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Puisque c’est l’été, replongeons-nous dans les archives de cette année… et, en l’espèce, sur un reportage que Brut avait consacré à Yannick Noah. Quelques mots sur le palmarès impressionnant du personnage : ex-tennisman à succès (comme joueur puis comme capitaine d’équipe), ex-chanteur, longtemps parmi les personnalités préférées des Français, ex-futur exilé volontaire en cas de victoire de la droite en 2007 (avant de se dire qu’« il [valait] mieux rester »), père de cinq enfants pleins de succès avec diverses femmes superbes, homme d’affaires de premier plan, conseiller du régime Biya au Cameroun… une vie de réussite, une vie réussie, même.
Lorsqu'un noir dit vouloir protéger sa terre ancestrale chez lui, en Afrique, il est adulé.
— Ndong Lilas 🇫🇷 (@LilasNdong) July 27, 2022
Lorsqu'un blanc dit vouloir protéger son pays chez lui en France, on dit qu'il est facho.
Vivent les Français fiers de vouloir protéger notre France, la vraie. pic.twitter.com/McHbMo56ty
Yannick Noah, en dépit de prises de position ringardes contre le Front national (jadis, c’était le ticket d’entrée dans le show-biz) et de participations à la Fête de l’Huma, m’a toujours semblé plutôt sympathique. Il a longtemps joué sur les clichés attachés aux Franco-Africains, comme dans sa chanson « Saga Africa », avant de s’attaquer au racisme : c’est de bonne guerre, après tout. Les Français sont passés, vis-à-vis des Africains de France, de la caricature grossière à la prosternation culpabilisée. Yannick Noah a bien fait de surfer là-dessus. Ultime preuve de ses bons côtés : à la mort de son père, il est retourné au Cameroun pour reprendre le village ancestral, dont il est le chef depuis 2017. Continuité, transmission, toujours à sa manière « cool », évidemment.
À écouter Yannick Noah faire, en hobereau camerounais, le tour de son village, de son école, de ses terres, avec une bonhomie naturelle et le souci de l’excellence, une pensée commence à naître. Elle se précise quand l’ancien tennisman prononce ces mots : « Mon destin, c’est de protéger ma terre, la terre de mes ancêtres, de la protéger et d’en faire quelque chose de cool, parce qu’à mon âge, c’est la transmission qui compte. » Cette pensée, c’est tout simplement celle-ci : pourquoi est-ce normal, et même bien vu par Brut, de vouloir protéger sa terre, la terre de ses ancêtres, d’en faire « quelque chose de cool » et de s’attacher à la transmission quand on est un Africain en Afrique ? Pourquoi est-ce soudain fasciste, nauséabond et rétrograde quand on est un Français en France ?
Yannick Noah a pourtant tout dit : notre destin à tous est de protéger la terre de nos ancêtres, de la rendre aussi « cool » que possible et de la transmettre. Je trouve que le mot « cool » est, à dessein ou non, bien choisi par Yannick Noah : une terre ancestrale « cool » est à la fois naturelle et en harmonie, avec cette concorde interne et cette sérénité souriante qu’on ne retrouve guère le long du RER D ou dans les grandes métropoles. La notion de relâchement que l’on associe souvent au « cool » n’est que la résultante d’un territoire en paix, dont les citoyens se rassemblent, d’abord et surtout parce qu’ils se ressemblent.
Deux poids deux mesures, une nouvelle fois. Personne pour s’en émouvoir, bien sûr, puisque le poison mental du gauchisme coule dans nos veines au lieu du sang, comme « l’eau verte du Léthé » dont parlait Baudelaire. Nous avons oublié l’essentiel, à quoi nous renvoie ce reportage de Brut, dont le but était probablement, d’ailleurs, l’inverse de celui-ci…
Arnaud Florac, Boulevard Voltaire
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