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« La Première règle du Fight Club est…il est interdit de parler du Fight Club. La deuxième règle du Fight Club est…il est interdit de parler du Fight Club…». Nous ne sommes néanmoins ni dans le roman de Palahniuk, ni dans le film de David Fincher, mais nous nous sommes intéressés à ce qui s’en rapproche le plus aujourd’hui en matière d’esprit : le King Of The Streets (KOTS).
Le principe ? Un club très privé, très select, fondé en 2013 par un suédois, dans lequel des combattants (essentiellement des hooligans, mais pas que) venus en grande majorité des 4 coins de l’Europe s’affrontent, en un contre un, jusqu’à l’abandon ou au K.O de l’un des combattants. Depuis 2018, la popularité a explosé, notamment grâce à la mise en place de réseaux de communication (et d’un système de pay per view) qui attirent un nombre croissant d’amateurs de bagarre (mais aussi, il faut bien le dire, de voyeurs, dont la plupart seraient bien incapables ne serait-ce que d’avoir le courage de rentrer dans l’arène).
Des dizaines de milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux, des vidéos qui cartonnent sur Youtube, le phénomène prend de l’ampleur et séduit, notamment par son aspect underground, et même illégal, qui oblige les organisateurs à ruser pour trouver des lieux accueillants les combats.
Et c’est d’ailleurs à l’un de ces combats qu’à participer un jeune breton, originaire de Rennes. Maxime, c’est son prénom, a non seulement participé mais remporté son combat. Il a accepté de répondre à quelques questions, en exclusivité. Plongée dans l’arène avec celui que l’on surnomme « Orsu Corsu », un gladiateur du 21ème siècle.
Breizh-info.com : Peux tu te présenter à nos lecteurs ?
Maxime « Orsu Corsu » : Tout d’abord bonjour à tous les lecteurs ainsi que les lectrices qui me liront.
Je m’appelle Maxime, je combats dans différentes fédérations et différentes disciplines sous le pseudonyme « Orsu Corsu » (=Ours Corse), j’ai 22 ans et je vis actuellement dans le Sud de la France.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui t’as amené à devenir supporteur du Stade Rennais, puis…manifestement, à devenir amateur de ces « joutes médiévales » qui ont réellement émergé autour du stade à Rennes au début des années 2000 ?
Maxime « Orsu Corsu » : Pour ma part, ma relation avec les membres du « stade » à Rennes, a été plus ou moins impromptue, nous nous sommes retrouvés dans une situation conflictuelle au même endroit, au même moment, nous avons donc mis en commun nos forces pour en sortir sans dommages. De là une cohésion s’est installée après leur proposition pour les rejoindre. À savoir que je ne fais pas partie de la frange Ultras mais Hooligan du Stade Rennais. Mon goût prononcé pour le combat ainsi que pour la camaraderie m’ont poussé à les rejoindre sans aucune hésitation, de là j’ai pu rejoindre une équipe vaillante et soudée dans les différents affrontements.
Breizh-info.com : Comment es tu passé du hooliganisme, au Kings of the Street ? Peux tu d’ailleurs nous en expliquer le concept, car beaucoup de choses ont été dites, mais il est difficile de savoir ce qu’il s’y passe réellement ? Qu’en est-il de la légalité de ces combats ?
Maxime : Le K.O.T.S (Kings Of The Streets) est une fédération non-officielle qui a émergé en proposant et en accueillant des combats en un contre un, souvent entre hooligans venus de différentes équipes, rivales ou non.
Une notoriété ainsi qu’un grand respect étaient donc promis au vainqueur, mais également au perdant. On m’a parlé de cela, à partir de là, tous mes sens étaient en éveil. Je les ai donc contactés, et de là leur professionnalisme m’a mené jusqu’à leur arène. Leur concept est simple, c’est un combat individuel, ayant lieu dans des endroits très « undergrounds », souvent sur du béton, durant lequel sans aucune protection excepté un protège-dent et une coquille, deux adversaires vont s’affronter dans un combat sans règles, à mains nues, jusqu’à une victoire obtenue par K.O technique, décidé par l’arbitre. C’est aussi simple que cela, la victoire ou la destruction.
