Noémie Halioua : “À Sarcelles comme ailleurs, les personnes issues de cultures diverses ne veulent pas vivre ensemble. C’est la communauté la plus importante numériquement qui dicte ses codes aux autres”

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Articles  :  Mar. 2022Fev. 2022 – Jan. 2022 –   Dec. 2021   – Facebook : https://www.facebook.com/ORTF-News-107572991571884

Dans Les uns contre les autres (Cerf), la journaliste Noémie Halioua, originaire de Sarcelles, raconte les transformations de la ville du Val-d’Oise depuis trois décennies, sur fond de clientélisme électoral et de communautarisme.

Noémie HALIOUA. – (…) Le «vivre-ensemble», à Sarcelles comme ailleurs, est un mythe. D’instinct, les personnes issues de cultures diverses ne veulent pas vivre ensemble, elles se regroupent par affinités. (…)

Cette dégradation est progressive et multifactorielle. La ghettoïsation sociale et ethnique, le regroupement familial, la loi Dalo ont eu leur rôle à jouer. Et puis le 11 septembre, l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien, la recrudescence d’attaques contre les chrétiens en Orient, la progression d’un islam revendicatif. Au fond, les points de bascule à Sarcelles sont les mêmes que ceux de la France, car Sarcelles et une métaphore de la France d’aujourd’hui sur toutes les questions de communautarisme et d’entrisme. (…)

Ces nouvelles communautés se regroupent entre elles facilement, accueillent les nouveaux arrivant et oublient le reste du monde. Des frontières se dressent entre les communautés. (…)

L’entrisme aussi a des conséquences très concrètes sur la façon dont sont gérés les conflits : je discutais récemment avec un policier de Sarcelles, qui m’expliquait que les communautés réglaient leurs comptes comme dans leurs pays d’origine, parfois directement en se plantant un couteau dans le thorax. Sans parler des crimes d’honneur qui se règlent entre clans, des mariages de jeunes adolescentes à peine pubères ou des cas de viols mis sous le tapis pour ne pas «salir» les communautés… (…)

À Sarcelles, tout est parfaitement structuré de sorte que les revendications de chaque communauté aient voix au chapitre : politiques et religieux sont main dans la main dans une somme d’intérêts communs. En fonction de son poids électoral, chacun réclame sa part du gâteau et le politique la lui apporte sur un plateau d’argent, en échange d’une réserve de voix. Qu’il s’agisse de budgets aux associations «culturelles», de prêts de salles municipales pour des festivités etc. Vous vous retrouvez avec des noms de ronds-points qui se réfèrent à des événements historiques des quatre coins du monde dont vous n’aviez même pas idée de l’existence. Autant vous dire que le jour où des islamistes chercheront une assise locale, Sarcelles sera une cible idéale, tout y est déjà prêt.

(…) En 2014, une manifestation propalestinienne s’est transformée en émeute antijuifs et ce traumatisme a conduit des familles à faire leurs valises du jour au lendemain. Avec le temps, la communauté juive s’est vidée. (…)

C’est une illustration à échelle locale de l’éclatement de la nation en une ribambelle de communautés revendicatives, exigeantes, qui vont tout droit vers l’affrontement. Car ce système communautaire finit par promouvoir la loi du plus fort : c’est la communauté la plus importante numériquement, la plus puissante, qui dicte ses codes aux autres. (…)

Le Figaro

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