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Pendant que les supporters de l’Algérie manifestaient bruyamment à Barbès, à Marseille et ailleurs, avec masques et dans le plus grand respect des gestes barrières, et que vous méditiez les conseils de Castex vous intimant d’éviter les « grands rassemblements », ce samedi soir, l’inquiétude est subitement montée d’un cran : le Premier ministre néerlandais a annoncé un confinement à partir de ce dimanche 19 décembre jusqu’au 14 janvier au moins. Au Royaume-Uni, le maire de Londres a décrété une procédure d’alerte qui implique une réponse coordonnée des services publics. « L’augmentation du nombre de cas du variant Omicron dans notre capitale est immensément préoccupante », a-t-il déclaré.
Et en France ? Avec 3.000 patients en réanimation et 15.000 hospitalisés, nous en sommes encore à affronter la cinquième vague de Delta et à attendre Omicron. La mesure phare annoncée vendredi par Jean Castex, la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal – ce qui revient à une obligation vaccinale « déguisée », comme l’a reconnu sans vergogne Olivier Véran – ne ressemble pas à ces mesures d’urgence prises par nos voisins. Et Éric Zemmour, en déplacement samedi en Alsace, n’avait pas tort de douter de son intérêt sanitaire puisque la quasi-totalité des passes sanitaires sont, de fait, déjà, des passes vaccinaux.
La France serait-elle à l’abri de la flambée Omicron ? On ne voit guère pourquoi. L’exécutif souhaite-t-il « sauver Noël » pour ne pas plomber davantage le moral des Français ? Ne prend-il pas, alors, le risque d’être accusé de ne pas avoir anticipé ? Oui, c’est certainement pour « sauver Noël » et, surtout, le peu de crédit qui lui reste que le gouvernement a renoncé à de nouvelles restrictions pour les fêtes. Olivier Véran l’a lui-même reconnu, ce samedi, dans son interview à Brut : il s’est opposé à de nouvelles « restrictions significatives » pour le Nouvel An, pourtant réclamées par le Conseil scientifique, samedi. Un Conseil scientifique que le gouvernement écoute quand ça l’arrange.
La seule voix française s’inquiétant de cette situation faussement sous contrôle a été, samedi, celle de Valérie Pécresse. Sur TF1, elle a proposé de reculer d’une semaine la rentrée scolaire : « Ce que je demande, c’est de préparer la rentrée, et préparer la rentrée, ça veut sans doute dire repousser d’une semaine la rentrée scolaire, pour protéger les Français. »
On ne peut que s’étonner de la position de l’exécutif français, cette semaine : entre un Président qui, dans une émission préenregistrée, s’est livré à des considérations lunaires et un Premier ministre qui continue à dérouler des conseils de bon sens façon médecin de famille ou des projets de loi toujours plus clivants, aucun n’a répondu à la question qui ne va cesser de se poser crescendo : et si la marée Covid continue à monter dans nos hôpitaux, cette semaine, on fait quoi ? Avec l’activation des plans blancs et l’impossibilité de recourir à des transferts de patients comme lors des précédentes vagues, comme Olivier Véran l’a lui-même reconnu, le gouvernement ne dispose plus de véritables leviers immédiatement opérationnels.
Certes, entre deux revirements, nos gouvernants ont parfois pris la précaution de nous dire que toutes les options étaient sur la table. Mais devoir recourir à des mesures de type confinement, comme aux Pays-Bas, après avoir tout misé sur le passe et la vaccination qui devaient, précisément, nous en dispenser et alors que près de 80 % de la population a joué le jeu bon gré mal gré, ce serait un terrible aveu d’échec.
Frédéric Sirgant, Boulevard Voltaire