Déconfinement : la peur panique des élites

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Riposte laïque

Premier ballon d’essai hier, Édouard Philippe s’est essayé à envisager un déconfinement progressif. Or, il est encore bien trop tôt pour en parler, l’épidémie n’est pas terminée, on ne dispose ni de masques ni de tests pour tout le monde et personne ne sait où on va. Il y a tout lieu de penser que le confinement va durer encore longtemps, et qu’ils le savent. D’ailleurs, plusieurs des dispositions qu’ils ont déjà prises laissent penser qu’ils envisagent une date au-delà de septembre. Alors pourquoi ces gens totalement incompétents, incapables de gérer la crise, incapables d’anticiper quoi que ce soit, et qui ont tout fait à l’envers, pourquoi ces gens s’autorisent-ils à communiquer dès à présent sur le déconfinement alors qu’ils naviguent en plein brouillard ?

Toutes les rancœurs sociales, toute les haines décuplées par la crise. Pour le moment, les Français placés en état de sidération par le choc de la pandémie acceptent encore de consentir à se confiner et à subir. Mais au fur et à mesure que les effets dramatiques de la crise vont se faire sentir et que le confinement durera, l’accumulation des frustrations et des douleurs va créer une pression qui va devenir ingérable.

Perspectives d’aggravation au plan sanitaire. Personne ne mesure le développement de la crise sanitaire et on se gardera bien de toute prospective. Toutefois, il y a tout lieu de penser que le développement de l’épidémie n’est pas près de s’arrêter. Ainsi, la réquisition d’un entrepôt frigorifique à Rungis pour servir de morgue ne laisse rien espérer de bon ; pas plus que le déploiement de l’armée dans les villes du Sud pour protéger les plateformes logistiques, les hypermarchés, les centres des villes et les lieux de pouvoir. On le voit, le pouvoir prend des mesures d’exception qui laissent penser qu’il sait que la crise est inscrite dans la durée.

Perspectives économiques. Sur ce point, on peut en revanche anticiper une catastrophe majeure. D’ores et déjà notre économie ne fonctionne plus qu’à 35 % de sa capacité. Des secteurs entiers sont à l’arrêt et des milliers d’entreprises des plus petites aux plus importantes vont faire faillite dans les semaines qui viennent. De l’artisan, de l’auto-entrepreneur à la compagnie aérienne, les dégâts vont être considérables. Suite à la faillite de ces entreprises, des millions de gens vont se retrouver durablement au chômage, avec des revenus considérablement réduits et aucun espoir de retrouver du travail de sitôt. Qui peut espérer que le secteur de l’hôtellerie-restauration va se relever ? On peut être certain qu’après la crise, une majorité de bistrots restera fermée. Pareil pour le commerce de détail non alimentaire qui ne redémarrera pas. Pareil pour tout le secteur du loisir. Signal tout à fait alarmant, Darmanin en est à appeler aux dons pour sauver les entreprises. Cela veut tout simplement dire qu’ils ne savent plus quoi faire et que l’émission monétaire massive sur laquelle ils comptaient ne viendra pas de sitôt. Merkel a bloqué le mécanisme sur lequel Macron comptait pour financer les 300 milliards qu’il avait promis pour sauver notre économie. Pareillement pour les retraites, comment les caisses vont-elles pouvoir servir les pensions, si la collecte des cotisations est à l’arrêt ? Et pour finir la TVA qui ne rentre plus… Qui peut rester serein dans ces conditions ? Les perspectives économiques sont catastrophiques, des millions de gens vont se retrouver du jour au lendemain sans revenus ou avec des revenus tellement amoindris qu’ils ne leur permettront plus de faire le joint ; sans trésorerie d’avance et leurs moyens de paiement bloqués. Comment vont-ils faire quand les frigos et les placards seront vides ?

La Chine à l’arrêt. On nous dit que la Chine repart. Foutaises. La Chine ne risque pas de repartir de sitôt, 3 milliards de ses clients sont confinés sur toute la planète et ils ne sont pas près de se remettre à consommer. La Chine va se trouver durablement privée de débouchés et donc il ne faut pas y compter pour relancer l’économie mondiale.

Réactions en chaîne. Dans ces conditions, il faut comprendre que les entreprises qui ont encore de la trésorerie liquide vont bloquer tous leur paiements. Le phénomène s’annonce mondial. Qui laisserait filer sa trésorerie dans un contexte pareil ? Il en résultera des faillites en cascade ; les fournisseurs et sous-traitants ne pouvant plus se faire payer par leurs donneurs d’ordre. C’est toute l’économie mondiale qui va caler d’un coup par blocage de proche en proche des flux de trésorerie. Quelle autorité politique dispose des leviers pour empêcher un tel désastre ?

Pénuries, rationnement. Dans ces conditions, qui ne voit pas venir des pénuries, en particulier de denrées alimentaires ? Qu’un gigantesque entrepôt frigorifique de Rungis ait été réquisitionné pour servir de morgue veut dire qu’on n’en a plus besoin pour y stocker des produits frais. Autrement dit, que l’approvisionnement de la capitale en produits frais est déjà à l’arrêt ou du moins sur un fil d’eau. Pareillement pour l’autorisation aux marchands de plants de rouvrir. Cela veut dire qu’ils ont enfin compris que les gens vont devoir compter sur les potagers. 

Conséquence sociales de la crise économique. Déjà le mouvement des Gilets jaunes avait révélé le profond malaise et les difficultés de vie de la classe moyenne. Qu’en sera-t-il quand la crise l’aura encore plus durement touchée et que des millions de gens vont se retrouver dans le plus grand dénuement ? Déjà certaines municipalités en France ont commencé à délivrer des bons alimentaires à certaines populations.

Montée des haines et du besoin de vengeance. Oui, tous ces éléments laissent envisager une montée vertigineuse des frustrations, des rancœurs, de la haine et de la soif de vengeance. Les gens ne vont pas éternellement subir sans finir par exploser. Et il y a de fortes chances que toutes les catégories sociales entrent concomitamment en fureur et dans le cycle de la violence ; de tous contre tous d’une part, et surtout de tous contre les élites.

Peur panique des élites. Les plus avisés parmi les élites ont fini par conceptualiser que la sortie de crise ne se ferait probablement pas sans une explosion sociale d’une violence extrême. Quid quand des millions de gens sortiront tous ensemble masqués du déconfinement ?  Le ballon d’essai lancé par Édouard Philippe est un test pour observer les réactions de l’opinion. Quelle conduite adoptera le pouvoir aux abois pour conduire la sortie de crise dans un contexte ultra dégradé ? Déconfinement ou chape de plomb totalitaire ? 

Ce gauchiste n’a pas forcément tort.

Qui sera au rendez-vous de la sortie de crise ? Face au chaos ultraviolent qui n’est pas exclu, l’exécutif restera-t-il en place ? Nos élites disparaîtront-elles, terrifiées par la vague qui s’annonce ? Où seront les forces de gauche ? Où sera notre camp ? 

La sortie de crise offrira une opportunité historique exceptionnelle. Pas sûr que notre camp soit à la hauteur de l’enjeu historique. 

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