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Inquiétude dans le monde médiatique : Caroline Fourest ne serait-elle pas atteinte par cette « zemmourisation » des esprits qui contamine de plus en plus d’intellectuels de gauche ?
C’est un signe de l’âge qui avance sans doute et de la maturité qui l’accompagne : la zemmourisation des esprits va galopant dans les rangs de la gauche. Il n’est que de voir les têtes d’affiche qui se précipitent pour débattre avec « Éric » pour s’en convaincre. Le plateau de CNews est désormais the place to be. Julien Dray y siège à plein temps, Michel Onfray y a ses habitudes, Raphaël Enthoven s’y encanaille… The place to be, vous dit-on. Qui l’eût cru.
Certes, Caroline Fourest n’a pas encore son rond de serviette sur CNews, mais elle s’en rapproche. Pour l’heure, elle tient une chronique chaque mercredi sur LCI, chez ce bon Pujadas.
C’est qu’elle glisse, notre Caroline, lentement mais sûrement. Où est-elle, celle qui s’était fait une spécialité de pourfendre la droite catholique et de fouiner dans les poubelles fantasmatiques du FN ? L’âge, vous dit-on. Eh oui, la confrontation aux dures réalités de l’existence éloigne la « gauchitude » et développe la « beauffitude », disent les mauvais esprits. Chez Caroline Fourest aussi, parvenue au mitan de la quarantaine, on observe une droitisation qui monte à mesure que s’éloignent les mauvais souvenirs, ceux d’une enfance à l’école privée catholique et une adolescence de jeune lesbienne mal comprise.
On l’a connue militante et virulente, fer de lance de la cause LGBT et figure de proue des « laïcards » d’une « gauche rigide et enflammée », disaient ses (nombreux) détracteurs. Il faut dire que sa détestation des milieux religieux, quels qu’ils soient, l’a conduite à pointer les complicités naïves de ses confrères et consœurs journalistes pour l’islamisme radical, allant même jusqu’à dénoncer « l’islamo-gauchisme » très en vogue dans ces milieux.
Bref, Caroline Fourest glisse dangereusement du côté obscur de la force, et en ce 30 décembre 2020, invitée à s’exprimer sur l’exception vaccinale à la française, elle nous a livré une analyse pour le moins étonnante.
Il est vrai que l’examen des chiffres a de quoi laisser perplexe : « Là où les Allemands en sont à 78.109, les Portugais 16.701, les Danois 13.311, les Italiens 8.361, nous sommes à 138 personnes vaccinées en trois jours et demi. Mais pourquoi la France patine-t-elle autant ? » demande David Pujadas.
Tout d’abord, sans doute, parce que nous avons choisi une démarche inverse à celle de nos voisins : on promène le vaccin pour aller vacciner quand les autres amènent les vaccinables vers le vaccin. L’analyse de Caroline Fourest paraît, ici, la bonne lorsqu’elle dénonce la méthode : « Une fois qu’on a le vaccin, on est clairement handicapé par notre philosophie : ce principe de précaution, cette absence de prise de risque… En choisissant de vacciner les EHPAD, cela a non seulement ralenti les premières vaccinations, en plus, dans les EHPAD, des gens refusent de se faire vacciner. Les deux handicaps se cumulent. » Il aurait été plus intelligent de commencer par le personnel soignant, dit-elle. Reste une question non évoquée : le personnel soignant est-il disposé à se faire vacciner ?
Reste que le plus surprenant, dans le discours de Caroline Fourest, est cette confidence dont on ne saisit guère le sens, sauf à l’imaginer prise d’une bouffée « europouillarde », prémices, qui sait, à un glissement franchouillard : « J’aurai toujours plus confiance dans un vaccin qui a été approuvé par l’Union européenne que dans un vaccin approuvé par l’Angleterre ou les États-Unis. »
Attention, Caroline dérive dangereusement vers le complotisme !
Boulevard Voltaire