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FIGAROVOX/TRIBUNE – S’appuyant sur les chiffres du ministère de l’Intérieur, le délégué général de l’Institut pour la justice Pierre-Marie Sève estime que les campagnes françaises ont vu la délinquance et la violence augmenter fortement dans la quasi-totalité des départements en 2020.
L’arrivée de la délinquance de masse dans les campagnes fait définitivement basculer la France dans une délinquance endémique, c’est à dire durable et incurable avec les méthodes actuelles. Depuis la fin des Trente Glorieuses, la France s’était habituée à un schéma simple: la délinquance semblait s’arrêter aux portes des villes.
(…) Les campagnes françaises, dont les niveaux de criminalité étaient restés beaucoup plus près des taux des années 1960, ont vu leurs niveaux de délinquance augmenter fortement dans la quasi-totalité des départements en 2020. Ce sont les chiffres du ministère de l’Intérieur: +8% de hausse des violences dans l’ensemble des zones gendarmerie, et même +10% des coups et blessures volontaires.
(…) Désormais auto-entretenue à des très hauts niveaux, cette délinquance semble immunisée aux politiques des gouvernements et, sans traitement de choc, la société française est vouée à rester engluée dans cette situation.
Aujourd’hui, on pourrait presque oublier que la France était, jusqu’aux années 1960, un pays paisible et tranquille, tant dans les villes que dans les campagnes: en 1964, le taux de criminalité était de 12 crimes et délits pour mille habitants, un taux près de cinq fois moins important qu’aujourd’hui.
(…) La population française s’est habituée à fermer ses portes à double tour, à rester sur le qui-vive dans les transports en commun, à baisser les yeux face à des personnes agressives. La tension augmente, mais nos nouveaux comportements contournent les affrontements et donc les statistiques.