange sur les populations du Vietnam, qui ont fait un million de morts en Irak. Les Américains resteront dans l’histoire comme les plus grands criminels de guerre de tous les temps.
De plus, avec leurs 823 bases militaires à travers le monde, ils sont à l’origine de tous les conflits régionaux depuis 1945 et de bons nombres de coups d’Etat. Par conséquent, qui est le véritable agresseur menaçant la paix du monde ? Sans parler de leurs multiples trahisons envers leurs soi-disant alliés.
Poutine est un enfant de choeur à côté des va-t-en-guerre américains, capables du pire pour sauver leurs intérêts.
Mais l’inéluctable victoire russe en Ukraine va signer le déclin inexorable de l’Empire américain et du roi dollar. Des milliards d’êtres humains ne supportent plus la domination de ces 320 millions d’Américains arrogants qui veulent régenter la planète, et qui mènent des guerres coloniales incessantes partout dans le monde, sauf chez eux, bien entendu.
Jacques Guillemain, dans Riposte Laïque
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