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Nous avons eu le bonheur de croiser, à l’occasion d’une réunion, Jean-Frédéric Poisson, président de Via La Voie du Peuple. L’occasion d’un riche échange sur la situation française et internationale.
Nous avons été les premiers à soutenir Eric Zemmour, et nous ne le regrettons pas
Riposte Laïque :Vous êtes le président de VIA | La Voie du Peuple, parti de tradition démocrate-chrétienne. Aux dernières élections présidentielles, vous avez soutenu la candidature d’Eric Zemmour. Quel bilan tirez-vous de cette expérience, et où en sont vos rapports avec Reconquête ?
Jean-Frédéric Poisson :Nous avons effectivement été les premiers à soutenir Eric Zemmour, il y a maintenant quinze mois parce que nous avons considéré qu’il était le plus à même de gagner en portant un projet conservateur. Je ne le regrette pas. Nous avons fait la campagne du début jusqu’à la fin de manière absolument loyale. Eric Zemmour était le seul candidat à placer les enjeux de civilisation comme porte d’entrée du redressement de notre pays : il a raison, et c’est la première raison de notre soutien. Nous avons pu regretter que la prise en compte des situations de fragilité où se trouvent de nombreux Français n’ait pas été suffisamment présente dans la campagne, et qu’une vision sans doute trop centralisatrice de l’Etat ait été portée. Ces deux points ne rejoignent pas, je crois, les attentes des Français. L’actuelle opposition à la réforme des retraites actuelles en est un signe. Malgré ces différences, mais conscient de notre communauté de vue, nous avons signé un accord de partenariat. Sa mise en oeuvre est en cours.
Sanitaire : nous sommes le seul parti à avoir attaqué devant le Conseil d’Etat les décisions du gouvernement
Riposte Laïque : Vous faites également partie des rares hommes politiques qui se sont démarqués de la politique sanitaire menée par le gouvernement français, depuis près de trois ans. Vous avez même pris la parole dans des meetings organisés par Florian Philippot, pour dénoncer les graves atteintes aux libertés subies par les Français. Chaque jour davantage, les faits vous donnent raison. Comment expliquez-vous cette folie qui a traversé la France, mais aussi une grande partie du monde occidental ? Y voyez-vous un plan concerté de ceux que nous appelons les mondialistes ?
Jean-Frédéric Poisson :Dans un premier temps, tout le monde est tombé dans la sidération, les gouvernants comme les peuples. Ensuite, la propagande incessante sur le nombre de décès, sur les masques ou sur la nécessité de se faire vacciner a puissamment influencé les populations, de plus en plus perméables à la « fabrique du consentement » – de la manipulation de masse, en somme. L’action des cabinets de conseils qui conseillaient la plupart des gouvernements occidentaux a sûrement donné une impression de « plan concerté », puisque les recommandations étaient les mêmes, quels que soient les pays qui faisaient appel à leurs services. Les mondialistes avaient-ils prévu cette pandémie avec, en arrière-pensée, l’idée d’imposer un ordre liberticide aux individus apeurés par l’ampleur de cette crise ? Difficile de le savoir.
En revanche, il est probable qu’une fois la pandémie déclarée, ils aient voulu se saisir de cette opportunité pour faire avancer leur agenda. Plan concerté ou opportunisme cynique : quoi qu’il en soit, il était nécessaire de s’opposer à ces mesures mortifères qui n’ont eu comme autre conséquence que de contenir et réduire progressivement nos libertés. Dans ce domaine, il est à craindre que le pire ne soit pas derrière nous. C’est pourquoi nous observerons avec attention toutes les futures mesures qui pourraient avoir comme conséquence de brider encore plus ces libertés qu’il s’agisse de « passes » d’inspiration écologiste ou de mise en place d’un capitalisme de surveillance. Nous sommes le seul parti politique à avoir presque systématiquement attaqué les décisions du Gouvernement devant le Conseil d’Etat quand nos libertés étaient en danger. Nous continuerons.
Je suis opposé au recul de l’âge de la retraite, comme j’étais opposé à la suspension des soignants non-vaccinés
Riposte Laïque : Quel est votre regard sur la réforme des retraites, voulue par Macron, et les mobilisations qui se mettent en place, de la part de la gauche et des syndicats ?
Jean-Frédéric Poisson :Je suis extrêmement opposé au recul de l’âge de la retraite, qui n’est ni nécessaire, ni juste. Il serait plus pertinent d’augmenter le nombre de cotisants en jouant sur deux leviers : pousser vers le plein emploi pour le court et moyen terme en réduisant les impôts des entreprises (et pas les cotisations sociales, qui sont du salaire différé), et relancer la natalité pour le long terme. Quoi que fasse Emmanuel Macron avec sa réforme, la France ne pourra pas faire l’économie d’une véritable politique nataliste si elle veut continuer à maintenir son modèle social dans la durée. Dans ce contexte, je soutiens l’action des différents partis de droite comme de gauche qui s’opposent à cette réforme et j’approuve l’action des syndicats qui contribuent à faire plier le gouvernement sur ce sujet-là. J’aurais, au passage, souhaité les voir aussi actifs sur la suspension du contrat de travail des salariés refusant de se faire vacciner…
Non à la transition démographique, oui à une politique nataliste
Riposte Laïque : Le président de la République a annoncé une politique de « transition démographique », autrement dit imposer de nouvelles populations dans les campagnes françaises. Des résistances voient le jour, à Callac, où le combat a été victorieux, et à Saint-Brévin, notamment. Votre parti est-il partie prenante de ces combats ?
