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S’il existe une gauche tolérante et intellectuellement honnête, force est de constater qu’une autre se croit détentrice de la vérité et n’accepte pas qu’on puisse penser autrement qu’elle. Il semble bien que Stéphane Troussel, le président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis et l’un des porte-parole d’Anne Hidalgo, en fasse partie. Il vient de prendre l’initiative d’une pétition pour réclamer au groupe propriétaire du parc des expositions de Villepinte de refuser la tenue du meeting d’Éric Zemmour.
Le titre même de cette pétition en dit long sur les méthodes d’une certaine gauche bien-pensante : « Le groupe Viparis doit refuser d’accueillir un polémiste raciste en Seine-Saint-Denis ! » Pour justifier l’interdiction, tout est bon : phrases sorties de leur contexte, caricatures, diffamation. Ces procédés tiennent lieu d’argumentation. « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » : la formule qu’on prête à Saint-Just convient bien à ces apprentis sorciers du totalitarisme. Le pire – s’il y a des degrés dans ce sectarisme –, c’est que ces adeptes de la reductio ad hitlerum se persuadent qu’ils font œuvre de vertu.
Le texte de la pétition, en écriture inclusive comme il se doit, vaut son pesant d’or. La venue du « polémiste de CNews » à Villepinte, le 5 décembre, est un symbole « révoltant » : la Seine-Saint-Denis n’est-elle pas un « département jeune et multiculturel » ? Non content de pratiquer une forme de clientélisme, son auteur exerce une sorte de chantage sur le groupe Viparis qui « a signé, en 2009, une charte de la diversité en entreprise ». Vous l’aurez compris : « On ne peut pas faire du “business” avec des marchands de haine lorsqu’on dit défendre les valeurs de la diversité. »
La conclusion réserve le meilleur : on somme le groupe Viparis de « s’expliquer ». Il doit « refuser d’accueillir le meeting politique d’un polémiste et candidat à la présidentielle multi-condamné pour provocation publique à la haine raciale en Seine-Saint-Denis » ! Voilà comment on ostracise, en faisant pression sur les autres tout en gardant soi-même les mains propres. Le comble de l’hypocrisie ! Apparemment, certains socialistes n’ont rien à envier à l’extrême gauche : ils n’ont pas oublié les leçons de Staline.
Paradoxalement, Éric Zemmour doit se frotter les mains. Ces zélateurs de la pensée unique sont ses attachés de presse. Les attaques qu’il subit sont si grossières, elles témoignent d’une telle mauvaise foi qu’elles lui font une belle publicité. Comme Marine Le Pen et, auparavant, son père, Zemmour passe l’épreuve de la diabolisation : il en ressortira encore plus fort et ses adversaires, incapables de lui opposer des arguments solides, paieront un jour leur acharnement.
Sur RMC, Stéphane Troussel, grand pourfendeur de discriminations sans jamais évoquer leur cause, s’est défendu de vouloir empêcher Éric Zemmour de faire ses meetings : « Je n’ai pas de leçon à recevoir de quelqu’un qui est multi-condamné. Le fossoyeur de la République, c’est lui », a-t-il déclaré. Il ferait bien de relire Le Jeu des possibles, de François Jacob, et de méditer cette phrase : « Rien n’est plus dangereux que la certitude d’avoir raison. » Avec un tel porte-parole, Anne Hidalgo ne risque pas de remonter dans les sondages !
Philippe Kerlouan, Boulevard Voltaire