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« Pour la première fois depuis 25 ans, ce matin, j’ai vu plusieurs élèves musulmans se boucher ostensiblement les oreilles durant une écoute musicale (ici, cours de 5e ; cours d’éducation musicale, je précise). Les élèves concernés m’ont dit que le fait d’écouter de la musique “cassait leur jeûne” », exprime, décontenancé, un professeur sur le réseau social enseignant neoprofs.org. Il demande des conseils à ses collègues. Il poursuit plus bas : « Certains élèves semblent tellement “conditionnés” par les parents que je doute qu’ils se montrent sensibles à des arguments rationnels venant, qui plus est, d’un non-musulman. » Il ne suffit donc pas de rétorquer, s’appuyant sur l’article R. 511-11 du Code de l’éducation, que « l’obligation d’assiduité qui incombe aux élèves implique notamment qu’ils doivent accomplir tous les travaux écrits et oraux qui leur sont demandés par les enseignants et respecter le contenu des programmes ». D’autant plus que le professeur manifeste une certaine crainte d’offenser les jeunes et de recevoir les foudres de leurs parents.
« Le ramadan est un fait social obligatoire »
Des situations de plus en plus fréquentes. Trop souvent, ce ne sont pas les musulmans en cours de ramadan qui cherchent à s’adapter aux lois et coutumes de la France, mais le contraire. En témoigne l’absentéisme massif le jour de l’aïd, et parfois les journées où il fait trop chaud pendant le ramadan. Les professeurs, même quand ils le déplorent, ne cherchent plus à lutter. Jean-François Chemain, professeur d’histoire-géographie, a enseigné plusieurs années en ZEP (zone d’éducation prioritaire), en banlieue lyonnaise. « Le ramadan est un fait social obligatoire, explique-t-il à BV. Les petits musulmans observent les autres, tout le monde en parle, et il s’agit de montrer ostensiblement que l’on ne boit pas et que l’on ne va pas à la cantine. » Pour l’anecdote, il raconte que même lui s’est fait reprendre par une de ses élèves tandis qu’il se rendait à la cantine. Une élève qui n’était même pas musulmane ! « Le fait social est si important que certains non-musulmans font comme les autres pour ne pas être exclus », témoigne-t-il.
Si ces faits s’observent facilement à l’école, d’autres sont marquants en période de ramadan : dans certaines villes de Seine-Saint-Denis, des marchés forains des saveurs s’organisent le soir et les débits de boissons ferment plus tard que d’habitude. Les autorités, souvent par crainte, ferment les yeux sur ces exceptions qui, au fil des années, deviennent des règles.
« Il faut tenir une fermeté politique, tout en gardant une grande bienveillance »
Le maire de Montfermeil (93), Xavier Lemoine, qui fut membre du Parti chrétien-démocrate (PCD) dès sa création, explique à Boulevard Voltaire la difficulté de trouver un positionnement juste et équilibré. « Je fais en sorte que le ramadan reste une démarche privée, pour ne pas contrevenir aux règles de concorde civile. Mais je fais attention à prendre le temps d’expliquer avec fermeté et respect les raisons pour lesquelles il est important que le ramadan ne soit pas le temps d’exceptions dans la loi. » C’est une ligne de crête difficile, mais qui semble porter ses fruits car Xavier Lemoine, qui n’a jamais changé ses positions, est en fonction depuis bientôt vingt ans, avec trois réélections au premier tour ! « Il est fondamental, explique-t-il, de faire la distinction entre les principes et les usages du ramadan, qui peuvent parfois nuire à l’ordre public et les personnes qui vivent ce temps. Il faut tenir une fermeté politique, tout en gardant une grande bienveillance, une attention et un respect aux personnes, car le dialogue n’est possible que dans ces conditions. »
Le ramadan est un indicateur intéressant de la progression de l’islam en France, car il s’agit du fait social le plus respecté des musulmans, comme l’exprimait l’islamologue Yannis Mahil, sur France 2, le 27 avril dernier. Il faut voir l’ampleur du rassemblement de prière pour l’aïd au stade Delaune, en Seine-Saint-Denis, composé par plus de 6.000 personnes, d’après Le Parisien (2/5/2022) ! Une révolution pour la France, qui ne fait que commencer…
Matthieu Chevallier, Boulevard Voltaire
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