Jean-Frédéric Poisson :VIA | La Voie du Peuple conteste cette politique de « transition démographique ». L’on voudrait nous persuader qu’il n’existe que le levier migratoire pour faire face à l’hiver démographique dans lequel s’enfoncent la France et l’Europe tout entière. Rien n’est moins vrai : la seule bonne manière d’affronter ce problème consiste à favoriser les naissances sur notre propre sol. Or, ce que nous constatons depuis quelques dizaines d’années, c’est un rabotage excessif des aides familiales, une confortation de l’IVG dont le principe même pourrait bientôt être inscrit dans la Constitution, un appauvrissement des classes moyennes et la mise en place d’une société anxiogène qui ne permet pas d’envisager sereinement la naissance d’un enfant pour un couple. Il faut ajouter à cela une propagande massive de la part de certains idéologues qui prônent la dénatalité au nom de l’écologie. Les combats se multiplient et VIA est bien évidement mobilisé sur ces différents sujets.
Je ne défends ni Moscou, ni Kiev, mais les intérêts de la France
Riposte Laïque : Macron paraît, chaque jour davantage, vouloir impliquer la France dans une guerre contre la Russie, derrière l’OTAN et les États-Unis, avec l’Union européenne. Quel est votre regard sur le conflit russo-ukrainien, et que compte faire votre parti, pour lutter contre un conflit de plus en plus dangereux pour l’humanité ?
Jean-Frédéric Poisson : Je ne défends ni les intérêts de Moscou ni ceux de Kiev : je souhaite défendre les seuls intérêts français qui sont les grands oubliés de cette guerre inutile et destructrice ! Cela étant, je déplore l’instrumentalisation actuelle du conflit russo-ukrainien en Europe qui sert les seuls intérêts de Washington et alimente la guerre au lieu de chercher à l’éteindre. Je remarque également que les fameuses sanctions économiques qui devaient mettre « la Russie à genoux » ne sanctionnent que nous-mêmes et aboutissent à des situations ubuesques : ainsi, l’embargo sur le pétrole russe raffiné (diesel, essence, mazout, kérosène…) qui a pris effet dimanche va nous forcer à acheter les produits indiens, eux-mêmes importés… de Russie ! Les perdants de cette opération sont les citoyens français qui paient la différence de leur porte-monnaie. Pour toutes ces raisons, nous continuerons d’inviter nos responsables politiques à rechercher prioritairement la paix.
Nous avons dans cet esprit lancé une pétition accompagnée d’une lettre à destination d’Emmanuel Macron pour contester la livraison de chars Leclerc à l’Ukraine. Car une telle décision ne ferait qu’alimenter l’escalade du conflit et nous mènerait tout droit vers une guerre totale dans laquelle la France et l’Europe auraient tout à perdre. Hier, Volodymyr Zelensky demandait des canons CAESAR, aujourd’hui des chars, demain des avions, et après-demain quoi ?… Où s’arrêteront ses exigences ? Vers quel dénouement cela nous entraîne-t-il ? Je vois bien qu’après avoir été submergés par la propagande de l’OTAN, français sont de plus en plus sceptiques à l’égard du bien-fondé de l’engagement de la France dans ce conflit.
Guerre : La tiédeur de l’opposition tient donc avant tout à un manque de courage politique
Riposte Laïque : Encore aucune grande manifestation de rue, alors qu’il y avait une tradition de mouvement anti-guerre, en France, surtout contre les Américains. Comment expliquez-vous la tiédeur de l’opposition à cette guerre, en France ?
Jean-Frédéric Poisson : Comme je vous l’ai dit précédemment concernant le Covid, l’opinion publique est devenue particulièrement perméable aux opérations d’influences des médias qui manipulent la pensée collective pour préserver les intérêts de la caste dirigeante. C’est un bras de fer qui repose sur un déséquilibre, puisque le nombre de médias poussant vers une solution de paix est particulièrement faible. De plus il y a une sorte d’annihilation du courage sur cette question puisque tout individu souhaitant pousser un tant soit peu vers un règlement pacifique du conflit est immédiatement suspecté d’être un agent du Kremlin. La tiédeur de l’opposition tient donc avant tout à un manque de courage politique qui empêche l’action et laisse le champ libre aux va-t’en guerre de tout poil. La célèbre phrase d’Edmund Burke n’a pas pris une seule ride : « pour que le mal triomphe, seule suffit l’inactivité des hommes de bien ». Mais, comme je le disais plus haut, je vois que cette opposition, toute silencieuse qu’elle soit, est de plus en plus forte.
Riposte Laïque : Souhaitez-vous ajouter quelque chose, Jean-Frédéric ?
Jean-Frédéric Poisson : Nous ne lâcherons rien. Le redressement de la France demande que l’on s’attelle à de nombreux chantiers, et qu’on le fasse au-delà des esprits partisans, et même au-delà des habituelles frontières politiques. La situation d’urgence absolue dans laquelle se trouve la France requiert cette coopération. Les défis peuvent paraître immenses, mais il n’est pas de tâche insurmontable pour un grand peuple comme le nôtre. Aux Hommes de bonne volonté de se retrousser les manches pour initier ce redressement !
Propos recueillis par Pierre Cassen, Riposte Laïque