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« Maître Chems-eddine Hafiz, recteur à la Grande Mosquée de Paris a le plaisir et l’honneur de vous inviter à l’Iftar (rupture du jeune, ndlr) de soutien à la réélection de Monsieur le Président de la République Emmanuel Macron, ce mardi 19 avril 2022 à 20h15 à la Grande Mosquée de Paris ». C’est, en toutes lettres, le carton d’invitation émis par ledit Maître Hafiz, envoyé à ses invités et soutiens. Le rassemblement a bien eu lieu au restaurant de la Mosquée de Paris.
#Religion – Entre le marteau Macron et l’enclume Le Pen, l’enjeu du «vote musulman» – par @LouSyrah https://t.co/NWIckoRwiA
— Mediapart (@Mediapart) April 19, 2022
“Jusqu’au dernier moment”, le couple Macron devait être présent mais “l’actualité politique” et “les tensions sur l’Ukraine” l’en ont empêché, a déclaré Maître Hafiz. Si Emmanuel Macron ne s’y est pas rendu personnellement, il a été représenté par le patron des députés LREM et ancien Ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Emmanuel Macron s’est néanmoins fendu d’un SMS à Maître Hafiz que ce dernier a lu pendant sa brève allocution de quinze minutes avant le repas.
#iftar au restaurant de la Grande Mosquée de Paris en présence de Christophe Castaner, président du groupe LREM à l’Assemblée Nationale et du recteur Chems-Eddine Hafiz. pic.twitter.com/btpZtbbL66
— Loïc Barrière Radio Orient (@loicpolitique) April 19, 2022
“Je suis avec vous en pensée et de cœur. Bon Iftar à tous, je vous souhaite quiétude et sérénité comme il se doit dans la République et je ferai tout pour qu’il en soit ainsi”, a écrit Emmanuel Macron selon Maitre Hafiz. S’en est suivi une logorrhée du recteur vantant la politique du Président sortant à l’égard des musulmans et binationaux d’Afrique.
Mais une telle réunion est-elle légale ? Paradoxalement, elle pourrait contrevenir à la loi confortant les principes de la République, anciennement Loi contre le Séparatisme. Le candidat Emmanuel Macron avait bien participé à un Iftar dans ces mêmes lieux en 2017, mais la loi a changé entre-temps, grâce à son gouvernement !
En effet, selon la Loi du 24 août 2021, « Il est interdit de tenir des réunions politiques dans des locaux servant habituellement à l’exercice d’un culte ou dans leurs dépendances qui en constituent un accessoire indissociable. Il est également interdit d’y afficher, d’y distribuer ou d’y diffuser de la propagande électorale, que ce soit celle d’un candidat ou d’un élu ». En l’espèce, le restaurant de la Grande Mosquée est-il une dépendance indissociable ? Il est abrité par le même bâtiment et fait partie intégrante du lieu. En outre, Maître Hafiz, dans son invitation, fait uniquement état de la Grande Mosquée et ne mentionne pas ledit restaurant sis à la même adresse.
Selon l’un des députés rapporteurs de la loi interrogé par La Croix, la veille de l’évènement, « le restaurant de la mosquée n’est pas un lieu de culte ni une dépendance. A priori, il n’y a pas d’interdiction à ce genre d’événement, mais il faut voir la forme que prend ce rassemblement. Discours ? Vote interne ? ». On peut répondre à ce rapporteur : oui, ce fut un discours public appelant sans ambiguïté à voter pour Emmanuel Macron en vantant pendant de longues minutes le bilan du président sortant. C’était de toute évidence une réunion « diffusant de la propagande électorale » pour reprendre les termes de la Loi. Pour l’avocat Frédéric Pichon en tout cas, l’affaire ne fait pas un pli. Joint par téléphone, il affirme que « d’après les éléments visibles, il s’agit bel et bien d’une infraction pénale passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende ».
Marc Eynaud, dans BV
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