Le Royaume-Uni va désormais sanctionner les pays qui refusent de reprendre leurs migrants. “Nous allons mettre fin une fois pour toutes à la libre circulation des ­personnes”

Articles : Juin 2021Mai 2021Avr. 2021Mar.2021Fev.2021Jan.2021

Dans le projet de loi de réforme du système d’asile, le gouvernement britannique aurait le pouvoir de bloquer les visas des visiteurs issus des pays refusant de reprendre leurs clandestins ou délinquants déboutés. 

Le Royaume-Uni se veut dorénavant ferme. Le projet de loi de réforme du système d’asile, publié mardi 6 juillet, compte bien mener à cela. Comme le rapporte le Guardian, mardi, ce texte donnerait plus de pouvoir au ministère de l’Intérieur britannique. Notamment celui de sanctionner les pays qui ne reprennent pas leurs migrants ou les délinquants étrangers déboutés, arrivés – et/ou vivant – illégalement au Royaume-Uni. En effet, la ministre de l’Intérieur Priti Patel, et ses futurs secrétaires de l’Intérieur, pourraient bloquer ou ralentir le traitement des visas des ressortissants des pays qui ne « coopéreraient pas avec le gouvernement britannique », selon le texte de loi. Comme le rapporte le Guardian, la clause du projet de loi, concernant la nationalité et les frontières, pourrait amener la ministre de l’Intérieur à augmenter les frais des demandes de visa.

Ce projet de loi est considéré par Priti Patel comme « la plus grande refonte du système d’asile du Royaume-Uni depuis des décennies »

  • Les demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni ne bénéficieront plus des mêmes droits que ceux qui arrivent dans le pays par des voies légales. Même si leur demande d’asile est acceptée, ils se verront accorder un statut de réfugié temporaire et seront expulsés pour une durée indéterminée.
  • Les demandeurs d’asile pourront être expulsés du Royaume-Uni pendant que leur demande d’asile ou leur appel est en cours de traitement, et pourront être installés dans des centres d’accueil offshore (en Afrique).
  • Pour les personnes considérées comme étant arrivées illégalement, l’accès aux prestations sociales et aux droits de regroupement familial seront limités.
  • La procédure d’appel et la procédure judiciaire seront modifiées afin d’accélérer l’expulsion des personnes dont la demande d’asile est rejetée.
  • Le ministre de l’Intérieur pourra, dans des circonstances exceptionnelles, offrir une protection aux personnes vulnérables en “danger immédiat et en situation de risque dans leur pays d’origine”. On pense que cette mesure sera utilisée pour aider un petit nombre de personnes.
  • Le système sera rendu “beaucoup plus difficile pour les personnes qui se voient accorder le statut de réfugié sur la base d’éléments non fondés” et comprendra des “évaluations rigoureuses de l’âge” pour empêcher les adultes de se faire passer pour des mineurs. Le gouvernement envisage d’utiliser des scanners osseux pour déterminer l’âge des migrants.
  • Des peines de prison à vie seront introduites comme peine maximale pour les passeurs de clandestins.
  • Les criminels étrangers qui violent les ordres d’expulsion et reviennent au Royaume-Uni pourraient être emprisonnés jusqu’à cinq ans au lieu des six mois actuels.

The Guardian / Valeurs


« En tant que ministre de l’intérieur, j’ai une responsabilité particulière à ce moment crucial de notre histoire nationale et alors qu’il s’agit de reprendre le contrôle [le fameux ­slogan des brexiteurs]. Nous allons mettre fin une fois pour toutes à la libre circulation des ­personnes ! » Ce 1er octobre 2019, à la grand-messe annuelle du Parti conservateur britannique, Priti Patel marque une pause. Depuis la tribune, elle savoure les applaudissements face à une audience de militants tories acquis à sa cause. Les adversaires de la très droitière ministre de l’intérieur britannique ne sont pas près d’oublier le sourire carnassier et triomphant qu’elle arborait ce jour-là.

Pièce maîtresse du gouvernement Johnson, Priti Patel, 49 ans, brexiteuse acharnée flirtant régulièrement avec des thèses dignes de l’extrême droite, est la bête noire des nostalgiques de l’Union européenne, de la gauche et des libéraux démocrates britanniques en général. La députée de Witham (dans le sud de l’Angleterre) ne s’est-elle pas prononcée au début de sa carrière politique, dans les années 2010, en faveur de la peine de mort comme « outil de dissuasion » ?

(…) Le Monde

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