Éric Zemmour et l’empire de la peur : la ficelle est vraiment trop grosse

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Articles : Oct. 2021Sept 2021Aout 2021 – Juil.2021 – Juin 2021Mai 2021

Il y a urgence à « renverser la table ». Or, de quel bois est faite cette table, ce support de l’opinion commune ? Son matériau est la peur ! Depuis les débordements observés lors des manifestations des gilets jaunes, le bénéficiaire du coup d’État médiatico-judiciaire de 2017 veut récupérer la France paisible qui vote au centre parce qu’elle veut sauvegarder sa tranquillité et plutôt au centre droit parce qu’elle pense y protéger davantage ses intérêts. Cela a justifié, aux yeux de beaucoup, une répression disproportionnée en termes de blessés et de condamnés, d’autant plus choquante qu’elle s’inscrivait dans une stratégie de provocation et d’incitation à la violence. Les médias accusaient la présence d’extrémistes de droite parce qu’une bannière picarde fleur-de-lysée avait été perçue mais ne s’étonnaient pas de l’irruption, au cœur des cortèges, de Black Blocs et autres « antifas » dont les saccages et les agressions de policiers faisaient frémir les « bien-pensants ». La peur de la mort, savamment entretenue par un pouvoir de bout en bout dépassé durant la crise du Covid, a fini de doucher les esprits. Lorsqu’un prêtre ou un professeur se fait égorger par un islamiste, on en est encore aux fleurs et aux bougies, quand la révolte devrait gronder contre un État impuissant qui laisse entrer dans le pays les assassins de demain et laisse prospérer en France des zones extraterritoriales où sa loi n’est pas respectée ni sa police tolérée.

Des différentes peurs qui nous assaillent et cherchent à nous tétaniser, le Grand Remplacement, la submersion du peuple français par un autre peuple dont témoignent les statistiques des naissances, la subversion de notre civilisation par une forme de culture régressive constituent le péril le plus imminent et le plus profond, puisqu’il revient à faire craindre la disparition de notre « cher et vieux » pays. Pourtant, cette crainte est voilée au profit des autres, celle de la mort individuelle, même lorsqu’elle demeure rare, sauf à un âge avancé, celle du désastre écologique qui mobilise la planète sans que les Français y puissent grand-chose, si tant est qu’il soit vraisemblable, alors qu’ils sont pour une fois parmi les meilleurs élèves de la classe mondiale, en dépit de ceux qui veulent abandonner le nucléaire au profit de l’illusion du « renouvelable » intermittent. Éric Zemmour est celui qui cible le plus ce danger essentiel, celui qui veut que la France n’ait pas dit son dernier mot. Alors, la manipulation s’est mise à nouveau « en marche ». C’est lui qui, désormais, doit faire peur. Comme, à la manœuvre, une grande partie des médias s’est mise en branle. L’opération est quasi militaire : on bombarde d’abord le terrain, on mine les esprits. On arrête et on condamne à des peines lourdes des « terroristes » d’extrême droite qui caressaient des projets d’attentats sans en avoir commis un seul ni même l’avoir sérieusement préparé. On dissout des groupes identitaires mi-folkloriques, mi-politiques, davantage victimes de la violence d’extrême gauche qu’auteurs d’agressions. Les antifas qui s’attaquent aux policiers et à leur véhicule, faute de pouvoir empêcher une réunion autour de Zemmour à Nantes, ne suscitent pas le même intérêt.

L’offensive peut être lancée. Le discours de parade peut alors jaillir des hérauts de la bien-pensance. Qui nous annonce la guerre civile ? Qui est un extrémiste de droite ? Qui remplace Jean-Marie Le Pen comme menace fatale pour la République ? Qui divise le pays au point de provoquer des désordres sur son passage ? Qui est un « polémiste » radicalisé, et non plus un journaliste talentueux du respectable Figaro et un écrivain à succès passionné d’Histoire ? C’est l’abominable Zemmour dont il faut protéger le pays. Le piège peut paraître, à l’intéressé, comme un atout pour le premier tour de la présidentielle. Mais il risque d’être mortel, car ce n’est pas en quinze jours qu’on efface une caricature gravée en profondeur. L’auteur du Suicide français se fait pédagogue : un « radical » n’est pas un extrémiste mais celui qui va à la racine des choses ou des idées. Zemmour est radicalement français, et en cela, il retrouve le gaullisme, l’idée que l’intérêt supérieur de la nation prime tout en politique…

Christian Vanneste, Boulevard Votaire

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