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Il y a des classements qui font peur. On peut parler du classement PISA, qui mesure chaque année l’abrutissement de notre jeunesse dans les principales matières scolaires, du classement de notre économie, qui devait mettre à genoux l’économie russe. On peut parler du classement de notre pays parmi les plus grandes puissances mondiales. Quand on a envie de déprimer, on a tendance à tout voir en noir. Mais heureusement, il y a aussi des classements qui font rire, et c’est important. Ainsi de celui que vient de sortir le site Planetizen, qui s’est donné pour mission de répertorier les urbanistes les plus influents du monde. Et là, surprise : entrée directement à la quatrième place, on trouve la première femme de la liste, et même la première Française. Vous la connaissez, même si vous ne vous intéressez pas particulièrement à l’urbanisme : c’est Anne Hidalgo !
Qu’a donc fait l’actuel maire de Paris pour mériter un tel honneur ? Le site explique qu’elle s’est énormément investie politiquement pour « dé-prioriser l’automobile en tant que moyen de transport privilégié dans le centre ville, avec de très importantes améliorations de la sécurité de la circulation et de la pollution de l’air, en plus des émissions de gaz à effet de serre ». Bon. Alors. Difficile de commenter ce laius sans tomber rapidement dans l’agressivité, surtout si on a la malchance de passer de temps en temps par Paris (et l’on n’imagine pas ce que cela doit être pour ceux qui y vivent). Il y a évidemment un petit fond de vrai dans cette affaire : c’est sûr que la voiture a été notablement « dé-priorisée » dans le centre de Paris. La cause de cette dépriorisation, en revanche, n’est-elle pas, plutôt que l’hypothétique implication politique ambitieuse de la maire de Paris, l’empilement de travaux dans les rues de la capitale, faisant de la ville jadis lumière une sorte de chantier du tiers-monde à ciel ouvert, où se frayer un passage pour les voitures relève de l’exploit ? Celles qui s’y risquent créent de monstrueux bouchons, qui ne contribuent pas précisément à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. Peut-être que le jury s’est rendu à Paris un jour où la circulation était fluide, allez savoir.
À ce sujet — Le vrai Paris d’Emily n’est pas joli joli
La « sécurité de la circulation », quant à elle, se renforce évidemment à mesure que les voitures sont interdites, ça aussi, c’est sûr. On ne parle pas en revanche de la sécurité de la circulation à pied, laquelle est loin d’être garantie dans tous les coins de Paris. Mais peut-être les critères de Planetizen ne prennent-ils pas en compte la prévalence du trafic de drogue, les vols à la tire, les agressions gratuites ou la mendicité agressive. Bref, y a-t-il autre chose que ce que l’on pourrait tout simplement appeler du foutage de gueule dans cette improbable récompense ? Anne Hidalgo n’a réussi qu’à transformer Paris en poubelle, avec ses pyramides de gravats, ses rats de quinze kilos, ses dealers, ses papiers gras. Ou alors…faudrait-il voir dans le couronnement de la politique hidalguienne une opération de communication destinée à vendre Paris à l’international à l’approche des JO de 2024 ? Ce serait la seule justification rationnelle. Vu de l’étranger, les émeutes et l’affaire des supporters anglais ont laissé des traces dans l’imaginaire de nos potentiels visiteurs. La découverte du cloaque parisien par des Américains qui imaginaient tomber sur un épisode d’Emily in Paris également.
Bravo à Anne Hidalgo. On attend le classement des ministres de l’Intérieur les plus efficaces, des présidents de la République les plus visionnaires…en France, nous avons encore des candidats pour l’absurde !
Arnaud Florac, Boulevard Voltaire
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