Pour l’auteur de « La révolte des Gaulois », la question d’une « communauté blanche », qui heurte notre surmoi républicain, devient inévitable à l’ère du multiculturalisme.
En 2013, Aymeric Patricot jetait un pavé dans la mare républicaine avec Les Petits Blancs. Cet agrégé de lettres et diplômé d’HEC osait esquisser le portrait d’une « communauté que l’on ne nomme jamais » : les Blancs qui, dans des sociétés occidentales, prennent de plus en plus conscience de leur couleur de peau. L’auteur, longtemps professeur en banlieue et peu suspect de sympathies pour l’extrême-droite, y décrivait avec sensibilité le malaise d’une France d’en bas en rupture avec une élite, elle, parfaitement à l’aise avec la mondialisation.
Depuis, il y a eu l’élection de Trump et le Brexit, des votes que des chercheurs comme le Canadien Eric Kaufmann de l’université Birkbeck ont analysé comme un « whitelash », ou « retour de bâton blanc ». Dans La révolte des Gaulois (Léo Scheer), Aymeric Patricot poursuit son analyse, et s’étonne qu’on n’ait pas assez souligné la dimension culturelle du mouvement des Gilets jaunes, cette révolte des « Gaulois réfractaires » comme les a baptisés Emmanuel Macron. Alors que nous sommes entrés dans une époque obsédée par les identités, la France, où les statistiques ethniques représentent toujours un tabou, se refuse pourtant à considérer cette « communauté blanche » autrement que sous la forme de privilèges. Entretien.