Boulevard Voltaire
Quand l’heure des comptes sera venue, que l’on mettra à plat tous les manquements, les négligences et les impérities, que l’on jugera ceux qui savaient et n’ont pas dit et ceux qui ont dit sans savoir, dans l’effondrement brutal de cet immense château de cartes gonflé d’importance, d’inconséquence, d’idéologie et de mauvaise foi, il y aura sous les décombres « Le Décodex ».
infaillible outil de « fact-checking », parole d’évangile, dogme de foi, Torquemada triant le bon grain de l’ivraie et vouant aux gémonies, c’est-à-dire à l’invisibilisation Facebook, dont il est le directeur de conscience.
C’est ainsi que le Décodex a apposé la mention « partiellement fausse » sur une publication du professeur Didier Raoult, comme ce dernier, non sans humour, l’a lui-même raconté, Facebook le gratifiant aussitôt de la sympathique mention « fake news » – relayée par le ministère de la Santé lui-même – et restreignant l’accès à la page.
Parce que la poignée de journalistes qui anime le Décodex est omnisciente. Elle voit tout, elle entend tout, elle sait tout et Facebook est son prophète. Elle peut en remontrer aux spécialistes de tous les domaines. L’épidémiologie, par exemple, lui est familière comme sa petite poche et elle a donc décidé, de son propre chef et sans l’ombre d’une hésitation, de censurer Didier Raoult.
Que l’on émette les réserves d’usage sur l’étude du professeur Raoult – ouverte et à petit effectif -, que l’on fasse remarquer que la chloroquine, quoique médicament éprouvé, a des effets secondaires – voire une grande toxicité quand mal administrée -, que l’on tempère la vague de fol espoir soulevée par la révélation de ce possible traitement par peur, en cas de déception, d’un désespoir en proportion, est une chose… mais que l’on traite un professeur de microbiologie, infectiologue et président d’université, maintes fois couronné, et auteur de moult publications reconnues et saluées, comme Monsieur-Diallo-grand-marabout-qui-sait-résoudre-tous-vos-problèmes-amour-chance-travail en est une autre. Que l’on peut appeler grave erreur déontologique.
Sans doute le profil du professeur est-il déroutant voire, pour certains, repoussant. Ce fils de médecin militaire né à Dakar – d’où son intérêt pour l’épidémiologie… et le traitement contre la paludisme qu’est la chloroquine ? – est inclassable : bachelier littéraire devenu médecin, fustigeant en France la sélection du « tout sciences », il a dénigré, dans Le Point, « le populisme » mais est aussi classé, sur sa fiche Wikipédia, « climato-sceptique », ce qui dans le climat, précisément, d’aujourd’hui n’est guère porteur. S’il n’a pas vraiment l’air de François Fillon, il est pourtant conservateur à sa manière, militant pour que les molécules existantes, créées au XXe siècle pour la plupart, soient considérées comme un patrimoine au service de l’humanité, déplorant qu’aujourd’hui de nombreux médicaments efficaces mais ne rapportant rien ne soient plus produits. C’en était d’un cheveu – blanc et filasse – pour la chloroquine…
Sans la phénoménale force de conviction déployée dans sa vidéo devenue virale en dépit des obstacles – et qui a attiré l’attention des conseillers de Donald Trump -, il serait encore au purgatoire, marqué de la pastille rouge du Monde. On peut légitimement se poser la question : combien d’autres précieuses publications sont-elles ainsi mises à l’index par le grand ordre du Décodex ?
Oui, quand tout cela sera fini, mes amis, la pastille rouge sera pour eux, bien visible sur le nez : celle de Bozo le clown. Et tout leur cirque sera fini.