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Ce mardi 11 avril à 19 heures, Emmanuel Macron s’est entretenu en direct sur BFM TV avec Bruce Toussaint, dans un café de Carvin (Pas-de-Calais). C’est dans cette ville symbolique, circonscription de Marine Le Pen où elle a obtenu 40% des suffrages lors de ce premier tour, que le président sortant fait sa première journée de campagne présidentielle, au lendemain du premier tour. Alors qu’il était très préoccupé par « la situation internationale », il avait fait le service minimum pour le premier tour. Désormais, pour deux semaines, l’agenda du candidat prend le devant sur l’agenda du président.
Cette interview d’un peu plus d’une demi-heure portait sur les thématiques du pouvoir d’achat et du travail. Macron, dont l’étiquette de « président des riches » s’est revérifié quand on analyse la sociologie du premier tour, a voulu jouer cartes sur table pour parler à l’électorat populaire, voire en situation précaire, qui vote majoritairement pour le Rassemblement national. « Ma volonté, c’est d’aller convaincre », explique-t-il dès le début. Mais dès la quatrième minute, il s’envole dans des considérations technocratiques sur la baisse du chômage, où il déroule les mesures qu’il a prises et qu’il souhaite encore prendre pendant un deuxième quinquennat, avant de lâcher : « Tout ça pour dire qu’il n’y a pas de fatalité ».
S’en suit un long épisode de presque quinze minutes sur le départ à la retraite à 65 ans. Emmanuel Macron explique la raison d’être de sa réforme, puis dès que Bruce Toussaint lui pose une question, il noie le poisson dans l’eau assurant qu’il « n’exclut pas un référendum », mais, en même temps il développe un plan tellement précis qu’on se demande s’il est réellement susceptible de le modifier…
Quand le journaliste de BFM TV veut passer à la suite, le candidat continue de développer les thématiques qu’il veut : « Je finis sur le pouvoir d’achat parce que c’est très important », et un peu plus loin : « Je veux parler des travailleurs », à quoi le Bruce Toussaint s’incline par un « je vous en prie » courtois. C’est le candidat qui gère le chrono, comme le président les horloges…
Des phrases politiciennes
L’entretien est pétri de phrase politiciennes, qui prêtent à sourire. Au début, le président sortant se jette quelques fleurs : « Le projet que je défends a été placé en tête (…), ce qui n’est pas évident pour un président sortant ». Il relève aussi le fait qu’il a progressé en terme de nombre de suffrages par rapport à 2017. « Marine Le Pen aussi » rappelle Bruce Toussaint. « Oui mais c’est facile quand on promet tout et son contraire », réplique le candidat… Ce qui ne manque pas d’air pour le président de l’éternel « en même temps », qui assure par ailleurs sans broncher : « C’est ma marque de fabrique : j’ai toujours dit la vérité ». S’il le dit…
La contradiction s’est fait attendre, encore une fois. Quand le journaliste rappelle les propos du président (« Là, les non vaccinés, j’ai très envie de les emmerder »), ce dernier explique, l’air agacé que la vidéo était sortie du contexte… Mais il n’y a pas eu de vidéo : l’interview était un entretien écrit au Parisien… Le journaliste ne l’a pas fait remarquer et est rapidement passé à une autre question.
Silence radio concernant l’affaire des cabinets de conseil… On peut imaginer ce qu’aurait été un entretien semblable avec Éric Zemmour ou Marine Le Pen : pas sûr qu’ils auraient pu assurer la gestion du temps lui-même, et que des questions aussi complaisantes leur auraient été posées.
Matthieu Chevallier dans BV
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