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« Nous n’avons même pas été réunis autour d’une table par le sous-préfet. Mais il n’a pas de réponses précises à mes questions », déplore François Lesuisse, directeur du cinéma Le Grand Palace, aux Sables-d’Olonne. Dans Le Journal des Sables, il s’interroge : « Côté pratique : on fait comment ? Le décret n’est pas sorti ! Et avec quoi je scanne ? Il a fallu investir dans un téléphone qui télécharge la TAC Vérif. » Et de dénoncer le passe sanitaire le jour de la sortie de Kaamelott, « le film de l’été ». Il ne décolère pas, contraint de fermer les portes à certains « alors que mon métier, c’est de les ouvrir ». Pour contourner cette mesure liberticide, il choisit de programmer des séances matinales avec une jauge à 50 personnes, avec la distanciation nécessaire, mais sans le passe.
En Indre-et-Loire, la forteresse de Montbazon avait rouvert ses portes au public, le 5 juin dernier, elle les refermera le 21 juillet. Le passe ne passera pas par elle. 18 salariés au chômage partiel. « Si on reste ouvert, on fait faillite », assure Jean-Yves Aldasoro, président de l’Association de la forteresse de Montbazon, dans La Nouvelle République. « Au lendemain de l’annonce faite par Emmanuel Macron, on a senti une baisse de fréquentation. Ce matin, il y avait une cinquantaine de personnes dans la forteresse. En temps normal, à cette période, on enregistre entre 500 et 600 entrées par jour. »
Quand la France s’apprête à imposer des restrictions aux personnes non vaccinées, l’Angleterre a, de son côté, presque levé la totalité de ses restrictions, dont le port du masque en intérieur. À Moscou, face à l’amélioration de la situation et la colère de la population, le contrôle des QR codes a été retirée le 19 juillet. Dans le quotidien russe Vedomosti, Mikhaïl Gontcharov, un acteur important de la filière de la restauration, explique les risques de faillites liés au passe : « Nous avons montré, dans les groupes de travail au ministère du Commerce et de l’Industrie et au conseil municipal, les pertes que nous attendions, dans les réunions nous avions expliqué que le secteur ne tiendrait pas sans mesures de soutien. Nous sommes heureux qu’on puisse sauver notre filière de la meilleure façon : pas par des subventions, mais en assurant sa réouverture [normale] car tout le monde doit travailler et non toucher des aides. » Selon lui, après l’annulation des QR codes, il faudra un mois pour retrouver des revenus normaux.
En France, pas de rétropédalage malgré la grogne qui monte et cette nouvelle fracture qui va diviser encore un peu plus notre pays et réveiller les gilets jaunes à moins d’un an des présidentielles. Lundi, le Conseil d’État validait l’extension du passe en réduisant le montant des amendes et indiquant que cette mesure « doit être justifiée par l’intérêt spécifique de la mesure pour limiter la propagation de l’épidémie […] et non par un objectif qui consisterait à inciter les personnes concernées à se faire vacciner ». Les centres commerciaux de plus de 20.000 m2 sont finalement exclus du passe sanitaire au motif que cela pourrait entraver « l’acquisition de biens de première nécessité, notamment alimentaires ». Il précise que chaque mesure ne doit pas être « disproportionnée » par rapport à « la liberté d’aller et venir » et au « droit de mener une vie familiale normale », tout en validant le passe pour les voyages de longue durée en train ou en avion. Les personnes sans passe ne pourront donc pas voyager librement, mais leur inquiétude devrait être rassurée par cette possibilité de consommer comme elle l’entend. C’est le pain mais sans les jeux, la reductio ad ventrem…
Mise à jour le 20 juillet à 19h50 :
L’extension du passe sanitaire dans les centres commerciaux est finalement maintenue par le gouvernement malgré l’avis du Conseil d’État : «Le passe pourra être requis dans les centres commerciaux dès lors que sera garanti l’accès aux biens de première nécessité à l’échelle du territoire», a indiqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal au sortir du Conseil des ministres dans le Figaro.
Iris Bridier, Boulevard Voltaire