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C’est une nouvelle course aux armements qui se profile entre les États-Unis et la Chine. Mais elle est loin d’être gagnée par le leader du camp occidental.
On se souvient que Ronald Reagan avait fini par mettre l’URSS à genoux en se lançant dans une fabuleuse “guerre des étoiles”, que les Soviétiques avaient été incapables de poursuivre bien longtemps. En 1989 Reagan sortait grand vainqueur de la guerre froide sans avoir tiré un seul coup de fusil. L’URSS, ruinée, allait se désintégrer.
Mais avec la Chine, la partie s’annonce des plus difficiles.
En 20 ans, Pékin a consenti un effort gigantesque pour augmenter sa puissance militaire dans tous les secteurs…
Mais c’est dans le domaine maritime que l’effort est le plus spectaculaire, la Chine ayant triplé sa marine de guerre en 20 ans.
Elle possède dorénavant 360 bâtiments, soit 60 de plus que l’US Navy, et elle en aura bientôt 400.
Jamais depuis 1945 les États-Unis n’avaient vu leur suprématie navale contestée. L’US Navy est même en passe d’être surclassée.
Certes, en termes de tonnage, la marine américaine dépasse encore celle de la Chine et la capacité opérationnelle de l’US Navy reste très supérieure à celle de la marine chinoise qui n’a pas l’expérience de l’âge. Mais les Chinois apprennent vite.
Trump avait lancé un vaste plan de réarmement naval, confirmé par Biden qui reste particulièrement attentif à la menace chinoise.
La construction navale est devenue la priorité de la Maison-Blanche.
En 2045, l’US Navy devrait aligner entre 382 et 446 navires de combat avec équipages et entre 143 et 242 bâtiments sans équipage. La révolution technologique va modifier l’art de la guerre, qu’elle soit terrestre, aérienne ou navale.
Vus depuis la frileuse Europe, dont les armées sont déclassées et paupérisées, ces chiffres américains sont impressionnants.
Pourtant, pour armer les navires et les moderniser, pour entraîner les équipages, il faudrait 40 milliards de dollars supplémentaires afin d’assurer la mise en œuvre des 300 bâtiments actuels. Le budget marine est de 160 milliards, alors qu’il en faudrait 200.
L’US Navy aligne 11 porte-avions gigantesques, avec une permanence opérationnelle sur toutes les mers du globe. La France, quant à elle, a fait le choix d’un unique porte-avions opérationnel à mi-temps !
En fait, c’est Taïwan qui représente le plus grand risque d’affrontement entre Pékin et Washington et qui cristallise les tensions entre les deux pays.
Après avoir mis Hong-Kong au pas, au mépris le plus total des contestations internationales, Pékin entend bien récupérer l’île rebelle.
D’où les multiples provocations en mer de Chine méridionale pour tester les réactions de Washington. On est bien loin de l’époque où l’écrasante supériorité de l’US Navy calmait les ardeurs chinoises dans la zone. Une agression contre Taïwan devient chaque jour plus crédible.
Attaque d’îlots isolés, blocus naval et aérien ou débarquement massif sur l’île, tous les scénarios sont envisagés.
On évoque un possible affrontement armé dans les cinq ans. Pour l’heure, c’est la dissuasion qui prévaut, en montrant ses muscles des deux côtés.
Mais jusqu’à quand ? Car il serait bien naïf de croire que Pékin renoncera à l’arrimage de Taïwan à la Chine continentale.
Quand Pékin aura assuré sa suprématie navale dans la zone, pas certain que les États-Unis acceptent de payer le prix d’un affrontement très coûteux.
À mon avis, Taïwan, tout comme Hong-Kong, n’échappera pas à la réunification. Les Chinois savent que ce n’est qu’une question de temps.
(source Figaro), Jacques Guillemain (dans R.L.)