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Votre livre, Assimilation : en finir avec ce tabou français, est une vibrante plaidoirie pour l’assimilation républicaine. Comment expliquez-vous le renoncement de la République à ce sujet ?
Ce n’est pas la République qui renonce à l’assimilation depuis des années mais la classe politique dans sa grande majorité, souvent par lâcheté, parfois par clientélisme électoral. Finalement, il s’est produit un inquiétant décalage entre les idéaux républicains et les objectifs « court- termistes » et égocentriques de nos prétendus représentants… tout cela sous fond de culpabilité post-coloniale savamment instrumentalisée par les associations islamo-gauchistes et leurs affidés, dans les facultés et les grandes écoles notamment. Renoncer à l’assimilation, c’est renoncer à un véritable vivre ensemble, pourtant promu à tour de bras par cette gauche bien-pensante depuis des décennies… À croire qu’ils préfèrent le concept à sa réalisation ! Enfin, pour expliquer de manière simple l’enjeu autour de cette notion, on peut résumer les choses de la manière suivante : l’intégration réussie s’appelle l’assimilation, l’intégration ratée s’appelle le communautarisme et entraînera une inévitable scission républicaine.
La République enchaîne les échecs, justement, face au terrorisme, au séparatisme et à la multiplication des violences. On en vient à se demander si la grille de lecture républicaine est suffisante face à cette déferlante. Comme si réduire la France à la République, voire en supplantant la première avec la deuxième, n’était justement pas la base du problème. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas la République qui enchaîne les échecs, comme je viens de le dire plus haut, mais une société malade avec des dirigeants dépassés par le monde qui les entoure ou par la survie de leur ego. Vous n’auriez pas de meilleurs résultats dans une monarchie constitutionnelle comme en Angleterre ou dans un système décentralisé, type USA. Dans les deux organisations que je viens d’évoquer, on ne peut pas dire qu’elles aient brillé en matière de lutte contre le terrorisme, de lutte contre le séparatisme islamique et de réduction de la violence entre les communautés.
La République repose sur des valeurs simples, humanistes et universelles. Elle n’est pas en cause. C’est la société et plus généralement l’homme qui se renferment dans des logiques de violence et de repli communautaire et religieux suite à des dilutions identitaires dont il est pourtant lui-même à l’origine… Internet et les réseaux sociaux, par exemple. Il n’y a malheureusement pas un affaissement des valeurs ou plutôt d’un système politique mais un affaissement de l’humain… et malheureusement, cela est plus grave. C’est la raison pour laquelle il faut réinvestir en urgence le champ de l’école de la République et dès le plus jeune âge, car c’est là que tout se joue, notamment la naissance d’une conscience républicaine et plus simplement de sa morale d’homme.
Comment demander plus d’assimilation face à une immigration chaque jour plus nombreuse ? Peut-on assimiler des centaines de milliers de primo-arrivants sans risquer de perdre notre propre identité ? Pour faire simple, est-ce que l’assimilation n’est pas un modèle dépassé ?
Il n’y en a pas d’autres. En revanche, il faudra évidemment contrôler notre immigration et pratiquer une immigration choisie, sélective, notamment en fonction de nos besoins économiques réels. Quant à la dissolution de notre identité, il n’y a pas à en avoir peur si nous sommes fermes : pas d’open bar, la France à la carte, cela n’existe pas, les derniers arrivés doivent s’adapter sinon ils prendront la porte… Sur ces bases-là, il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur notre identité nationale.
Vous-même, Lydia Guirous, quels sont vos modèles français historiques ou contemporains ? Qu
elle
s figures vous ont fait aimer la France ?
En vrac, comme ça, je dirais Louis XIV, Voltaire, Hugo, Napoléon, Jaurès, Clemenceau, de Gaulle, Jean Moulin, Albert Camus, Malraux… et plus récemment les Badinter. En ouvrant le spectre de mes goûts, je dirais : Zidane, Noah, Audiard, Gabin et Belmondo, Piaf, Brel, Goldman, Julien Clerc, Les Inconnus, Gaspard Proust, la bande de Guillaume Canet… entre autres, car notre pays ne manque pas de richesses mais plus de courage…
Lydia Guirous, Boulevard Voltaire