Pour le déroulement, vis-à-vis de leurs demandes de discrétion je n’en parlerais pas, pour des raisons très simples; par respect pour leurs clauses de confidentialité, ainsi que pour laisser le rêve et le mystère intacts pour les futurs participants. Bien évidemment ces combats se tiennent en toute illégalité, les spectateurs étant obligés de payer un accès privé pour pouvoir visionner les combats en streaming.
Breizh-info.com : Le fait qu’il n y ait aucune règle n’est-il pas aux antipodes des arts martiaux et des autres sports de combat ? Ne va t’on pas de plus en plus loin dans la société du spectacle, ces combats rappelant ni plus ni moins ceux des gladiateurs, qui étaient, il faut le rappeler, des esclaves livrés à la vindicte populaire qui payait pour les voir se tuer ?
Maxime : En effet, ce type de « freefights » fâchent par moments les adeptes d’arts martiaux, mais j’ai du mal à comprendre pourquoi en revanche. Participer à un combat mêlant toutes les capacités martiales existantes et qui requiert un courage sans limite s’inscrit à mon sens dans l’honneur et le dépassement de soi que prônent les arts martiaux. Un certain respect de son adversaire est également maintenu, ce qui rend la chose moins barbare, humainement parlant.
En effet cette ramification avec les combats de gladiateurs dans l’Antiquité est logique, et bénéfique à mon sens. Cela indique donc aux jeunes hommes que peu importe leur origine, sociale, ethnique ou religieuse, ils se verront offrir l’opportunité de gagner le respect et la gloire dans un combat loyal et violent. Je ne peux donc qu’encourager cela, c’est une base d’égalité mais aussi d’équité.
Breizh-info.com : Comment t’es tu préparé pour ton combat ? Quelle expérience avais tu dans les sports de combat ? Peut-on le voir quelque part ?
Maxime : Ma préparation pour ce combat a été très mouvementée. Mon activité professionnelle ne m’ayant pas permis de pouvoir m’entraîner de façon continue ni de maintenir mon poids, j’ai du faire face à ces difficultés, quitte à m’entraîner à 2h du matin parfois, ou au travail, ou même devoir imaginer mon entraînement à défaut de ne pas pouvoir l’exécuter. Quoi qu’il en soit la préparation fut suffisante, c’est bon pour moi à partir de là.
Mon expérience dans les sports de combat était pour le moins atypique, j’ai tourné entre différentes disciplines depuis mon jeune âge, comme: le judo, le karaté, le kick boxing, la lutte et la boxe anglaise. Je ne partais donc pas à l’inconnu ayant déjà connu la compétition dans ces sports.
Le combat n’a pas été diffusé sur les réseaux sociaux, il n’existe qu’en vidéo que moi et certaines autres personnes possèdent.
Breizh-info.com : Qu’est-ce que tu conseillerais à quelqu’un qui veut s’engager dans cette voie ?
Maxime : Je conseillerais à un prétendant à ce genre de parcours de combattant de se préparer physiquement de manière rigoureuse, mais plus encore de se préparer mentalement à mener une guerre plus animale qu’humaine, qui se soldera par une défaite lourde du perdant. Ce n’est pas fait pour les amateurs de sensations fortes qui ne vivent que par le frisson vécu par procuration.
Breizh-info.com : Par ailleurs, il semblerait que pour ton prochain combat, tu veuilles mener en parallèle une récolte de fonds pour un projet te tenant à coeur, peux tu nous expliquer ?
Maxime : En effet, j’ai décidé depuis peu de reverser une partie des primes de mes combats à une association différente à chaque combat. Des associations qui viennent au secours du patrimoine catholique français, ou des familles de soldats ou soldats du feu tombés dans l’exercice de leur fonction par exemple, ou bien encore les associations finançant les pays subissant la guerre, comme l’Arménie ou l’Ukraine. Cela ne pourra donner que plus de sens à mon parcours, aux yeux des gens mais avant tout à mes yeux
Propos recueillis par YV
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