Qu’est-ce qui choque, chez Zemmour : ses mots ou les réalités qu’ils décrivent ?

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À cinq mois de l’élection présidentielle, on a déjà atteint le niveau de saturation par dépit et lassitude de l’intérêt et de l’attention du citoyen français moyen et honnête pour la chose politique – les vôtres peut-être, les miens assurément – du fait de la médiocrité crasse des débats publics, sur le fond et dans la forme.

Entre une droite des ego arrogante décidément « la plus bête du monde », formule de Guy Mollet, en 1957, reprise en 1987 par Philippe Vasseur dans un essai éponyme car elle n’a tiré aucune leçon de son échec en 2017, et une gauche caviar la plus idéologisée et déconnectée des réalités du monde, qui a depuis longtemps renié ses valeurs sociales profondes dont elle n’a d’ailleurs pas le monopole, se renforce une majorité de façade par addition de courants transgressifs minoritaires, à qui Emmanuel Macron doit son élection et sur laquelle il compte pour renouveler son hold-up électoral par manipulation.

Dans ce contexte, Éric Zemmour est le seul à capter l’intérêt général, tant de ses contemplateurs que de ses contempteurs. L’hystérie du discours politicien relayé par les médias dominants-dominés, pollué par des idéologies en apparence distinctes voire divergentes mais qui se rejoignent dans leur vide conceptuel et éthique et par leur approche autoritariste (progressisme écolo-scientiste, mondialisme multiculturaliste, étatisme liberticide, contre-culture occidentale), a déjà épuisé les trésors de patience du citoyen français lambda en quête de programmes concrets fondés sur des valeurs saines et des idées claires, qui permettent de progresser en améliorant le passé sans le renier ni l’effacer.

Osons dire au passage que, contrairement à un mythe stratégiquement entretenu par une fraction féministe pour justifier sa montée en puissance politique et économique au nom d’une prétendue et illusoire inclination naturelle supérieure à l’intérêt général, la féminisation de la société, des participants à la vie politique et au débat public n’élève visiblement pas le contenu ni la tenue des débats. Après tout, pourquoi faire peser sur la gent féminine une exigence de plus grande vertu ? Par exception, l’égalité des sexes est ici confirmée.

Dans ce chaos politicien, le trublion Éric Zemmour, candidat pas encore officiellement déclaré, impose l’agenda des thématiques vivement discutées, âprement disputées parce qu’elles correspondent aux préoccupations essentielles et quotidiennes du plus grand nombre – l’identité française profonde contestée par un magma de courants culturels et idéologiques exotiques et minoritaires, le mode de vie culturel et la sécurité physique violemment combattus par des ennemis intérieurs et extérieurs de la France, frustrés et hostiles à sa civilisation humaniste, le déclassement volontaire de la France noyée dans un magma technocratique supranational.

Dans ce contexte de fuite en avant mondialo-progressiste, Éric Zemmour représente une menace électorale pour tous les bords politiques alors qu’il ne prétend incarner que les valeurs historiques d’une droite conservatrice favorable au progrès, abandonnées et reniées par des politiciens opportunistes qui privilégient leur carrière personnelle au prix des pires reniements et trahisons. Une fois énoncées les valeurs profondes de la France, préalable à tout projet de renaissance, il lui reste à annoncer un programme global et concret de politique générale dans tous les domaines.

S’il voulait bien éviter les pièges grossiers tendus à ses maladresses légères de communication, aussitôt amplifiées et déformées par des adversaires de mauvaise foi aux aguets, pour se donner définitivement une carrure d’homme d’État sérieux et crédible, Zemmour aurait vraisemblablement une chance de l’emporter. Car les mots durs, voire violents, qu’il emploie pour décrire l’état de la France ne sont que le reflet d’une dure réalité que constatent et vivent les Français. Au-delà des cris d’orfraie hypocrites de vierges effarouchées, qu’est ce qui choque vraiment, les mots ou les réalités qu’ils décrivent ? À chacun de se déterminer et de privilégier le fond ou la forme.

Jean-Michel Lavoizard, Boulevard Voltaire

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