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++ WEBTUBE : Dans la série « Continuons à casser ce qui marche encore dans ce pays », un nouvel épisode : le recteur de Paris a annoncé aux lycées Chaptal (VIIIe) et Lamartine (IXe) la fermeture d’une de leurs trois classes préparatoires littéraires, comme le rapporte le Parisien. Ce sont ces fameuses khâgnes et hypokhâgnes qui préparent aux concours de l’École normale supérieure (ENS). Naguère vivier des élites françaises, elles ont depuis longtemps été supplantées par les prépas scientifiques et commerciales. Il n’empêche qu’elles poursuivent contre vents et marées cette mission d’excellence. Et même si, contrairement aux autres prépas, il y a peu d’élus à l’arrivée, tous ceux qui sont passés sur leurs bancs, même sans parvenir à décrocher le prestigieux concours, reconnaissent la formation unique qu’ils y ont reçue, gage de leur réussite ultérieure, notamment aux concours d’enseignement et à l’agrégation...
Bien sûr, cela fait des décennies qu’elles ont été menacées par l’idéologie anti-élitiste de la gauche. Et comme la gauche ne renonce jamais, elle est capable de multiplier les arguments, comme les gens de trop mauvaise foi : pas assez diversitaires, les prépas. Et puis trop chères ! Et oui, un élève en prépa coûte plus cher qu’un étudiant en fac, mais si l’on regarde à l’arrivée, le gain pour la nation s’inverse, vu les taux d’échec massifs à l’université. Car la grande rivale des prépas, le modèle de la gauche, c’est l’université. Et il est donc piquant de voir une députée LFI de Paris défendre ce modèle honni par son camp : « En tant qu’élue, je veux dire que ce qui se passe est vraiment incroyable. C’est une casse de l’enseignement supérieur public littéraire. » Si Danielle Simonnet a fait sa révolution, plus besoin de démontrer les vertus de l’élitisme.
Mais, en bon petit soldat de cette idéologie socialo-libérale, le recteur de Paris a fondé sa décision de fermeture sur cet argument d’anti-élitisme et sur le désintérêt pour la filière littéraire. Faut-il lui rappeler qu’il est train de fermer le vivier qui lui fournira les bons professeurs de demain, alors qu’il doit gérer une pénurie historique d’enseignants, notamment dans les disciplines littéraires ?
Un fait personnel vécu cette semaine vous dira mieux l’importance de préserver ces classes préparatoires, notamment en province et dans ces lycées qui ne sont pas parmi les plus élitistes.
Chargé de cours en Histoire dans une université de province, il se trouve que j’évaluais cette semaine la poignée de L3 issus de la khâgne de cette même ville de province qui n’ont pas eu le concours : tout en ayant dû s’adapter très rapidement au fonctionnement de l’université, ils figurent bien parmi les meilleurs étudiants de la promotion : méthode, culture générale, maîtrise de la langue, capacité à assimiler un programme lourd. Tous les universitaires – eux-mêmes normaliens ou anciens khâgneux au demeurant – vous confieront d’ailleurs à quel point il sont heureux de voir arriver progressivement ces étudiants de prépa à tous les niveaux du cursus.
Les enseignants et les étudiants des lycées visés ont donc lancé une pétition en ligne pour défendre ces petites prépas littéraires. Ils ont raison, et Gabriel Attal, qui sait mieux que personne l’importance d’une formation élitiste, et qui remet sur la table la question des groupes de niveau, serait bien inspiré d’intervenir.
Frédéric Sirgant, Boulevard Voltaire