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« Les juristes avec Zemmour », « Grandes écoles avec Zemmour », « Les professeurs avec Zemmour », « Les chrétiens d’Orient avec Z », « Jeunes femmes, mères et grands-mères avec Z », « Aveyron avec Z », « Bretons avec Z » : combien sont-ils à fleurir sur les réseaux sociaux ? La multiplication inédite de ces comités de soutien à la candidature d’Éric Zemmour, militantisme d’un genre nouveau, est-elle le résultat de simples coups de com’ ou s’agit-il de véritables réseaux de militants structurés ? Pour le savoir, nous en avons interrogé quelques-uns.
Les juristes avec Zemmour
Ceux-là préfèrent garder l’anonymat et se réfugient derrière Henry Flécher, responsable déclaré du comité, avocat honoraire, car, disent-ils, « la pression professionnelle serait insoutenable et l’ordre des avocats impitoyable avec des gens comme nous ». Ils sont avocats, magistrats et juristes et se définissent comme « profondément de droite », de « cette droite hors les murs qui souhaite réintégrer la citadelle » et dénoncent les défaillances de l’institution judiciaire, le laxisme et l’inefficacité des peines pénales (au point « qu’en tant qu’avocats nous conseillons à nos clients qui devraient gagner de transiger »). Leur mouvement s’inscrit dans « cette volonté générale de restauration de l’autorité de l’État ». Ils mettent leurs compétences au service du candidat Zemmour et proposent leurs expertises pour expliquer aux électeurs que certaines propositions sont juridiquement réalisables (passe sanitaire ou priorité nationale aux aides sociales, par exemple). Ils veulent évacuer du droit français le « gouvernement des juges » : Conseil constitutionnel et cours européennes.
Les grandes écoles avec Zemmour
« Libérer la parole et secouer ce terrorisme intellectuel qui gangrène les campus, l’idéologie LGBT et les interdictions de venues de personnalités extérieures » : c’est la motivation profonde de ces étudiants en grandes écoles. Avec un baptême du feu le 10 décembre dernier, puisque Éric Zemmour a été reçu dans les murs de l’ESCP. Pour Antoine, qui préfère utiliser un nom d’emprunt, il ne s’agit pas d’une « petite excitation passagère » : ces étudiants peu ou pas engagés en politique avant ont connu leur révolution culturelle en se « biberonnant aux interventions d’Éric Zemmour dans les émissions d’“On n’est pas couché” puis celles de Christine Kelly ». Ils trouvent son discours économique « plutôt libéral et favorable à l’entreprenariat de leur candidat plutôt rassurant ».
Les professeurs avec Zemmour
Leur tribune publiée dans les colonnes du Figaro, le 15 octobre, les a fait sortir de l’ombre. Elle a, au passage, valu à Martial Bonnet des menaces de mort lorsque sa photo a circulé sur les réseaux sociaux… Pas de quoi décourager ce professeur en zone d’éducation prioritaire dans le Val-de-Marne qui, « lorsqu’il sort de sa salle de classe, a l’impression d’entrer dans une zone de non-droit ». Avec ses collègues signataires, il souhaite en finir avec l’idéologie et l’hypocrisie de cette gauche qui, sous couvert de générosité et d’égalitarisme, abandonne les élèves des milieux les plus défavorisés. Il veut en finir avec le collège unique et les mensonges de l’État sur la baisse du niveau. Martial Bonnet n’a pas peur de dire que, « parmi ses élèves, le tiers est illettré » et explique : « Ne pas établir le bon diagnostic, c’est les condamner à la médiocrité. » La tribune évoque « cet obscurantisme islamique qui interdit à nos élèves de s’assimiler ». Martial Bonnet dénonce la malhonnêteté de Libé qui n’a vu, dans les signataires de la tribune, que des « adhérents du parti de Marine Le Pen ou des enseignants dans le privé catholique » alors que la plupart des membres du comité sont, comme lui, enseignants en zone difficile.
Tous fervents partisans d’Éric Zemmour, ils n’ont pas attendu Villepinte pour s’engager. Curieusement, les points de programme qui les enchantent ont traditionnellement toujours été portés par le RN et le FN avant lui. Pourquoi donc Zemmour et pas Marine ?
Pour Antoine, la réponse est simple : « Marine Le Pen a énormément de mal à s’adresser aux jeunes élites. » Mais pour autant, Éric Zemmour saura-t-il, lui, convaincre les gilets jaunes ? C’est une des grandes inconnues de la campagne. Martial Bonnet, pour sa part, pense que Marine Le Pen ne pourra pas gagner. Mais les raisons de son engagement sont plus profondes. Car Éric Zemmour, c’est une découverte intellectuelle qu’il résume ainsi : « Il m’a transmis un héritage qu’on m’avait volé. »
Preuve qu’au-delà de l’aventure électorale qui, on l’espère, ne sera pas désastreuse pour le camp des patriotes fracturé comme jamais, il s’est réellement passé quelque chose de neuf dans notre société, comme une profonde maturation des esprits désormais mûrs pour le grand réveil.
Sabine de Villeroché, Boulevard Voltaire